jeudi 15 octobre 2020

Humanité Une histoire optimiste ★★★★☆ de Rutger Bregman

« L'être humain deviendra meilleur lorsque vous lui aurez montré qui il est. »
ANTON TCHEKHOV (1860-1904)

« Le mal est plus puissant, mais le bien est plus répandu. Le bien est contagieux. »

Beaucoup beaucoup de bon sens dans cet essai proposé par Rutger Bregman. J'avais entendu tellement de bien d'"Utopies réalistes", son précédent livre, que j'ai accepté sans hésiter la proposition de Babelio et des éditions Seuil de recevoir ce livre. Un grand merci à vous.
Et à Rutger Bregman, bien entendu, car cette lecture fut un très bon moment de lecture.
Ça fait du bien de lire sur l'évolution de l'être humain, de découvrir le résultat de recherches, d'études, d'expériences qui démontrent que l'humain n'est pas si mauvais que ça, de revenir au temps des chasseurs-cueilleurs, de prendre du recul sur le regard que l'on pose sur autrui, de l'analyser et de se dire que l'idée que l'on se fait de la mauvaiseté de l'homme est peut-être préconçue, de se faire conter des histoires de solidarité, des anecdotes sur des hommes bons, de penser positif, de penser OPTIMISTE. Oui ça fait du bien !
Cette lecture est arrivée à point nommé. 
Ce livre est très riche, dense, très fouillé. Il va m'accompagner un moment, c'est certain, de même que les dix préceptes énoncés dans le dernier chapitre. Faire du bien naturellement, sans que la compétition rentre en jeu tout le temps, avoir confiance en son prochain, opter pour un scénario du gagnant-gagnant, ne pas laisser la haine et la rancune nous ronger ... ce sont plutôt de bonnes idées, non  ?
« Ne fais pas aux autres ce que tu voudrais qu'ils te fassent ; leurs goûts peuvent être différents. » La règle platine. Ne pas présumer de ce que les autres ont besoin, c'est aussi une règle intéressante.

Et pourquoi ne pas se dire que « [...] la naïveté d'aujourd'hui peut être la lucidité de demain. » ?
Tout comme les outils que proposent la sophrologie, les idées de Rutger Bregman demandent à mon avis de l'entrainement avant de se les approprier. Mais ça en vaut la peine.

« La plupart des gens sont bons. », j'ai envie d'y croire. C'est sûr que quand on vient de lire Et toujours les forêts de Sandrine Collette, on a moyennement confiance en l'être humain ;-)
Mais bon, je suis de nature déjà plutôt optimiste, et même si je ne suis pas tout à fait (encore) à 100% d'accord avec l'auteur, j'avoue que j'ai envie d'y réfléchir ! Et continuer à rester le plus possible éloigner des journaux télévisés, ça oui ! 

Un livre à chérir, à lire/relire, à conseiller, à offrir, bref un livre à mettre entre toutes les mains !


« L’idée selon laquelle les gens seraient naturellement égoïstes, agressifs et portés à la panique est un mythe tenace. »

« L’image dépeinte par les médias est invariablement l’inverse de ce qui se produit réellement après une catastrophe. »

« Les êtres humains sont des machines à apprendre hypersociables. Nous sommes nés pour apprendre, pour nouer des liens et pour jouer. »

« Là où les parents d’aujourd’hui apprennent à leur progéniture à se méfier des étrangers, les enfants de la préhistoire étaient au contraire biberonnés à la confiance. »

« La meilleure nouvelle, enfin, est que nous vivons à l’époque la plus pacifique que le monde ait jamais connue. »

« Trop de militants écologistes sous-estiment la résilience de l’être humain. Et je crains que leur cynisme ne fonctionne comme une prophétie auto-réalisatrice, un nocebo qui nous décourage, et qui ne fasse qu’accélérer le réchauffement de la planète. Le mouvement pour le climat a lui aussi besoin d’un nouveau réalisme. »

« Si, en revanche, on avance que l’être humain est fondamentalement bon, on doit réfléchir plus longuement pour expliquer l’existence du mal. Et on est forcé à agir, car alors la résistance et l’engagement prennent tout leur sens. »

« Ainsi des criminels de guerre comme Adolf Hitler et Joseph Goebbels étaient de parfaits exemples de personnalités narcissiques paranoïaques et avides de pouvoir. Les dirigeants d’Al-Qaïda et de Daech sont eux aussi manipulateurs et égocentriques. Eux non plus ne ressentent guère de compassion et ne doutent presque jamais. »

« La question n'est donc pas seulement : pourquoi parquons-nous les chimpanzés dans des zoos, et non l'inverse ? La question est aussi : qu'avons-nous fait de nos frères et soeurs, y compris la tribu des Têtes-Plates ? Pourquoi ont-ils et elles disparu ? »

« [...] Hannah Arendt était l'une des rares philosophes à penser que l'être humain est foncièrement bon? Elle affirmait que notre besoin d'amour et d'amitié est plus humain que notre désir de haine et de violence. Et si les êtres humains choisissent le mal, poursuivait-elle, ils ressentent tout de même le besoin de s'abriter derrière des mensonges et des clichés suggérant que le mal est en fin de compte une bonne chose. 
Eichmann en est l'exemple parfait. Il s'était convaincu qu'il avait réalisé quelque chose de grandiose, d'historique, pour lequel il serait admiré pendant des siècles. Cela ne faisait pas de lui ni un monstre ni un robot. Cela faisait de lui un « suiviste ». Et en effet, c'est exactement la conclusion que tireraient les psychologues, des décennies plus tard, des expériences de Milgram : ces expériences ne mesuraient pas l'obéissance mais le conformisme.
Il est stupéfiant de constater combien Hannah Arendt était en avance sur son temps lorsqu'elle formulait le constat. »

« L'être humain se laisse séduire par le mal qui prend le visage du mal. » Hannah Arendt.

« Si nous "croyons" que la plupart ses gens sont mauvais, c'est ainsi que nous allons nous traiter mutuellement. Du coup, nous allons flatter chez chacun et chacune, les plus vils instincts. »

« Tempérez votre empathie, entraînez plutôt votre compassion. [...] La compassion donne de l'énergie. »

« Faire le pari du bien est souvent un acte rationnel autant qu'un acte émotionnel. 
Comprendre quelqu'un ne veut pas dire qu'on l'approuve. On peut très bien comprendre un fasciste, un terroriste ou un amateur de Love Actually sans pour autant cautionner le fascisme, le terrorisme ou le mauvais goût. Comprendre quelqu'un sur le plan rationnel est une compétence est une compétence. C'est un muscle que l'on peut entraîner. »  

Quatrième de couverture

« L'ouvrage de Rutger Bregman m'a fait voir 
l'humanité sous un nouveau jour » 

Yuval Noah Harari, auteur de Sapiens.
  
Ce livre expose une idée radicale. 
C'est une idée qui angoisse les puissants depuis des siècles. 
Une idée que les religions et les idéologies ont combattue. 
Une idée dont les médias parlent rarement et que l'histoire semble sans cesse réfuter. 
En même temps, c'est une idée qui trouve ses fondements dans quasiment tous les domaines de la science. Une idée démontrée par l'évolution et confirmée par la vie quotidienne. 
Une idée si intimement liée à la nature humaine qu'on n'y fait souvent même plus attention. 
Si nous avions le courage de la prendre au sérieux, cela nous sauterait aux yeux : cette idée peut déclencher une révolution. 
Elle peut mettre la société sens dessus dessous. Si elle s'inscrit véritablement dans notre cerveau, elle peut même devenir un remède qui change la vie, qui fait qu'on ne regardera plus jamais le monde de la même façon. 
L'idée en question ? 
La plupart des gens sont bons. 
Captivant et inspirant, formidable succès partout dans le monde, Humanité ouvre avec humour, sérieux et pédagogie de nouveaux horizons. Et si nous étions plutôt bons ? Et si un livre pouvait changer le monde ?

Historien, journaliste pour le magazine en ligne De Correspondent, Rutger Bregman a publié quatre livres sur l'histoire, la philosophie et l'économie. Formidable succès aux Pays-Bas, Utopies réalistes a été traduit dans de nombreux pays à travers le monde.

Éditions Seuil, septembre 2020
424 pages
Traduit du néerlandais par Caroline Sordia et Pieter Boeykens

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