vendredi 3 mai 2019

Pris au piège ★★★★☆ de Yves Ravey

Très minimaliste, il ne se passe pas grand chose dans ce court roman. Peu de personnages, peu de développements, pas de rebondissements, rien de très alléchant au premier abord. 
Et pourtant, Yves Ravey, que je découvre avec ce livre, crée une atmosphère lourde et tendue, oppressante. L'air de rien, il s'en cachent des petits parasites dans ce quartier résidentiel, et ce ne sont pas les petites bêtes pour lesquelles se sont déplacés de bien malveillants et cupides personnages.
C'est à travers les yeux et les mots de Lindbergh Carossa, jeune garçon, fils d'une des familles de la résidence, que nous allons observer,  imaginer le quotidien de ce quartier. Lindbergh se retrouvera bien malgré lui coincer dans le grenier des voisins Domenico et sera témoin de scènes et de dialogues qu'il n'aurait jamais dû ni voir ni entendre. Le monde des adultes n'est pas toujours très beau à voir.
C'est une histoire bien menée, triste mais écrite avec humour et ironie. Il faut lire entre les lignes pour en apprécier toute sa force.

« Monsieur Domenico surgissait dans la cuisine sans prévenir. C'était sa technique. Il marchait sur la pointe des pieds, comme ça elle ne l'entendait pas arriver. Il disait alors qu'il lisait dans ses pensées, même les plus inavouables.
Elle disait aussi, c'est une histoire qui se passe dans un village, la femme d'un notaire en est le personnage principal. Mais moi, pendant qu'elle parlait, j'apercevais l'ombre de Monsieur Domenico dans le couloir. 
On reviendra, on trouvera autre chose, ne vous en faites pas, il y a toujours une maladie qui traîne, un parasite...»

Quatrième de couverture

Si personne n'est convaincu par les deux hommes qui débarquent rue Jouffroy d'Abbans afin de régler ce fléau des parasites qui ont envahi les charpentes des maisons, en revanche, tous se laissent prendre au piège de leur manie : madame Domenico et son désir de plaire, monsieur Domenico et sa jalousie, monsieur Carossa et la coupe de son bois ; quant au petit garçon, lui, il va devenir leur otage. 

Les Éditions de minuit, janvier 2005
108 pages