dimanche 15 août 2021

Âme Stram Gram ★★★★★ de Christiane Legris-Desportes

🎶 Am stram gram pic et pic et colégram 🎶

L'Âme Stram Gram de Christiane Legris-Desportes pique en plein coeur, bouleverse, émeut, donne à  réfléchir. 
Un premier roman d'une grande maîtrise, qui m'a complètement embarquée. 
Je l'ai ouvert en n'ayant qu'une vague idée du sujet, et j'en ressors éblouie par l'intelligence et l'originalité de la narration. Bluffée ; je suis allée de surprise en surprise pendant la lecture de ce premier roman. Alors ici je vais me retenir d'en dire beaucoup, d'en dire trop. Parce que ces surprises sont une bénédiction pour nous lecteurs !

Il est un roman de l'intime où les nœuds de l'âme tiraillent, malmènent certains protagonistes, dont François, le personnage central de ce roman. La haine, comme un carcan sur son âme, a eu raison de sa clairvoyance, elle a distillé son venin et fait bien des ravages. 
Si vous ouvrez le cadenas de la couverture, vous verrez qu'il y est aussi question de ces  « histoires dont on ne parle pas dans les familles, ces secrets, universels comme la nature humaine », d'illusion et d'interprétation, de culpabilité, de confiance en soi, de résilience, d'Amour. 

En refermant ce livre, j'ai envie de relire Hemingway, de lire/relire René Char et de chercher son poème où il dit qu'on ne taille pas dans sa vie sans se couper, de crier tout mon amour à mes proches qu'ils foulent encore le plancher des vaches ou qu'ils soient dans mon coeur, de sortir de certains engrenages ... Quand je vous disais qu'il pique en plein coeur ce livre !

Un grand merci à vous, chère auteure, à vous, chères éditions d'Avallon et à vous, chères thebooktrotteuses d'Instagram. Quelles belles lecture et aventure !

« Tu ne les sais certainement pas, chère soeur, mais c'est l'écriture qui m'a permis de m'en sortir. Un pouvoir thérapeutique qui t'est totalement étranger, toi qui as choisi celui de la bouteille ! Tu m'excuseras de ne pas te penser sobre, mais je doute que ton alcoolisme se soit amélioré au fil des ans. Et que l'on ne vienne pas me dire que boire ne relève pas d'un choix : nous sommes responsables du moyen pour exprimer nos difficultés, nos maux.  
A chacun son vocabulaire, c'est tout ! »

« [...] j'ai découvert l'univers de la poésie. Je me suis rendu compte que certains écrivains savent accomplir ce miracle : mettre des mots là où d'autres comme moi n'ont que des sentiments. Ils transforment en strophes une  intériorité, une intimité que l'on pensait à la fois unique et indicible. »

« Tant que les histoires ne sont pas écrites, on peut fuir leur véracité ou le puits sans fond des interprétations auxquelles elles se prêtent ; tant que les choses ne sont pas dites, elles n'existent pas vraiment : c'est ce que je croyais en vous écrivant la première fois. Je sais maintenant qu'il n'en est rien. »

« Voyez-vous, docteur, quand je pense à l'homme que je suis vraiment, je préférerais être mort. Vous vous trompez quand vous dites que je m'enferme dans une culpabilité qui, une nouvelle fois, vient déformer mes perceptions.
Je suis coupable, coupable de ne pas avoir su voir ce qui était, et d'avoir vu ce qui n'était pas. »

« L'écriture est une arme terrible dont je commence à entrapercevoir le pouvoir. L'écriture nous piège parce que, au-delà de l'apparente maîtrise qu'elle convoque [...], elle favorise le laisser-aller de la pensée, et par là même, l'introspection. »

« Pour lisser ce passé antérieur à leur mort, j'ai préféré faire de moi une femme qui savait et qui choisissait de se taire face à deux êtres anormaux et dégoûtants, plutôt que de me découvrir en mère qui, si investie dans son travail, n'avait pas su voir et avait laissé sa fille devenir une victime. Oui, certains jours, de plus en plus fréquents, de plus en plus douloureux, je me dis que j'ai fait d'un savoir rétrospectif l'instrument de mn acquittement moral et que j'ai puisé dans mon dégoût de femme avisée, respectable, la force d'un semblant de dignité pour continuer à vivre avec la mort et [ses] souffrances sur la conscience. »

« C'est aussi un clin d’œil, une façon de ne jamais oublier que la vie est un continuum, que toute expérience, même négative, peut permettre l'ancrage d'une autre, positive. »

« J'ai pensé que tous les hommes qui marchent aujourd'hui sans s'interroger sur cette capacité, étaient eux aussi inévitablement tombés, un jour ou l'autre.
Que beaucoup d'apprentissages se réalisent dans une forme de douleur, que celle-ci est inhérente à toute évolution, passage d'un état à un autre. »

« [...] acceptant de remettre en cause son propre fonctionnement, on peut sortir d'un engrenage.
Reste à savoir jusqu'à quel point. »

Quatrième de couverture 

Les éditions d'Avallon, mars 2021
139 pages
Sélectionné au Salon du livre et du Premier Roman de Draveil  

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