jeudi 30 mars 2017

Quand le souffle rejoint le ciel ★★★★☆ de Paul Kalanithi


Éditions JCLattès, février 2017
248 pages
Traduit de l’anglais par Cécile Fruteau

Quatrième de couverture


Un médecin face à la vie et à sa mort

À trente-six ans et juste à l’aube d’une brillante carrière de neurochirurgien, Paul Kalanithi découvre qu’il souffre d’un cancer du poumon en phase terminale. En un instant, l’avenir qu’ils ont imaginé avec sa femme, disparaît. Un jour, il est ce médecin qui s’occupe des mourants, le lendemain, ce malade qui lutte pour survivre. Quand le souffle rejoint le ciel est le récit de ses multiples métamorphoses. Celle du jeune étudiant, naïf et obsédé par la question existentielle de ce qui donne du sens à la vie, en ce neurochirurgien, gardien s’il en est de l’identité humaine. Puis celle, du médecin chevronné en ce patient et jeune papa qui doit faire face à sa propre mortalité.
Qu’est qui pousse à vivre quand la mort est si proche ? Qu’est-ce que cela signifie d’avoir un enfant dans ces conditions ? Voici quelques unes des questions auxquelles l’auteur répond dans ce témoignage profondément émouvant et pudiquement détaillé.
Paul Kalanithi meurt en mars 2015 alors que l’écriture de ce livre n’est pas achevée. Pourtant, ses mots lui survivent. Réflexion inoubliable et vibrante sur le défi d’affronter sa propre mort ainsi que sur la relation médecin-patient, Quand le souffle rejoint le ciel est l’œuvre d’un écrivain brillant qui dut faire face à ces deux enjeux avec une totale sincérité. Un témoignage qui a bouleversé des milliers de lecteurs dans le monde.

Mon avis ★★★★☆

«Après avoir terminé l'ouvrage que vous êtes sur le point de lire, je me sentis insignifiant : l'honnêteté et la vérité de ces pages m'avaient coupé le souffle.
Préparez-vous. Asseyez-vous. Découvrez la voix du courage. Admirez la force qu'il faut pour se dévoiler ainsi. Vous verrez à quel point, grâce aux mots, il est possible de rester vivant et d'influencer la vie des autres même après la mort. Dans un monde de communication différée où nous avons si souvent le nez plongé sur nos écrans, le regard rivé sur ces objets rectangulaires qui vibrent dans nos mains, l'attention dévorée par l'éphémère, arrêtez-vous et plongez-vous dans le dialogue avec ce jeune collègue parti trop tôt mais désormais éternel dans nos mémoires ! Écoutez-le. Dans les silences entre ses mots, écoutez ce que vous avez à lui répondre. C'est là que se cache son message. Je l'ai saisi. [...] C'est un cadeau.»

Préface de Abraham Verghese
Quel témoignage, très émouvant...un sentiment troublant, d'admiration intense ... et un message qui me vient en refermant ce livre poignant : Carpe Diem...On ne maîtrise pas les tournants que la vie nous réserve. Je suis très émue par cette mise à nue, si sincère, si belle, si poétique.
Paul Kalanithi écrivait remarquablement bien; ses analyses, réflexions sur la relation praticien-patient, sur la quête d'identité, sur sa quête d'étudiant obsédé par la question du sens, de la signification de la vie humaine sont extrêmement bien formulées. 
Il évoque son expérience de praticien, ambassadeur de la mort comme il se nomme, revient sur son adolescence en Arizona, sur ses années d'études, ses premiers cours de dissection humaine, son internat, nous parle du difficile et éprouvant métier de neurologue, de ses responsabilités, des choix auxquels sont confrontés les praticiens...Il était doué, très doué, reconnu par ses pères, et son empathie envers ses patients m'a beaucoup touchée. «Je dois aider ces gens à comprendre que la personne dont ils se souviennent, cet individu entier, plein de vitalité et indépendant, n'existe plus que dans le passé et que j'ai besoin d'eux pour cerner ce qu'il aurait voulu ou non : une mort facile ou une vie chevillée à des poches de fluides et un étiolement impossible à combattre.» C'était un grand homme.
Certains passages sont empreints d'une très forte émotion. Les dernières pages, qui sont les mots de son épouse, son témoin sont éprouvantes; elles sont aussi un très bel hommage à Paul Kalanithi.
Ce livre a une résonance toute particulière pour moi; les passages sur la fin de vie, le choix de partir sereinement, sur l'accompagnement d'une personne atteinte d'un cancer avancé et incurable, les termes techniques cités ... m'ont fait revivre d'intenses moments. Un récit très touchant.
Je remercie chaleureusement Babelio et les Éditions JC Lattès pour ce livre reçu dans le cadre de Masse critique, un livre que je n'oublierai pas.
«- Le médecin va bientôt arriver.Et sur ces simples mots, le futur que je m'étais imaginé, celui que je pouvais presque toucher des doigts, le point d'orgue d'années d'efforts, partit en fumée.
J'étais motivé non pas par l'envie de réussir mais par la volonté de répondre à cette question : qu'est-ce qui donne un sens à la vie ? Pour moi, la littérature fournissait les meilleurs hypothèses tandis que les neurosciences établissaient les règles les plus élégantes pour analyser la mécanique du cerveau. Le concept de la signification humaine, bien que changeant et difficile à définir, me paraissait intrinsèquement lié aux relations et aux valeurs morales. La Terre vaine de T.S.Eliot, qui relate à la fois le sentiment d'isolement dans un monde devenu absurde et la recherche d'un contact humain quasi effrénée, s'en faisait l'écho tout particulier. Je me surpris à prendre à mon compte les métaphores de l'auteur. Ce ne fut pas le seul dont je m'imprégnai. Je compris de Nabokov que notre souffrance nous rend souvent imperméable à celle des autres. Chez Conrad, j'assimilai combien le manque de communication affecte les relations entre deux êtres. Pour moi, un ouvrage n'exposait pas seulement l'expérience qu'un autre avait vécue, il fournissait aussi le matières les plus nobles pour étayer une réflexion sur le sens de la vie. 
Je ne crois ni en la sagesse de l'enfant ni en celle du vieillard. Il existe un instant-clé où la somme de toutes les expériences menées est finalement érodée par le poids des petits détails du quotidien. Rien ne nous rend plus lucide que ce moment-là.
...où biologie, moralité, littérature et philosophie se rejoignent-ils ? [...] Whitman n'avait-il pas déclaré que seul le praticien est en mesure de comprendre l'«homme physiologico-spirituel» ? 
Un mot n'avait de signification que partagé. Le sens de l'existence, cette substantifique moelle, naissait grâce à la richesse et la profondeur des contacts.»


Impossible de ne pas se sentir insignifiant 
au regard de l'immensité des montagnes, 
de la Terre, de l'univers et en même temps, 
les deux pieds bien ancrés sur la pierre, 
nous réaffirmons notre présence 
parmi toute cette grandeur.







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