dimanche 17 novembre 2019

Le jardin arc-en-ciel ★★☆☆☆ de Ito Ogawa

Une histoire d'amour qui met au rebut les apparences. Une histoire de famille qui suscite quelques belles émotions. 
Un roman polyphonique sucré. 
Un peu trop sucré à mon goût...
Un peu trop de bons sentiments qui m'ont perdue en route.

L'écriture ne m'a pas autant convaincue que lors de mes lectures de « La Papeterie Tsubaki » et « Le Restaurant de l'amour retrouvé ». Elle a manqué de subtilité, de fluidité, de poésie, d'étincelles pour m'embarquer comme je l'aurais espéré. 

Un rendez-vous manqué, cette fois-ci, mais un rendez-vous qui se renouvellera puisque « Le Ruban » d'Ito Ogawa m'attend. Je croise les doigts et espère passer de nouveau un bon moment de lecture avec un de ses romans. 

«  Chiyoko caressait délicatement ma peau, comme si elle m'effeuillait.  [...] elle m'effleurait partout avec douceur, en légèreté, à un rythme agréable. [...] Mes os, ma langue, mon cerveau, mes cheveux, tout a fondu, j'avais l'impression d'être devenue une onctueuse goutte de nectar translucide.
Au début, il s'agissait d'une fuite. Nous avions fui la réalité de toutes nos forces. Nous avions cherché à nous éloigner autant que possible de l'endroit où nous avions vécu. Nous voulions laisser le passé derrière nous. Mais désormais, nous étions acculées. Nous ne pouvions plus ni fuir ni nous cacher. Nous allions nous fixer ici, vivre comme une famille, tous les trois.
Peut-être était-ce parce que nous montrions notre quotidien sans nous cacher. Étonnamment, depuis que nous avions ouvert l'Arc-en-ciel, plus personne ne cherchait à en savoir davantage sur notre relation, ni ne nous regardait d'un mauvais œil. C'est quand on cache quelque chose que cela excite l'attention. Sans doute que si tout le monde se promenait  tout nu, les pervers et les voyeurs se lasseraient.
[...] c'est important de cumuler les petites choses évidentes.
Même en marge, il était possible de prendre racine et de s'épanouir, je voulais le démontrer dans ma propre chair.
Il avait le goût de toute la colère, la rage et la tristesse du monde réunies, brassées au hasard et infusées.
De l'autre côté de la fenêtre, le soleil couchant commençait à darder des feux éblouissants. La chevelure de Chiyoko, baignée d'une lumière couleur de miel, luisait comme des épis de roseau de Chine.
Comme l'érable qui produit du nectar sucré au printemps, de leurs corps de femmes amoureuses émanait en permanence une légère fragrance pareille au miel.
Les vagues sur la grève se sont faites encore plus douces, soulevant une brise légère. Émanant de nulle part, un parfum sucré, comme du nectar concentré de fleurs, s'est répandu dans un murmure, nous emplissant encore plus de bonheur.
Un kumu, c'est un ancien, dépositaire de la sagesse hawaïenne transmise de génération en génération, un personnage à part à Hawaï. Il devait lui faire un lomilomi, un massage traditionnel. Outre le massage, la séance portait sur le corps et l'esprit, on méditait et on lui demandait conseil aussi.
Même dans les lieux les plus ingrats, la vie prospérait.
Jusque là, je croyais qu'au fil des années, en ayant vingt ans, puis trente, puis quarante, on devenait adulte. Mais non. Elles pourraient prendre de l'âge, ressembler à de vieilles mamies croulantes, à l'intérieur, elles auraient toujours sept ou huit ans. On aurait dit des enfants éternellement occupées à cueillir des fleurs et jouer à la dînette. »

Quatrième de couverture

Izumi, jeune mère célibataire, rencontre Chiyoko, lycéenne en classe de terminale, au moment où celle-ci s’apprête à se jeter sous un train. Quelques jours plus tard, elles feront l’amour sur la terrasse d’Izumi et ne se quitteront plus. Avec le petit Sosûke, le fils d’Izumi, elles trouvent refuge dans un village de montagne, sous le plus beau ciel étoilé du Japon, où Chiyoko donne naissance à la bien nommée Takara-le-miracle ; ils forment désormais la famille Takashima et dressent le pavillon arc-en-ciel sur le toit d’une maison d’hôtes, nouvelle en son genre.
Il y a quelque chose de communicatif dans la bienveillance et la sollicitude avec lesquelles la famille accueille tous ceux qui se présentent : des couples homosexuels, des étudiants, des gens seuls, des gens qui souffrent, mais rien de tel qu’un copieux nabe ou des tempuras d’angélique pour faire parler les visiteurs ! Tous repartiront apaisés. Et heureux.
Pas à pas, Ogawa Ito dessine le chemin parfois difficile, face à l’intolérance et aux préjugés, d’une famille pas comme les autres, et ne cesse jamais de nous prouver que l’amour est l’émotion dont les bienfaits sont les plus puissants.
On réserverait bien une chambre à la Maison d’hôtes de l’Arc-en-ciel !

Éditions Philippe Picquier, septembre 2016
 300 pages 
Traduit du Japonais par Myriam Dartois-Ako

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