lundi 8 juin 2020

Neige ★★★★☆ de Maxence Fermine

« Rien que du blanc à songer. »
Arthur Rimbaud

« Le haïku est un genre littéraire japonais. Il s'agit d'un court poème composé de trois vers et de dix-sept syllabes. Pas une de plus. »


Yuko Akita avait deux passions.
Le haïku.
Et la neige.
« La neige est un poème. Un poème d'une blancheur éclatante.
Elle recouvre en janvier la moitié du nord du Japon.
Là où vivait Yuko, la neige était la poésie de l'hiver. »
La neige, inspirante, sur laquelle glisse les mots. 
« Ne rien enjoliver. Ne pas parler. Regarder et écrire. En peu de mots. Dix-sept syllabes. Un haïku. 
Un matin, on se réveille. Il est temps de se retirer du monde pour mieux s'en étonner. 
Un matin, on prend le temps de se regarder vivre. » 
Une plume poétique et reposante, qui suspend le temps, le temps d'une lecture douceur, d'une lecture tendresse.
Un moment de contemplation intense. Un instant vrai.
Une belle histoire qui m'a laissée songeuse. 
« Il y a deux sortes de gens.
Il y a ceux qui vivent, jouent et meurent.
Et il y a ceux qui ne font jamais rien d'autre que se tenir en équilibre sur l'arête de la vie.
Et il y a les acteurs.
Et il y a les funambules. »  

« La neige est un poème. Un poème qui tombe des nuages en flocons blancs et légers.
Ce poème vient de la bouche du ciel, de la main de Dieu. »

« La neige est un poème. Un poème d'une blancheur éclatante.
Elle recouvre en janvier la moitié du nord du Japon.
Là où vivait Yuko, la neige était la poésie de l'hiver. »

« À chaque jour un autre poème, une nouvelle inspiration, un nouveau parchemin. À chaque jour un paysage différent, une autre lumière. Mais toujours le haïku et la neige. Jusqu’à la tombée de la nuit. » 

« - Qu'est-ce que la poésie ? demanda le prêtre.
- C'est le mystère ineffable, répondit Yuko. 
Un matin, le bruit du pot d'eau qui éclate dans la tête fait germer une goutte de poésie, réveille l'âme et lui confère sa beauté. C'est le moment de dire l'indicible. C'est le moment de voyager sans bouger. C'est le moment de devenir poète. 
Ne rien enjoliver. Ne pas parler. Regarder et écrire. En peu de mots. Dix-sept syllabes. Un haïku. 
Un matin, on se réveille. Il est temps de se retirer du monde pour mieux s'en étonner. 
Un matin, on prend le temps de se regarder vivre. » 

« La neige possède cinq caractéristiques principales. 
Elle est blanche.
Elle fige la nature et la protège.
Elle se transforme continuellement.
Elle est une surface glissante.
Elle se change en eau. » 

« - Elle est blanche. C'est donc une poésie. Une poésie d'une grande pureté.
Elle fige la nature et la protège. C'est donc une peinture. La plus délicate peinture de l'hiver. 
Elle se transforme continuellement. C'est donc une calligraphie. Il y a dix mille manières d'écrire le mot neige.
Elle est surface glissante. C'est donc une danse. Sur la neige tout homme peut se croire funambule.
Elle se change en eau. C'est donc une musique. Au printemps, elle change les rivières et les torrents en symphonies de notes blanches. » 

« La couleur n'est pas au dehors. Elle est en soi. Seule la lumière est dehors.  »

« En vérité, le poète, le vrai poète, possède l'art du funambule. Écrire, c'est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d'un poème, d'une œuvre, d'une histoire couchée sur un papier de soie. Écrire, c'est avancer pas à pas, page après page, sur le chemin du livre. Le plus difficile, ce n'est pas de s'élever du sol et de tenir en équilibre, aidé du balancier de sa plume, sur le fil du langage. Ce n'est pas non plus d'aller tout droit, en une ligne continue parfois entrecoupée de vertiges aussi furtifs que la chute d'une virgule, ou que l'obstacle d'un point. Non, le plus difficile, pour le poète, c'est de rester continuellement sur ce fil qu'est l'écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre,  ne serait-ce qu'un instant, de la corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c'est de devenir un funambule du verbe. » 

« Lorsqu'il mourut, il se laissa gagner par la blancheur du monde.  
Il était heureux.
À hauteur du cœur. »

« Il y a deux sortes de gens.

Il y a ceux qui vivent, jouent et meurent.

Et il y a ceux qui ne font jamais rien d'autre que se tenir en équilibre sur l'arête de la vie.

Et il y a les acteurs.
Et il y a les funambules. »  

Quatrième de couverture

Dans une langue concise et blanche, Maxence Fermine cisèle une histoire où la beauté et l’amour ont la fulgurance du haïku. On y trouve le portrait d’un Japon raffiné où, entre violence et douceur, la tradition s’affronte aux forces de la vie.

Éditions Arléa, janvier 1999 
120 pages 

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