mardi 2 novembre 2021

Lorsque le dernier arbre ★★★★★ de Michael Christie


Rentrée Littéraire 2021 #coup de coeur

Une construction intelligente qui tient en haleine son lecteur, elle est brillante et inspirée de la dendrochronologie. Mais motus ... à votre tour, si vous le lisez, d'être surpris ! 
Bravo Michael Christie, j'ai rarement été happée par une histoire comme je l'ai été ici. 
Lorsque le dernier arbre chamboule interroge sur notre humanité pilleuse. Depuis des décennies, les symptômes d'un mal-être de notre environnement sont visibles, on en connaît les raisons, mais on continue à détruire... 
« Le meilleur moment pour planter un arbre, c'était il y a vingt ans. À défaut de quoi c'est maintenant. » (proverbe chinois)
Lorsque le dernier arbre chamboule est une immersion au coeur de la nature et de l'humain exceptionnelle. 
Un roman extrêmement riche, une saga familiale écologique polyphonique bluffante que je vous conseille sans hésiter.

Merci Yves Grannonio @LaLibrairiedu Château pour tes conseils avisés, une nouvelle fois ;-)

« Il y a vraiment quelque chose de vraiment répugnant à réduire l'apogée de la magnificence naturelle à un simple décor thérapeutique pour les riches. »

« [...] il n'y a rien de tel que la pauvreté pour vous faire comprendre à quel point l'intégrité est un luxe. »

« [...] elle détecte, dans des publications de la sphère dendrologique et des comptes rendus universitaires, les premiers signes de ce que va devenir le Grand Dépérissement. À mesure que succombent et disparaissent les forêts primaires partout sur le globe, le sol se dessèche faute d'arbres pour protéger la terre des rayons du soleil implacables, ce qui entraîne la formation de nuages de poussière assassins, dont les particules extrêmement fines étouffent la terre - exactement comme dans les années 1930 lors de cet épisode de grande sécheresse que fut le Dust Bowl, lequel dévasta les plaines du sud des Etats-Unis, mais cette fois-ci à une échelle bien supérieure : les plus grandes fermes industrielles se retrouvent ensevelies et des villes entières , étranglées. »

« Il n'y avait de place dans leurs conversations que pour le crédit-carbone, le carnage écologique et le lobbying mortifère des géants pétroliers - on était alors dans cette période naïvement touchant d'avant le Dépérissement où les gens croyaient encore qu'un engagement modéré et de bonnes intentions éviteraient la catastrophe. »

« [Elle] se demande bien comment, aujourd'hui, on peut encore croire au changement politique à l'ancienne. Quand le président des États-Unis ment éhontément, quand la pluie attaque la peau, quand la nourriture est empoisonnée, quand les guerres n'en finissent jamais et que les êtres vivants les plus anciens de la planète sont abattus pour être transformés en bâtonnets de glace. »

« Toutes les cultures ont leurs mythes sylvestres, depuis l'omniprésent arbre de vie qui soutient littéralement le ciel jusqu'aux arbres-monstres dévorateurs d'enfants et buveurs de sang humain, en passant par ceux qui jouent des tours, guérissent les malades, mémorisent des histoires ou jettent des sorts à leurs ennemis. En regardant son oncle, débarqué ici d'une tout autre époque, Willow se souvient que les arbres sont aussi capables d'opérer des résurrections. »

« Quand on consomme moins de nourriture industrielle et qu'on vit dans des endroits calmes [...], le corps devient plus vigoureux. On accède à la sérénité d'une vie en phase avec les rythmes de la Terre. On arrête de s'opprimer les uns les autres. »
« Il semble que le krach a frappé Toronto plus durement encore que Saint John. On dirait qu'un obus a explosé, chargé non pas de poudre mais de misère et de désespoir. »

« Si [il] aime tant la poésie, c'est pour cette façon qu'elle a de prendre dans sa tête comme du ciment, contrairement aux éphémères feux d'artifice des romans qui tissent d'interminables histoires sur des familles et des gens qu'il ne connaîtra jamais. »

« Si la vie lui a appris quelque chose, c'est qu'il faut être plus secret, plus prudent et plus farouche que les autres. Sans quoi tout ce que vous êtes, tout ce que vous avez construit et tous ceux que vous aimez, tout cela peut être piétiné en un instant. »

« Il sait que les arbres utilisent souvent les oiseaux et les écureuils pour répandre à leurs graines, et aussi toutes sortes de choses qui volent au loin, comme les hélices et les bourres de coton. C'est ainsi que fonctionne une bonne partie de la Création : les êtres vivants envoient des versions d'eux-mêmes dans le grand mystère du futur. »

« [Elle] ne se fait guère d'illusions quant à l'impact de sa bibliothèque. Ses livres ne sortiront personne de la misère. Ils ne redresseront aucun tort; ne sauveront aucune âme égarée, ne rempliront aucun ventre creux. Mais ils éclaireront peut-être de quelques malheureux rayons des vies dures et désolées, et c'est déjà ça. »
« Le temps [...] n'est pas une flèche. Ce n'est pas non plus une route. Le temps ne vas pas dans une direction donnée. Il s'accumule, c'est tout - dans le corps, dans le monde -, comme le bois. Couche après couche. Claire, puis sombre. Chacun reposant sur la précédente, impossible sans celle d'avant. Chaque triomphe, chaque désastre inscrit pour toujours dans sa structure. »

Quatrième de couverture

« Le temps ne va pas dans une direction donnée. Il s'accumule, c'est tout – dans le corps, dans le monde –, comme le bois. Couche après couche. Claire, puis sombre. Chacune reposant sur la précédente, impossible sans celle d'avant. Chaque triomphe, chaque désastre inscrit pour toujours dans sa structure. »

D’un futur proche aux années 1930, Michael Christie bâtit, à la manière d’un architecte, la généalogie d’une famille au destin assombri par les secrets et intimement lié à celui des forêts.
2038. Les vagues épidémiques du Grand Dépérissement ont décimé tous les arbres et transformé la planète en désert de poussière. L’un des derniers refuges est une île boisée au large de la Colombie-Britannique, qui accueille des touristes fortunés venus admirer l’ultime forêt primaire. Jacinda y travaille comme de guide, sans véritable espoir d’un avenir meilleur. Jusqu’au jour où un ami lui apprend qu’elle serait la descendante de Harris Greenwood, un magnat du bois à la réputation sulfureuse. Commence alors un récit foisonnant et protéiforme dont les ramifications insoupçonnées font écho aux événements, aux drames et aux bouleversements qui ont façonné notre monde. Que nous restera-t-il lorsque le dernier arbre aura été abattu ?

Fresque familiale, roman social et écologique, ce livre aussi impressionnant qu’original fait de son auteur l’un des écrivains canadiens les plus talentueux de sa génération.

Éditions Albin Michel, août 2021
Traduit de l'anglais (Canada) par Sarah Gurcel
590 pages

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire