mercredi 2 juillet 2025

Le tribunal des oiseaux ★★★★☆ d'Agnès Ravatn

Beaucoup aimé ce huis-clos, plutôt intense,  avec un suspense bien ménagé, et petit opus que j'aurais aimé ne jamais lâcher. Choisi pour son titre et sa couverture, je m'y suis plongée complètement à l'aveugle. 

Une maison isolée au bord d'un fjord norvégien un embarcadère où l'on se verrait bien contempler le coucher du soleil, un jardin dans lequel nous n'avons aucun mal à nous imaginer sirotant un verre de vin blanc frais, nous prélassant sous le cerisier, la forêt alentour pour se ressourcer ... mais l'atmosphère tendue, voire glaçante qui se dégage de ce Tribunal des oiseaux n'invite pas tout à fait à la détente et à l'oisiveté...
Je dis ça, je ne dis rien 😉

« Sans faire de bruit, je refermai le portail derrière moi et me dirigeai vers la porte d’entrée. Je frappai mais personne ne répondit. J’eus un léger frisson, posai mes affaires sur le perron et fis le tour de la maison par le sentier dallé. Et là je vis le paysage s’ouvrir. Sur l’autre rive du fjord se dressaient des montagnes violettes où subsistaient encore quelques taches de neige. Partout des broussailles encerclaient la propriété. »

« Voilà ce que ça donnait de se couper du monde. On devenait insensible et étriqué, imperméable à la chaleur des autres. »

« Comme il est facile de disparaître, me dis-je. Est-ce que les gens le savaient ? Ce n'était pas une chose à ébruiter. »

« Un scandale pouvait-il durer se perpétuer longtemps ? De nos jours, sans doute pas, me dis-je. Les gens étaient narcissiques, ils oubliaient vite, il leur fallait sans cesse du nouveau, des horreurs toutes fraiches. Le pays était trop petit pour qu'on écrase quelqu'un, on se contentait de lui donner...»

Quatrième de couverture

Fuyant un scandale, Allis Hagtorn pense avoir trouvé un havre de paix en acceptant un poste d'aide à domicile dans un petit fjord perdu. Mais l'homme qui la reçoit est loin de correspondre au vieillard décati au-quel elle s'attendait : âgé d'une quarantaine d'années, Sigurd Bagge est un individu taciturne et mystérieux qui, en l'absence de son épouse, a besoin de renfort pour l'entretien de son jardin et de sa maison. Il impose des règles et horaires stricts avant de se retirer dans son bureau, qu'il ne quitte qu'à l'occasion des repas. Allis se coule dans le rôle de la domestique effacée, se résignant au comportement parfois absurde et aux sautes d'humeur inexplicables de son employeur tout en lui vouant une fascination croissante qui peu à peu devient obsessionnelle. Mais à mesure que le temps passe, une inquiétude sourde l'assaille : que fait-il toute la journée dans ce bureau - une pièce qui s'avère complètement vide ? Et que s'est-il réellement passé avec sa femme dont les affaires gisent dans la chambre voisine, fermée à double tour ?
D'une intensité rare, Le Tribunal des oiseaux est un huis clos envoûtant et redoutable à la griffe hitch-cockienne. On en sort fébrile, comme d'une nuit agitée, au petit matin, lorsque l'on tente de saisir un rêve tout en redoutant ce que nous réserve la fin.

Née en 1983, Agnes Ravatn est une auteure et journaliste norvégienne. Son œuvre est composée de trois recueils d'essais primés et acclamés par la presse, ainsi que de trois romans. Récompensé par le prix de la traduction du PEN, Le Tribunal des oiseaux est son premier roman publié en français.

Éditions Actes Sud,  février 2023
228 pages
Traduit du néo-norvégien par Terje Sinfing

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire