dimanche 23 octobre 2016

Little America de Rob Swigart*****



Editions Cambourakis, mars 2015
Traduit de l’anglais (États-Unis) par François Happe 
Edition originale parue en 1977


Quatrième de couverture


Orville Hollinday Senior voue une haine sans bornes à son fils, Orville Hollinday Junior, que le lui rend bien – et n’a d’ailleurs qu’une ambition, tuer son père avant de partir pour l’Ouest et s’établir dans l’immense station service de Little America, l’endroit où tout le monde finit inévitablement par passer, et où l’on prend la vraie mesure de l’Amérique : « Des voitures. De la nourriture. Des cieux immenses et bleus. La libre entreprise. » Après quelques détours professionnels et tentatives pour faire sauter les Cadillac successives de son père, Orville Junior atterrit effectivement à Little America et devient même propriétaire de sa propre pompe à essence, tandis que chez ses parents, entre coucheries et magouilles culinaires, rêves en Technicolor et déboires nucléaires, tout fout le camp… pour converger, dans une électrisante apothéose, vers la petite ville de Squash, non loin de Little America, en pleine frénésie patriotique. 
Farce œdipienne des temps modernes, Little America est une satire aussi drôle que virulente du modèle américain qui inscrit Rob Swigart dans la droite lignée de Ken Kesey, Joseph Heller ou encore Kurt Vonnegut.

Rob Swigart

« Sous quelque forme que ce soit, j’ai été écrivain toute ma vie adulte. » Ainsi se présente Rob Swigart, né en 1941 à Chicago, qui a fait ses premières armes comme reporter au journal local Cincinnati Enquirer avant de se lancer dans l’édition dans les années 1960 puis de s’en détourner quelques années plus tard, décidant d’embrasser la carrière d’écrivain après un doctorat en littérature comparée. Depuis, il enseigne notamment à l’université de San Jose, a travaillé comme journaliste spécialisé en technologies et techniques, a écrit le scénario de nombreux jeux vidéos et d’un épisode de série télévisée, et est à ce jour l’auteur de douze romans et d’une centaine de poèmes. Si ses oeuvres de jeunesse, dont Little America (1977), A.K.A. : A Cosmic Fable(1978)…, tiennent de la satire, ses ouvrages suivants gravitent souvent autour de la science-fiction, des innovations technologique et, plus récemment, de l’archéologie.

Mon avis ★★★★★


Un très bon bouquin, une très bonne histoire complètement déjantée, avec beaucoup d'humour derrière lequel se cache une belle et fougueuse critique de la société américaine. 
C'est un joyeux bordel qui vous attend : conspirations, sexe, envies de meurtre, belles voitures ... le tout assaisonné de matières fissiles, d'essence et d'une sauce très spéciale que tous les fast-food s'arrachent. Jubilatoire ! 
La plume de Rob Swigart, que je découvre avec grand plaisir, est légère et acerbe à la fois pour servir une comédie délirante et burlesque qui fait un bien fou ! Orville Junior, Orville Sénior, je ne suis pas prête de vous oublier ...

Dans le même registre de la contre-culture américaine, j'avais bien aimé Même les cow-girls ont du vague à l'âme de Tom Robbins, une histoire qui partait elle aussi dans tous les sens,et je me régale actuellement avec Et quelquefois j'ai comme une grande idée de Ken Kesey, que je savoure tranquillement et que je vous conseille vivement, c'est une petite pépite.

« À l'université, le conseiller pédagogique d'Orville lui dit qu'il n'avait aucune aptitude réelle pour le comptabilité, mais Orville travailla sérieusement et obtint son diplôme avec des notes qui le situaient juste au milieu de sa promotion. Il haïssait son père, mais il en avait aussi une peur bleue.
  - Non mais, imaginez un peu, dit Sénior au psychiatre quelque temps plus tard. Ce qu'il veut, c'est aller dans un endroit appelé Little America et avoir sa pompe à lui.
- Le simple fait de désirer une chose dont les autres n'ont pas envie ne fait pas de vous un fou, au sens clinique du terme, répond le Dr Schmidlapp sur un ton glacial. Il examina le fourneau de sa pipe en écume de mer, hocha la tête et se mit à tapoter ses poches à la recherche d'allumettes. Puis il parla d’Œdipe à Sénior.
- Je ne connais rien à tout cela, dit Sénior. Je suis un homme d'affaires. La mère d'Orville était assise près du lit, dans la chambre d'hôpital, et elle ne cessait de se lamenter :
- Oh, Orville, Orville.
C'était une femme séduisante, aux cheveux auburn, et qui était connue dans le cercle de ses relations pour ses salades et l'organisation méthodique de sa maison. Dans le brouillard de la douleur qui lui enveloppait la tête, Orville ne pensa pas un seul instant qu'elle pût se lamenter de la perte de sa lampe, les nymphes et les bergers ayant été expédiés à tout jamais dans les ordures ménagères d'un coup de balai.
Orville savait seulement qu'elle était la plus belle, la plus chaleureuse, la plus gentille, la plus sensible et la plus aimante au monde, et, assurément, la seule personne avec laquelle il aurait jamais envie de se marier.»

2 commentaires:

  1. Dis donc, ça fait envie !
    Même les cow-girls ont du vague à l'âme est justement dans ma PAL.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai beaucoup aimé ce livre, et celui de Robbins est encore plus déjanté. Bonne lecture ;-)

      Supprimer