Editions Sonatines, octobre 2012
392 pages
Traduit de l'anglais (Australie) Par Fabrice Pointeau
Publication originale Angel Rock, 2002
Quatrième de couverture
« Un thriller aussi remarquable que singulier, d’une profondeur et d’une humanité rare. C’est un livre dont on tombe littéralement amoureux, de ceux qu’il est impossible de ne lire qu’une fois. Williams est un écrivain épatant. »
R. J. Ellory
1969. Angel Rock est une petite localité du sud de l’Australie, austère et abandonnée du monde. Le village a été durement touché par la crise, l’industrie du bois peine à le maintenir en vie. Nature hostile, conditions de vie difficiles, familles isolées, c’est dans ce contexte douloureux qu’un drame s’abat sur la communauté : Tom Ferry, 13 ans, et son petit frère Flynn disparaissent dans le bush, aux abords du village. Une battue est organisée pour les retrouver, en vain.
Sydney, quelques semaines plus tard. Une adolescente en fugue originaire d’Angel Rock est retrouvée morte dans une maison abandonnée. Le suicide ne fait aucun doute pour les autorités. Mais Gibson, un policier sombre et tourmenté, décide de poursuivre ses investigations.
Défiant sa hiérarchie, il gagne Angel Rock où il va mener une enquête qui, bien vite, va tourner à l’obsession. Dans cette petite communauté où rien ne s’oublie mais où rien ne se dit jamais, Gibson devra affronter le poids du passé, le sien et celui du village, pour mettre au jour des secrets enfouis depuis trop longtemps.
Avec ce récit crépusculaire d’une puissance narrative exceptionnelle, Darren Williams nous offre le tableau d’une éclatante noirceur d’un village australien hanté par les non-dits, frappé par la tragédie, où les enfants paient pour les péchés de leurs parents. Avec des personnages d’une complexité peu commune, au premier rang desquels des adolescents en crise, assorti d'un style lyrique et hypnotique, l’auteur envoûte littéralement ses lecteurs jusqu’au coup de théâtre final.
Darren Williams est né en 1967, il vit à Brisbane. Conséquences est son premier roman traduit en français. Il est aussi l'auteur de Swimming in Silk, non traduit en français, qui a obtenu le prix Australian/Vogel Literary Award en 1994.
Mon avis ★★★★☆
Thriller psychologique atypique (pas de violence gratuite, ni de sang ou encore de torture), et pourtant l'atmosphère y est très oppressante, et la chaleur moite du bush australien n'atténue en rien cette impression.
Une disparition, un suicide et voila le quotidien de la petite ville d'Angel Rock quelque peu bouleversé; des zones d'ombre s'en emparent peu à peu. L'auteur tient son lecteur en haleine jusqu'au bout, jusqu'à ce que la vérité apparaisse, à la toute fin. Le dénouement est intense, en opposition au rythme de l'histoire qui est beaucoup plus lent. Ce rythme allégé agrémenté d'une écriture belle, réaliste et poétique permet une véritable plongée dans le bush australien et de rentrer aisément dans la psychologie des protagonistes.
L'auteur alterne les points de vue et donne ainsi plusieurs angles au lecteur. C'est très intéressant comme procédé, le lecteur s'imprègne de chacune des visions et cerne chacun des acteurs avec l'impression assez étonnante de les avoir devant les yeux. Comme si les mots s'étaient transformés en images.
Au-delà de l'enquête, de la trac orchestrée par un dénommé Gibson, vous l'aurez compris, cette histoire est dense et va beaucoup plus loin, elle nous donne à voir une ville dans laquelle le malaise s'est installé, tourmentée par de sombres souvenirs qui refont surface. Ce livre aborde tant de thèmes : la culpabilité, l'espoir, la reconstruction après le suicide d'un être cher qui vous hante et que vous n'arrivez pas à comprendre, la vengeance, l'amour et sa naissance, la tristesse et l'effondrement psychologique à la perte d'un enfant.
Je regrette de ne pas avoir fait davantage connaissance avec le responsable de tous les événements qui ont entouré Angel Rock, on comprend bien les faits, mais sans point le point de vue du coupable , ça enlève un peu de piment à cette formidable histoire. C'est un peu dommage à mon goût, quand on a eu la chance de partager autant d'intimité avec les autres protagonistes, j'aurais aimé cerner celui-ci davantage.
Je vous conseille la lecture de ce thriller à l'écart des sentiers battus, et profondément humain, une lecture touchante, bluffante et dont on ne ressort pas indemne.
L'auteur alterne les points de vue et donne ainsi plusieurs angles au lecteur. C'est très intéressant comme procédé, le lecteur s'imprègne de chacune des visions et cerne chacun des acteurs avec l'impression assez étonnante de les avoir devant les yeux. Comme si les mots s'étaient transformés en images.
Au-delà de l'enquête, de la trac orchestrée par un dénommé Gibson, vous l'aurez compris, cette histoire est dense et va beaucoup plus loin, elle nous donne à voir une ville dans laquelle le malaise s'est installé, tourmentée par de sombres souvenirs qui refont surface. Ce livre aborde tant de thèmes : la culpabilité, l'espoir, la reconstruction après le suicide d'un être cher qui vous hante et que vous n'arrivez pas à comprendre, la vengeance, l'amour et sa naissance, la tristesse et l'effondrement psychologique à la perte d'un enfant.
Je regrette de ne pas avoir fait davantage connaissance avec le responsable de tous les événements qui ont entouré Angel Rock, on comprend bien les faits, mais sans point le point de vue du coupable , ça enlève un peu de piment à cette formidable histoire. C'est un peu dommage à mon goût, quand on a eu la chance de partager autant d'intimité avec les autres protagonistes, j'aurais aimé cerner celui-ci davantage.
Je vous conseille la lecture de ce thriller à l'écart des sentiers battus, et profondément humain, une lecture touchante, bluffante et dont on ne ressort pas indemne.
Extrait
Au-delà de la ville, le paysage consistait en de larges plaines arides parsemées d'arbustes mornes jouxtant de vastes étendues de néant. Gibson n'avait jamais été aussi loin de tout ce qu'il connaissait. Des mirages chatoyaient au bout des longues lignes droites comme si le ciel se mêlait à la terre dans une illusion d'optique. Des corbeaux dansaient autour des charognes au milieu de la route, enfonçant leurs becs durs dans la viande jusqu'à presque finir sous les roues de la Holden, comme s'ils se disaient que Gibson s'arrêterait peut-être pour déguster lui aussi un peu de chair en décomposition. [...] Il était au sommet d'une élévation et voyait, à des dizaines de kilomètres à la ronde, le ciel bleu s'étirant sans interruption d'un horizon à l'autre. Vers le Sud-Ouest, se trouvait un plateau long et bas. À part ça, la seule chose visible était une colonne de poussière qui s'élevait en tourbillonnant dans les airs. Il la regarda serpenter à travers le paysage, puis s'évanouir au loin. S'il y avait une ville au loin, il ne la voyait pas. Pas de Damas ni de Jérusalem. Du désert, oui, mais pas de tentations : pas d'étalages de chair dénudée, pas de palais regorgeant d'or, pas de fontaines de parfum, pas de cités à piller. [...] Le village était entouré d'un paysage rocailleux brûlé par le soleil et parsemé de touffes d'herbe épineuses qui montaient à hauteur de genou. Des petites fleurs jaunes dont les tiges tremblaient dans la brise chaude jaillissaient de la terre rouge jonchée de pierre.
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