samedi 29 juillet 2017

La ferme du crime ★★★★☆ de Andrea Maria Schenkel


Un très bon thriller. L'auteure réunit tous les ingrédients pour instaurer un climat de tension palpable, l'atmosphère est angoissante, oppressante, l'ambiance suspicieuse, le suspense à son comble et on tourne les pages à une allure folle, pris dans un engrenage terrifiant. L'auteure s'est inspirée d'un fait réel abominable, à peine croyable, qui s'est déroulé dans les années 20 en Bavière, qu'elle situe, elle, dans les années 50; et c'est un village encore sous le choc de la guerre qui apprend le massacre abominable de toute une famille de fermier. La narratrice interrogera chacun des habitants, et petit à petit, les témoignages permettent d'éclairer les zones d'ombre autour de ce massacre.
La force de ce roman noir réside dans sa structure originale, un peu moins dans sa chute. Dommage, parce que je n'étais pas loin du coup de coeur !
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«[...] Il faut pas dire du mal des morts, c’est pour ça que j’aime pas parler d’eux. Vous savez, on vit dans un petit village. les commérages vont bon train, je préfère pas trop en dire.
Elle a toujours été "une fière", et son père aussi. Ils parlaient qu'avec ceux qui leur revenaient. Ça m'étonne que quand ils allaient à l'église, le dimanche, les saints leur aient pas tourné le dos.
Cette union avait davantage été une association de deux personnes qui partageaient les mêmes intérêts. Un mariage arrangé, chose courante entre paysans. « L’amour viendra avec les années, l’important, c’est de conserver « notre affaire ».
Et quand on est facteur on apprend pas mal de choses, mais s’il fallait toujours croire tout ce que les gens racontent.
Le démon est en chacun de nous et chacun peut le faire sortir à tout moment.»
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Quatrième de couverture

Toute une famille fut assassinée, en 1920, à Tannöd, un hameau de Bavière. L’affaire n’a jamais été résolue. Andrea Maria Schenkel, à la manière de Truman Capote dans De sang froid, par la voix des différents témoins, reprend cette sinistre histoire pour la placer dans les années 1950. Vaches qui s’agitent à l’étable, vent qui balaie les flocons, coins sombres derrière les granges, petite fille qui, la nuit, a peur du loup, brouillard matinal pesant… Tous les ingrédients de l’inquiétude sont là, dans une région catholique très dévote, sur fond d’Allemagne imprégnée de désastre, un pays où les rancœurs sont vives, un impératif : se débrouiller pour trouver de quoi vivre. Un soir, une jeune femme, Barbara, son beau-père, sa mère, et ses deux enfants ont été assassinés sauvagement. Barbara avait été abusée par son beau-père, qui en avait déjà harcelé d’autres. Plusieurs personnes pouvaient avoir envie de le tuer, ou leurs proches de se venger. Et la ferme de Tannöd représente un gros capital, convoité par beaucoup. Encore frissonnant, hanté par les voix des témoins – instituteur, curé, voisins… –, le lecteur referme le livre avec un coupable quasi certain, mais le malaise perdure, parce que là-haut, à Tannöd, les relations n’étaient pas si simples entre les individus et que le monde paysan est fait de secrets, de rancœurs et de non-dits. La Ferme du crime (Tannöd) a été classé meilleur roman criminel du printemps 2006 par les libraires allemands. Une adaptation théâtrale sera mise en scène à Innsbruck (Autriche) puis à Dresde (Allemagne) au printemps 2008. Andrea Maria Schenkel est née en 1962 à Regensburg. Son deuxième livre, Kalteis – une histoire de serial killer dans les années 1930 en Allemagne –, vient de paraître et sera publié dans la collection “Actes Noirs”.

Editions Actes Sud, collection Actes Noirs, janvier 2008
Traduit de l'allemand par Stéphanie Lux
159 pages
Parution originale Tannöd, 2006
Classé meilleur roman criminel du printemps 2006 par les libraires allemands

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