Une marche effroyable, haletante, dans une Amérique futuriste devenue une dictature militaire. Futuriste oui, et pourtant, tout à fait plausible, car si proche des Etats-Unis d'aujourd'hui, rendant cette histoire si troublante. Stephen King critique ainsi allègrement cette société toujours plus libérale, façonnée par les médias, qui agit pour sauvegarder ses propres intérêts et qui a relégué l'humain et la solidarité au second plan, une société aux inégalités sociales démesurées.
Les personnages, acteurs de cette Longue Marche, sont bien réels, ils sont justes, humains et tout à fait crédibles. On s'y attache. On marche avec eux, on les suit pas à pas, dans leurs souffrances, leurs questionnements, leurs pensées, on s'insurge avec eux, on ressent la haine qui les anime au plus profond d'eux face au voyeurisme d'une populace avide de sensations fortes et extrêmes.(cf la télé réalité ?)
- Tu ne m'as pas dit que tu es venu voir la Longue Marche, quand tu étais petit ?
- Ouais, mais je ne savais pas ce que c'était !
- Alors comme ça, c'était bien, sans savoir ? Bien sûr, c'est des animaux. Tu crois que tu viens de découvrir un nouveau principe ? [...] Les seigneurs et les dames français, ils baisaient après avoir vu guillotiner des gens. Les Romains se gavaient pendant les combats de gladiateurs. C'est une distraction, Garraty. Ça n'a rien de nouveau.
Une marche profondément humaniste, une relecture qui m'a permis de savourer une nouvelle fois la plume sensible de Bachman.
«Je me suis engagé dans ce merdier de La Longue Marche
comme dans le temps où les types s’engageaient dans la Légion Étrangère.
Comme disait le grand père du rock n’roll,
je lui ai donné mon cœur,
elle l’a déchiré
et tout le monde s’en est foutu comme un pet de lapin.»
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«Mc Vries avait tiré de son petit sac à dos, à la stupeur de tous, une brosse à dents et se brossait vigoureusement les dents à sec. Tout continue, s'étonna Garraty. C'est machinal. On rote, on demande pardon. On salue les gens qui agitent la main parce que c'est poli. Personne ne se dispute plus avec personne (à part Barkovitch) parce qu'on se conduit poliment. Tout continue.
- Est- ce qu'il est déjà arrivé qu'une Longue Marche soit arrêtée pour quelque chose ?[...]- Elle s'arrête tous les ans [...]. Une seule fois.Il n'y avait rien à répondre.
Garraty observait d'un air apathique en se disant que même l'horreur finit par lasser.
Pour Ray Garraty, ce fut la plus longue minute de la plus longue nuit de sa vie. C'était la marée basse, la morte-eau, le moment où la mer reflue en découvrant des hauts-fonds luisants couverts d'algues emmêlées, des boîtes de bière rouillées, des préservatifs pourris, des bouteilles cassées, des bouées crevées et des squelettes verts de mousse en caleçon de bain déchiré. Le temps mort. Le déclin.
Marche ou crève, c'est la morale de cette histoire. Pas plus compliqué. Ce n'est pas une question de force physique, et c'est là que je me suis trompé en m'engageant. Si c'était ça, nous aurions tous une bonne chance. Mais il y a des hommes faibles capables de soulever des voitures si leur femme est clouée dessous. La tête, Garraty, le cerveau... Ce n'est pas l'homme ou Dieu, c'est quelque chose...dans le cerveau.»
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Quatrième de couverture
Garraty, un jeune adolescent natif du Maine, va concourir pour «La Longue Marche», une compétition qui compte cent participants. Cet événement est très attendu. Il sera retransmis à la télévision, suivi par des milliers de personnes. Mais ce n'est pas une marche comme les autres, plutôt un jeu sans foi ni loi... Garraty a tout intérêt à gagner. Le contraire pourrait lui coûter cher. Très cher...
Editions Albin Michel, novembre 1989
384 pagesTitre original The Long Walk, 1979
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