dimanche 28 janvier 2018

Nos souvenirs sont des fragments de rêves ★★★☆☆ de Kjell Westö

Mes meilleures années sont peut-être 
derrière moi. Quand il y avait une chance 
de bonheur. Mais je ne veux pas revenir 
en arrière. Pas avec le feu qui brûle 
en moi maintenant. 
Samuel BECKETT

Une belle histoire d'amour, sur un fond de ciel jaune soufre, le véritable amour, celui qui marque et accompagne un homme toute sa vie malgré les séparations et les trahisons, malgré une bonne quantité de malheurs, un amour qui [tient] au fil du temps, même s'il prenait désormais la forme d'une amitié.

  Ce roman est le voyage d'une vie, un voyage de l'enfance à l'âge adulte. Le narrateur, dont on ne connait pas le nom, fouille dans son passé avec beaucoup de nostalgie et fait défiler sous nos yeux, en tirant sur ce fil que sont les souvenirs, un demi-siècle de sa vie. 
  C'est aussi un peu notre histoire qui émerge de ces pages, puisqu'en balayant ce demi-siècle passé, il revient sur la crise économique, sur le terrorisme et les violences qui y sont associées, sur les attentats perpétrés sur le sol européen, à Paris et à Madrid. On en apprend également sur l'histoire de la Finlande, petit bout de terre, malmené et oppressé par les russes.  
  Ce roman dense questionne sur les inégalités sociales, sur ce fossé qui ne cesse de s'élargir entre la classe moyenne et celle des riches, sur le pouvoir, sur l'argent.
  Si le contenu de ce roman m'a plu, si j'ai aimé me retrouver devant ces beaux paysages finlandais, si cette histoire pousse à la réflexion sur de nombreux sujets, si elle nous embarque sur le fil tendu et fragile des relations humaines, si elle interpelle sur les liens entre les êtres humains qui se tissent, se bâtissent, et se préservent, tant bien que mal, si cette lecture m'a donné envie d'en savoir sur l'histoire de la Finlande, si j'ai aimé le suspense que l'auteur entretient très bien, je dois avouer que j'ai été moins touchée par sa plume. Peut-être est-ce dû à la traduction ? De nombreuses répétitions, quelques fautes grammaticales, des explications entre parenthèses à l'attention du lecteur ont parfois gêné ma lecture, la rendant moins fluide. 
  Une belle découverte néanmoins, à la finalité profondément humaine et à la portée universelle dans notre monde contemporain, que je vous conseille, et je remercie vivement Babelio, les éditions Autrement et Kjell Westö pour ce bon moment de lecture.

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«- L'oncle de Sandrine, je n'ai pas voulu faire sa connaissance.
- Ah bon, et pourquoi ?
- Je sais ce qu'il a fait, je suis au courant de ses activités. Alex est un frère malhonnête et un homme injuste.[...]
- Il a commis beaucoup d'erreurs. Et il a été quelquefois très cruel. Mais je crois qu'il n'a jamais compris ce qu'il a fait.
Ce n'était pas très charitable, et Amir a sauté sur l'occasion :
- Ça ne le dédouane pas pour autant. Renoncer à s'enrichir indéfiniment n'est pas la mer à boire. Il s'agit uniquement de résister à la tentation de s'engouffrer dans les failles d'un système. Et de renoncer à tromper et à exploiter autrui.[...]
- Il existe aussi des richesses qui profitent à la plupart des gens. C'est ainsi que nous avons bâti nos sociétés dans le Nord. Par le partage et le souci de l'autre.
- Vraiment ? J'ai plutôt tendance à croire qu'Alex est avant tout obsédé par l'idée de partager avec lui-même.
J'ai toujours pensé que la sensation de déjà-vu n'est qu'une sorte d'angoisse face à l'irréalité de la vie. Comme le hiraeth. Nos souvenirs sont des fragments de rêves.
C'est l'amour qui fait que nous souvenons, c'est de l'amour que viennent les histoires.»
À la mémoire de ma mère, Christina Hedberg, qui m'a appris que le profond chagrin et le courage indomptable ne s'excluent pas l'un l'autre. KW

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Quatrième de couverture

«La première fois où j’ai fait l’amour avec Stella, 
j’ai su que je ne pourrai jamais plus vivre sans : 
elle passera toujours avant les convenances, 
la carrière, avant même la morale.»

Helsinki, années 1970. Stella, Alex et leurs amis sont remplis d’ambitions et de hautes espérances. Dans la fougue de l’adolescence, ils font les quatre cent coups. Mais une passion dévorante vient troubler leur insouciance, et arrive le temps de l’âge adulte et des compromis. Mais oublie-t-on jamais son amour de jeunesse?
Porté sur cinquante ans par un souffle irrésistible, ce roman est le portrait sensible d’un amour destructeur et de l’éveil au monde de toute une génération. Au sommet de son écriture, Kjell Westö tire avec brio les fils du destin et nous offre l’égal scandinave de Bienvenue au club de Jonathan Coe et des Intéressants de Meg Wolitzer.

«On ne peut résister à cette splendide 
saga romanesque.» Aftonbladet

Éditions Autrement,  janvier 2018
593 pages
Traduction (Suédois) : Jean-Baptiste Coursaud



Kjell Westö est né en 1061 à Helsinki. Auteur notamment d'Un mirage finlandais, lauréat des prestigieux Finlandia Prize et du Nordic Council Award, il est considéré comme l'un des écrivains majeurs des lettres scandinaves et a conquis les lecteurs dans le monde entier.







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