jeudi 1 novembre 2018

Ça raconte Sarah ★★★★☆ de Pauline Delabroy-Allard

Ça raconte ça, le silence tonitruant et les jours cotonneux dans lesquels on flotte, quand on offre la vérité. 
Ça raconte ça, qu'on ne peut pas aimer, boire et chanter en paix, que pour vivre heureuses, il faut vivre cachées.
Ça raconte Sarah, imprévisible, ondoyante, déroutante, versatile, terrifiante comme un papillon de nuit.
Ça raconte une passion dévorante, une course poursuite exaltante et passionnante de l'amour absolu. Empreint de sincérité et d'élégance. 
J'ai beaucoup aimé.


Quatuor à cordes, Béla Bartók, en pizzicato

« Mon corps brûlant reste parfaitement immobile. Si ne pas renverser le château de sable de son sommeil signifie mourir de chaud alors je veux bien mourir de chaud.
Dans cette tempête, elle est capitaine de navire. Je deviens femme de marin.
J'écoute, ce printemps-là, un seul morceau qui ne soit pas du quatuor à cordes, Indian Song que chante Jeanne Moreau. Les quelques notes du début, avant sa voix, me font pleurer. Quand elle chante, je chante avec elle, la voix éraillée d'un chagrin qui semble venir de très loin, que je ne m'explique pas.Chanson, toi qui ne veux rien dire, toi qui me parles d'elle, et toi qui me dis tout.
Aucun nuage, jamais. Du bleu partout, du rose cerisier du Japon à tous les coins de rue. Des taches de soleil sur les trottoirs. Aucune mélancolie, jamais. De la joie. Ce printemps est une fête qui dure et qui dure. Mon corps ne s'en remet pas. Altération de l'état général, encore et encore.
Le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare est une pièce inclassable où le comique et le merveilleux se côtoient tout du long. Le texte livre une réflexion sur les pouvoirs de l'imagination face à l'arbitraire de la loi, et notamment face aux rigueurs de la loi familiale. La nuit, lieu du désordre, des songes et des fantasmes s'oppose au jour, lieu de la réalité, de l'ordre et de la discipline. La traduction de François-Victor Hugo transcrit à merveille l'humour du dramaturge anglais, notamment dans ces dialogues enlevés qui terminent l'acte V, lorsque le personnage de Pyrame revient sur scène, et, apercevant le manteau de sa belle taché de sang, se tue en l'imaginant morte. »

Quatrième de couverture

Ça raconte Sarah, sa beauté mystérieuse, son nez cassant de doux rapace, ses yeux comme des cailloux, verts, mais non, pas verts, ses yeux d’une couleur insolite, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre, ça raconte le moment précis où l’allumette craque, le moment précis où le bout de bois devient feu, où l’étincelle illumine la nuit, où du néant jaillit la brûlure. Ce moment précis et minuscule, un basculement d’une seconde à peine. Ça raconte Sarah, de symbole : S.

Éditions Les éditions de Minuit, septembre 2018
189 pages
Prix des libraires de Nancy
Prix Envoyé par La Poste

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