jeudi 29 décembre 2022

Trois sœurs ★★★★☆ de Laura Poggioli

« S’il te bat, c’est qu’il t’aime », affirme un proverbe russe. 

IMPENSABLE.

Laura Poggioli revient sur un drame familial qui s'est déroulé à Moscou, il y a quelques années : trois soeurs violentées psychologiquement et physiquement par leur père. Une relation criminel-victimes dans tous les aspects de la vie quotidienne.
« Mikhail Sergueïevitch Khatchatourian était grand, large, imposant, les yeux noirs perçants, le ventre débordant. Il était terrifiant, et les clichés de lui abondamment partagés en ligne entretenaient son image d'ogre. »
Le 28 juillet 2018, elles l'assassinent. 

Si vous êtes, en ce moment, plutôt lecture récréative, passez votre chemin. Revenez-y plus tard, si le coeur vous en dit ; car l'écriture vaut le détour. Et le sujet forcément, fait de cette lecture une lecture nécessaire.
Elle est difficile, certains passages sont glaçants. Le système judiciaire russe est accablant, cruel, lamentable envers les femmes. Je suis passée par une multitude d'émotions, de la colère à la tristesse, de l'incompréhension à l'effroi. 
« « Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon. » Je connaissais la phrase liminaire d'Anna Karénine par cœur depuis l'adolescence mais j'en mesurais maintenant la portée. »
Laura Poggioli parsème et enrichit le récit de ce fait divers de sa propre expérience. J'ai trouvé son témoignage très à propos, courageux, il apporte, mon avis, à de la puissance à cette bouleversante lecture.  
« Je m'étais dit que je devais raconter cette histoire, mais pas seulement. Je voulais raconter tout ce qui foutait le camp en Russie, sans mettre de côté tout ce que j'y aimais, tout ce qui me remuait, tout ce qui était beau au-delà des préjugés et des on-dit. »

« Des voix s'étaient élevées, et leur histoire était devenue un symbole de l'indifférence des autorités et de nombreux citoyens face aux violences domestiques. Un an plus tôt, elles avaient été largement dépénalisées dans le pays. Les peines encourues étaient déjà minimes, mais il n'arrivait désormais plus rien à un mari violent. Les actes qui entraînaient auparavant une condamnation pour coups et blessures n'étaient plus passibles que d'une simple amende, placés au même niveau qu'un excès de vitesse. Une limite avait quand même été mise aux cas de récidive et de blessures graves, mais pour que récidive il y ait, encore fallait-il un dépôt de plainte.
Ce qui se passait au sein des foyers devait y rester, de nombreux Russes le pensaient, pas tous bien sûr: il y avait quelques associations, des activistes, des avocats qui se battaient pour dénoncer cet état de fait et réclamer une nouvelle législation. Mais beaucoup voyaient d'un mauvais œil tout ce qui ressemblait de près ou de loin à ce qui se pratiquait à l'Ouest. La libération de la parole autour des violences faites aux femmes, le mouvement #MeToo, c'était le symbole de la faillite de l'autorité morale qui menait à leur perte les sociétés En Russie, il avait ce proverbe qui disait « Biot - znatchit lioubit - s'il te bat, c'est qu'il t'aime », et les proverbes, c'est comme le passé: quand on ne sait plus où on va, on s'y agrippe pour se persuader qu'on est du bon côté. »

« Je m'étais dit que je devais raconter cette histoire, mais pas seulement. Je voulais raconter tout ce qui foutait le camp en Russie, sans mettre de côté tout ce que j'y aimais, tout ce qui me remuait, tout ce qui était beau au-delà des préjugés et des on-dit. »

« En cherchant des informations sur les violences intrafamiliales, j'étais tombée sur le reportage « Russie: SOS femmes en danger», diffusé sur Arte en octobre 2017, neuf mois après la dépénalisation des violences domestiques dans le pays. On y voyait une jeune femme appeler la police à plusieurs reprises pour dire que son mari la battait. Elle était en danger. Une policière lui répondait qu'elle ne pouvait rien faire mais qu'elle enverrait quelqu'un sur place si elle était assassinée. On entendait exactement cela. Et la jeune femme mourait quelques heures après cet appel. On entendait son père raconter cette histoire dans ce court reportage, traînant sa douleur d'un banc à l'autre, d'un parc à l'autre d'une petite ville périphérique sans couleur. Une voix anonyme racontait une histoire anonyme, une histoire qui ressemblait à des dizaines d'autres, à des centaines d'autres. Je m'en rendais compte avec stupeur en poursuivant mes recherches. »

« « Il n'était pas vraiment mauvais, tu sais, il buvait parce que la vie était compliquée, et puis après il n'arrivait plus à se contrôler. » Combien de fois avais-je entendu cela quand on évoquait ces temps passés ? Pourtant, moi, quand je bois, je ne roue personne de coups. Je fais du mal à moi, rien qu'à moi. »

« Fondée par l'activiste Aliona Popova, l'organisation Ti Ne Odna (Tu n'es pas seule) a rendu publiques sur les réseaux sociaux les affaires de meurtre, de tentatives de meurtre et de lésions corporelles auxquelles elle avait accès. Je ressentais le même écœurement à chaque affaire qu'elle partageait. S'il te bat, c'est qu'il t'aime.

C'est sûrement parce qu'il l'aimait que, le 22 septembre 2020, un habitant de Voronej, après une dispute, a incendié la voiture dans laquelle étaient assises sa fille de un an et sa femme. Il a aspergé la carrosserie avec de l'essence et y a mis le feu de l'intérieur avec des briquets. La mère a réussi à ouvrir la portière du véhicule en flammes et à faire sortir sa fille, brûlée au premier degré.

C'est sûrement aussi parce qu'il l'aimait que Sergueï Koukouchkine a violé sa fille d'un an et demi. Et c'est sûrement parce qu'il était le cet amour filial que le tribunal du Tatarstan l'avait acquitté deux fois en 2020, estimant que garant de «l'accusé n'avait aucune envie de satisfaire ses besoins sexuels», faisant fi de l'expertise du médecin ayant examiné l'enfant à l'hôpital et informé la police de la présence de blessures révélatrices d'abus sexuels, et du fait que l'homme ait regardé le jour même une vidéo dans laquelle un homme enfonce son index dans un vagin artificiel.

C'est sûrement enfin parce qu'il les aimait que Mikhail Khatchatourian s'en est pris à ses trois filles. « Les douleurs physiques et psychiques infligées par le père à ses filles pendant des années sont considérées comme des circonstances atténuantes mais on ne peut pas affirmer qu'elles constituent le mobile de l'attaque. Elles ne suffisent donc pas à justifier la prise en compte de la légitime défense. » Les conclusions de l'enquête ont été rendues le 14 juin 2019, près d'un an après le crime: Krestina et Angelina, majeures au moment des faits, devraient être jugées pour « meurtre commis en groupe avec préméditation », un crime passible de huit à vingt ans de prison. »

« Krestina s'égosille en repoussant sa grand-mère qui ne cesse de la pincer avec ses doigts rugueux. Pour qui elle se prend cette vieille mégère avec son poil au menton, ses cheveux filandreux, sa peau décatie et son cœur desséché ? Krestina ne peut plus la supporter, comme elle ne supporte plus les amis de son père, les Artiom, les Smbat, les Mihran, qui toujours se taisent, qui ne les défendent jamais, ou qui les salissent de leurs rires gras. Nom de Dieu, qu'est-ce qu'elle fout là, qu'est-ce que sa mère, son frère, ses sœurs et elle foutent là, qu'ont-ils fait pour mériter ça? Ce tyran de père, cette vieille folle de grand-mère, ces insultes, ces coups, cette violence, partout, tout le temps ? Qu'est-ce qu'elle a fait, sa mère, pour se retrouver la joue à moitié calcinée par la pomme de terre encore brûlante sur laquelle son père a collé son visage, empoignant ses cheveux, insultant, humiliant ? »

« Aurelia et Mikhaïl étaient nés en URSS, dans les Républiques soviétiques socialistes de Moldavie et d'Arménie, et il fallait se représenter la brutalité des changements qui avaient suivi l'effondrement du système pour imaginer le Moscou dans lequel la jeune femme avait atterri. Quand la grande écrivaine biélorusse Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de littérature, évoque dans La Fin de l'homme rouge la vitesse avec laquelle le communisme a été balayé du jour au lendemain, on peut toucher du doigt le tsunami émotionnel qui a pris tout le monde à la gorge pendant ces années-là. Parce que en Russie, en 1991, quand l'Union soviétique s'est effondrée, « les gens se débarrassaient de leur carte du Parti comme d'un objet inutile. On n'arrivait pas à y croire... Mais en quelques jours, tout avait changé. On lit dans des Mémoires que la Russie tsariste a changé de peau en trois jours. Eh bien, le communisme aussi. En quelques jours. Cela dépassait l'entendement...».
Après leur avoir inculqué l'horreur du capitalisme pendant soixante-quatorze ans, on a gentiment invité les anciens Soviétiques à acheter et à vendre tout ce qu'ils pouvaient, et n'importe qui s'est mis à récupérer des outils, de l'électroménager, de la vaisselle, des vêtements, tout ce qu'il était possible de trouver, pour le revendre, faire du commerce et créer son business. C'est ce que la mère de Marina a fait. Des abords de l'usine Severstal où son mari travaillait, elle s'est mise à courir en Turquie, en Allemagne, pour aller acheter tout un tas de fringues, et les stocker, les écouler. Une douzaine d'années après, elle avait pris son rythme de croisière et je la verrais débarquer à l'obchtchejitie, les bras chargés de sacs plastique remplis de ses dernières trouvailles. Elle s'était adaptée. Pour d'autres, c'était beaucoup plus compliqué. »

« [...] la place Loubianka, le quartier général de toutes les polices politiques soviétiques, où tant de gens avaient été torturés. En m'en approchant, je sentais un peu de leur humanité, comme si quelque chose d'eux à cet endroit-là avait subsisté. J'aimais visiter le musée Maïakovski construit sur cette place, ressentant toujours la même émotion devant la reconstitution de la petite pièce où le poète s'était suicidé et ses derniers vers inscrits sur les murs: « Lioubovnaïa lodka razbilas' o byt - La barge de l'amour s'est brisée contre le quotidien. » Dans la pudeur du mot «quotidien », il y avait la violence d'un régime qui avait dépossédé son peuple de la pensée, de l'intégrité, de la liberté. Depuis, je n'ai plus jamais été tentée par les idées de révolution, par le « soleil trompeur » de la pensée pure, qui apparaît de façon si limpide dans le film des années quatre-vingt-dix auquel le réalisateur Nikita Mikhalkov a donné ce titre, ni par ceux qui se sentent investis d'une mission et qui vantent les mérites d'une quelconque forme de « rééducation ».»

« Quand les violences domestiques ont explosé en France pendant le premier confinement, j'ai vu un reportage sur le sujet. Les voisins s'inquiétaient du bruit dans l'appartement d'à côté, la police arrivait, on entendait la femme pleurer, l'homme hurler, les coups tomber, mais la femme disait aux policiers que son compagnon n'avait rien fait, qu'ils avaient mal compris, que ce n'était pas ce qu'ils croyaient. On ne les balayait pas facilement la honte de soi, la peur des représailles, la culpabilité.
En Russie aussi les violences faites aux femmes ont augmenté durant le confinement, mais aucune étude n'a été faite à ce sujet. La journaliste Nastia Krasilnikova l'évoque dans la série documentaire Khvatit! (Assez!). Dans chacun des six épisodes de cette enquête, l'une des premières du en Russie, elle décortique le sexisme qui imprègne genre réalisées la société, le rôle joué par Internet, les maltraitances sur les enfants, les violences obstétricales, le poids de la religion, les mécanismes de la violence conjugale et de l'emprise psychologique. On n'a pas l'habitude de parler de ces sujets en Russie, ils font partie de ce qui est supposé rester dans l'intimité des foyers. »

« On sait aujourd'hui combien les traumatismes vécus par un peuple, une communauté, une famille, peuvent avoir un impact sur les descendants, sur ceux qui portent d'une façon ou d'une autre cette histoire, même éparpillés sur d'autres continents. Les origines arméniennes de Krestina, Angelina et Maria avaient certainement pesé sur la construction de leurs personnalités. Que revivaient-elles de ce passé collectif quand leur père leur enlevait leur innocence, leur intégrité physique, leur liberté ? Qu'avaient-elles purgé un soir de juillet 2018 en l'assassinant sur le sol de l'entrée de l'appartement de la chaussée Altoufievo ? »

« Mais ce qui se passait dans l'intimité de la pensée était particulièrement difficile à appréhender en Russie, parce qu'on parlait d'un peuple qui avait vu ce territoire sacré violé pendant plus de sept décennies - le totalitarisme étant une violence que nous, qui ne l'avons pas vécue, ne pouvons pas nous représenter. En Union soviétique, l'État était entré dans la tête des hommes et des femmes, niant à l'individu le droit d'exister pour lui seul. On avait fusillé les aristocrates, les bourgeois, les propriétaires, les religieux. Ensuite, il avait fallu rééduquer tous les autres, leur apprendre ce qu'on attendait d'eux désormais, enlever de leurs crânes ce qui pouvait résister, détruire des livres, empêcher les poètes et les romanciers d'écrire et les artistes de créer librement, parce qu'il n'y avait plus qu'une vérité. »

« L'esprit humain trouve toujours une façon de contourner l'adversité. De très nombreux Russes avaient commencé à recopier des textes à la main dans des petits cahiers qu'on se passait de foyer en foyer. Les proches des poètes apprenaient leurs vers par cœur, pour que, si ces petits cahiers venaient à disparaître, les vers restent imprimés dans la mémoire d'au moins un être humain, voire de plusieurs, car n'importe qui alors pouvait se retrouver condamné, envoyé au goulag, pour dix ans, vingt ans.

Dans la violence totalitaire, l'intime n'existait plus. On avait d'abord décidé de nationaliser toutes les propriétés et de réattribuer les logements en fonction du nombre de personnes qui y vivaient. On avait appelé cela des appartements communautaires, des komounalki. On collait une famille par chambre, on se partageait la cuisine, la salle de bains, il n'y avait plus aucune intimité, et pour avoir des rapports sexuels hors du regard des enfants et des voisins, on pouvait toujours s'enfermer dans les toilettes. Et puis, évidemment, tout le monde s'espionnait. Le plus vil ressortait: ton voisin t'embêtait ? Un petit courrier et c'était réglé. Tu l'avais entendu critiquer le camarade Lénine ou plus tard le camarade Staline ? Alors le goulag, il le méritait. Ou peut-être n'avait-il jamais critiqué le premier secrétaire du Parti ailleurs que dans le secret de son crâne auquel tu ne pouvais pas accéder, mais tant pis pour lui, il n'avait qu'à pas t'ennuyer. »

« Dès le début de la médiatisation de l'affaire, l'usage régulier du titre « Trois soeurs » a fait écho, dans l'imaginaire collectif, à la pièce d'Anton Tchekhov. Quand il l'a écrite, en 1901, cela faisait des années qu'il fréquentait les jeunes écrivains révolutionnaires, et déjà six ans que Lénine était entré activement en politique. Au début de la pièce, Irina, Maria et Olga Prozorov partagent avec leur frère Andreï et sa femme Natalia la maison familiale située dans un chef-lieu de province dont on ne connaît pas le nom. Les trois sœurs rêvent de retourner vivre leur vie de jeunes bourgeoises éduquées à Moscou où elles sont nées et où leur frère se voit faire carrière comme professeur d'université, loin de cette ville de garni- son où elles ne fréquentent que des militaires. Mais peu à peu, de désœuvrements en amours contrariées, leurs rêves vont être enterrés. Personne n'ira vivre à Moscou. Natalia dépouillera ses belles-sœurs de leurs biens, et deviendra la maîtresse incontestée de la maison des Prozorov.

Un monde disparaît, tandis qu'un autre voit le jour. Il ne restera bientôt plus rien de ces petits bourgeois sympathiques mais désœuvrés. Et, si la pièce de Tchekhov plaît toujours autant aujourd'hui, c'est parce qu'à travers les destins de ses héroïnes, ce sont toutes les faiblesses de la société du début du siècle dernier qui apparaissent, alors que se profilent quelques-unes des failles de la société nouvelle qui lui succédera, à partir d'octobre 1917. La rapidité avec laquelle les médias russes ont repris le titre de la pièce de Tchekhov pour parler des trois soeurs Khatchatourian prouve que leur histoire dépasse de loin le fait divers : elle donne à voir la société russe du début du XXe siècle, les failles de ses lois, de sa police, de son système juridique. L'affaire questionne la place des femmes et contribuera, je l'espère, à la transformer. »

« L'affaire a pris une dimension cathartique : les défenseurs des filles y ont vu l'occasion de purger des siècles de soumission, de tyrannie et de violences faites aux femmes; leurs détracteurs ont craint, quant à eux, de voir se diluer dans un potentiel acquittement des trois sœurs l'essence même des valeurs patriarcales, autoritaires, mais protectrices des affres de la modernité. 
Cette affaire a également été cathartique pour moi, tant elle me guérissait de mon rapport aux hommes.
Mon professeur de collège m'avait rendu insipides les relations qui allaient suivre avec les garçons de mon âge. Et puis j'avais perdu confiance. Il m'avait mise sur un piédestal : j'étais la plus intelligente de ses élèves, il me prêtait tous ses livres, il aimait rester des heures à parler avec moi, il passait son bras autour de mes épaules quand on visitait los Reales Alcazares pendant ce voyage scolaire au cours duquel tout le monde avait vu son comportement, sans réagir toutefois, même quand il m'avait serrée toute la nuit contre lui dans l'autobus qui nous conduisait à Séville.
Après, je me dirais souvent que, même dans une relation fondée sur des échanges intellectuels, les hommes n'en voulaient en fait qu'à mon corps: malgré mes diplômes, mon mariage bourgeois, le luxe matériel auquel j'avais accédé, les hommes sentiraient toujours que je n'étais qu'une fille venant de nulle part et qu'eux, les puissants, étaient en mesure de posséder. Je voyais pourtant la sexualité comme un instrument de pouvoir. Je m'étais souvent dit, plus ou moins consciemment, que je pouvais avoir tous les hommes, puisque même le professeur que toutes les filles adulaient était tombé amoureux de moi, et tous les hommes que j'avais voulus après lui, je les avais eus. Mon manque de confiance en moi y trouverait un peu de réconfort, mais au fond de moi je me disais: je ne suis faite que pour le désir qu'on cache parce qu'on en a honte, pas pour l'amour qui se vit au grand jour. »

« « Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon. » Je connaissais la phrase liminaire d'Anna Karénine par cœur depuis l'adolescence mais j'en mesurais maintenant la portée. »

Quatrième de couverture

Quand la police de Moscou est arrivée, les trois sœurs étaient assises le long du mur à côté du cadavre de leur père. Il avait le poil noir, le ventre gras, une croix dorée autour du cou. Depuis des années, il s'en prenait à elles, les insultait, les frappait, la nuit, le jour. Alors elles l'ont tué.
La Russie s'est déchirée à propos de ce crime, parce qu'il lui renvoie son image, celle d'une violence domestique impunie.
À vingt ans, Laura Poggioli a vécu à Moscou. Elle aimait tout: la sonorité de la langue, boire et sortir, chanter du rock. Elle a rencontré Mitia, son grand amour. Parfois il lui donnait des coups, mais elle pensait que c'était sa faute. « S'il te bat, c'est qu'il t'aime », dit un proverbe russe.

Laura Poggioli imagine, scène après scène, la vie des trois sœurs. Elle mêle le récit de sa propre vie à la leur. Elle donne à voir et à sentir l'âme russe d'aujourd'hui et pose la question du désir des hommes et de leur violence. Trois soeurs est son premier roman.

Éditions L'Iconoclaste,  août 2022
251 pages
Prix Envoyé par la Poste 2022

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