mercredi 30 août 2017

Molosses ★★★★☆ de Craig Johnson


Premier contact avec la plume de Craig Johnson, première rencontre avec le shérif Walt Longmire et quelque chose me dit qu'il y en aura d'autres !

Une virée étonnante à Durant, dans un Wyoming glacial, qui débute lentement, ce qui, je peux le concevoir, pourrait en rebuter certains; personnellement, j'ai apprécié ce rythme lent, cette absence de véritables actions, au début, qui m'a laissé le temps de savourer le talent de conteur de l'auteur, et m'a permis de m'imprégner du décor sauvage et balayé par les vents de cette contrée.

La balade est loin d'être aussi tranquille pour Walt, et alors que nous pensions avoir à faire à de simples problèmes relationnels de voisinage, l'histoire prend un tout autre tournant avec la découverte d'une culture de Marijuana, et l'enquête autour de la découverte d'un pouce et d'un accident bien étrange, alors se corse, et le shérif en gardera quelques traces (une habitude apparemment !).

L'intérêt de cette lecture est au-delà de l'intrigue policière, elle réside dans la capacité qu'a l'auteur à parler de l'humain, à mettre en scène des personnages complexes, attachants pour beaucoup, à décortiquer leurs relations bien tordues, à nous émouvoir véritablement. J'ai découvert un shérif qui derrière ses allures de colosse cache un coeur tendre. Je l'aime bien ce shérif !
Un polar très sympathique, non dénué d'humour, à l'écriture plutôt simple, mais qui touche profondément, que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire. Hâte à présent de découvrir les précédentes aventures du shérif Longmire, qui à en juger par le nombre de cicatrices qu'il porte, n'ont pas été de tout repos !

Devient-on addict des écrits de Craig Johnson ? Pour ma part, j'en ai bien peur, ce qui ne vas pas arranger mes affaires, étant donné la pile de livres empruntés à la bibliothèque, la pile, que dis-je, une tour de Pise, oui! et qui n'a pas diminué aussi vite que je l'aurais espéré pendant mes vacances ;-)
Quand on aime, on ne compte pas ;-)

Une lecture partagée avec mon beau-frère, qui, plus expert que moi en matière de polar et thriller, a aussi apprécié cette lecture. Je suis d'ailleurs jalouse, car il est en avance sur moi ! Pour la petite histoire, lors d'une visite à Montaulieu (village du livre, près de Carcassonne, un passage dans ce village que je recommande d'ailleurs à tous les amoureux des livres, il y a des librairies partout !), il est reparti avec le premier volet des aventures de Walt... grrrr ;-)

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«Après avoir passé cinq ans au département de la police de Philadelphie, elle avait atterri dans notre coin montagneux actuellement pris sous la glace et, lentement, elle avait commencé à dégeler mon cœur. Elle ressemblait à une de ces femmes qu'on voit étendues, alanguies, sur le capot des voitures exposées dans les salons ; enfin, il fallait y ajouter un caractère bien trempé et un Glock 17.
L'animal avait du sang de saint-Bernard, de berger allemand et d'un paquet d'autres races, dont la plupart étaient des espèces domestiquées, sauf lorsque vous aviez un morceau de bacon - là, il appartenait à l'espèce du grand requin blanc.
 Ozzie, je suis vraiment content que vous ayez décidé de prendre les choses de cette manière. Je crois qu'ainsi beaucoup de susceptibilités seront ménagés.Il continua à m'observer, et je pensai aux dégâts que l'on causait dans la vie simplement en étant soi-même et en se levant le matin.
On entendait un morceau de boogie western avec un accompagnement à l’accordéon à faire cloquer la peinture aux murs.
- Vous avez laissé partir Geo ?
A travers ses épaisses lunettes, Doc contempla les flocons de poussières qui flottaient dans son bureau.
- Non, il a filé à la Longmire.
- Qu'est-ce que vous entendez par là ?
Isaac referma le livre qu'il tenait entre les mains et le posa sur le haut de la cinquième des piles fragiles qui se trouvaient sur son bureau.
- Il a signé un bon de sortie et il a disparu dans la nuit, un peu comme un autre individu que nous traitons régulièrement dans cet hôpital, et dont les fuites sont devenues tellement régulières que nous avons maintenant intégré son nom dans notre lexique.
– À l'échelle de l'État, est-ce qu'il y a plus de meurtres en hiver ?– Non. Il y a plus de meurtres, viols, braquages, coups et blessures, et vols en été, comme partout ailleurs. Ça monte comme la sève en été, puis ça fond comme neige au soleil.– Sans jeu de mots ?– Non.
Je regardai ce frisson qui saisit les gens au moment où on leur annonce ce genre de nouvelle, ce front d'émotion qui déferle avec les réminiscences de toute une vie. Elle frémit et se recroquevilla lentement sur sa chaise. Betty Dobbs se rappellerait tout de ce moment, l'expression de mon visage fatigué, mal rasé, l'odeur du seau de détergent posé à nos pieds, et le bruit du vent qui fouettait la maison autrement vide. Qui sait combien de temps il lui faudrait pour se remettre, mais ce que je savais, c'était que si je gérais mal cette situation, elle serait hantée très longtemps, ce moment se graverait de manière indélébile dans sa mémoire.
Le vent augmentait; c'était ce moment atone de l'hiver lorsque le linceul des Hautes Plaines dilue le cobalt lavé du ciel avec des traînées de nuages fins, vaporeux.»
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Quatrième de couverture

Alors que l'hiver s'installe dans le comté le moins peuplé de l'État le moins peuplé des États-Unis, Walt Longmire, son shérif, se voit confier une curieuse mission : celle de mettre la main sur le propriétaire d'un pouce abandonné à la décharge. L'enquête devient rapidement haute en couleur, car Walt se trouve face à deux molosses qui gardent le terrain, à son vieux propriétaire loufoque et à un promoteur immobilier multimillionnaire qui cherche à prendre possession des lieux pour étendre son vaste ensemble de ranchs luxueux. Sans parler d'un jeune couple fleurant bon la marijuana, de la vieille institutrice au charme incontesté, du perroquet dépressif et déplumé et de quelques cadavres qui bientôt viennent compliquer cette affaire.

On retrouve dans Molosses ce remarquable équilibre entre tension extrême et humour décapant qui font de Craig Johnson un des grands maîtres du polar américain.

Craig Johnson est en train de composer une série qui deviendra un "must"; alors pelotonnez-vous, installez-vous confortablement et profitez du voyage.

Editions Gallmeister, mars 2014
314 pages
Traduit de l'américain par Sophie Aslanides
Edition originale Junkyard Dogs, 2010




Craig Johnson a exercé des métiers aussi divers que policier, professeur d'université, cow-boy, charpentier ou pêcheur professionnel avant de s'installer dans un ranch qu'il a construit de ses mains sur les contreforts des Bighorn Mountains, dans le Wyoming.




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