« Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est pourquoi nous ne sommes que sept ou huit pauvres mecs dans ce paradis du fjord de Geirmundur. Peut-être qu'on s'ennuie au paradis, par comparaison avec la joie qui règne dans la capitale. »
Entre terre et mer, "Du temps qu'il fait" nous transporte littéralement en Islande ; l'immersion est garantie !
Des pages qui sentent bon les embruns, chargées de solidarité, de lenteur, de mélancolie, de tempêtes, de convivialité, d'amour, d'humour, de poésie et de sagesse... Un beau programme et des pages qui font un bien fou.
« Contempler la baie, un matin, quand les nuages reposent paisiblement sur la côte de l'autre côté, là où tout doit être mieux et où la lumière abrite des promesses inconnues. », avouez que c'est tentant, non ?
« Quand le philosophe est arrivé dans le coin
Jolie brise soufflant de l'est et mer assez agitée. Pas de coup de chien aujourd'hui. J'ai pris une tonne hier, en trois heures environ. Beau poisson.
En route vers le port, je me suis demandé si ce n'avait été qu'un pur hasard que je fasse cette bonne pêche, sur les bancs de Selbrún. Il me semblait avoir senti quelque chose. Quelque chose m'avait conduit là-bas, peut-être que la journée d'hier était entièrement planifiée. Ou bien n'était-ce que le hasard ? Et alors Gusi, Bensi, Kalli et Ebbi, Sigursteinn le chef de file et sa femme, le pasteur et tous les autres ne seraient ici dans le fjord de Geirmundur que par pur hasard, ou bien était-ce notre destin préétabli ? Et qui est-ce qui décide ? Il m'est venu alors à l'idée la toile d'araignée dans l'entrepôt et je me suis demandé si nous n'étions pas comme les mouches qu'elle attrape et ficelle. Quelqu'un nous a peut-être capturés de même dans une sorte de filet du destin pour nous bloquer dans le fjord de Geirmundur.
Mais non, ça ne tient pas debout. Parce que nous pouvons parfaitement aller ailleurs, comme Dósi, si cela nous chante. Nous devons donc pouvoir choisir aussi, mais est-ce que nous distinguons la toile d'araignée qui nous tient prisonniers ? Peut-être que nul ne la voit sauf Dieu, et possiblement Bensi avec ses grosses jumelles. Par bonne visibilité, il peut voir jusqu'à l'autre fjord. »
« Il énonça alors que la philosophie cherchait en tout cas la vérité et ne la fabriquait pas, comme la religion. »
« Gusi demanda tranquillement au philosophe pourquoi les gens devraient en fait étudier la philosophie.
Le philosophe regarda ses paumes avec sérieux pendant un long moment, comme s'il cherchait vraiment à soigner sa réponse, avant de dire enfin: Je ne sais pas pour les autres, mais moi j'étudie la philosophie pour mieux comprendre le monde. »
« Thorsteinn s'est étonné pendant longtemps du fait que sa Snæfrídur ne voulait pas se réveiller, prendre ses aiguilles à tricoter ni rien. Quand les gens de la ferme lui ont dit que Snæfrídur était morte, il a eu ces mots : Ah, elle est morte ? C'est la première fois que ça lui arrive.
Et c'est qu'il avait raison, le vieux Thorsteinn.
Le bout de pré autour de l'église était devenu verdoyant, la mer au-delà était bleue et le ciel, avec ses coussinets blancs, était prêt pour le Christ. La mer était assez grosse et le grondement du ressac se mêlait au sermon du pasteur qui parlait de la vie future et de l'importance d'avoir étanché sa soif à l'eau de la vie comme la défunte Snæfrídur, avant d'arriver dans l'au-delà.
Les moutons bêlaient et broutaient l'herbe autour de l'église et l'on pouvait bien s'imaginer que c'étaient des anges.
Ebbi et Bensi font partie du chœur, outre deux couples qui viennent de la campagne, et c'est incroyable à quel point leurs voix sont bien accordées quand ils chantent. Bien que tout le reste dans la façon d'être des deux frères soit antagoniste et contradictoire, c'est à croire que la merveilleuse harmonie engendrée par leurs voix efface toutes les oppositions. Debout près de l'orgue, ils sont comme deux algues ondoyant près du rivage en parfaite synchronisation et le cœur de l'église se met à battre, projetant la prière dans la voûte au-dessus. Assis à côté de moi, Gusi chantonnait à l'unisson. Comment arrangerait-il l'église si sa religion avait son mot à dire ? Un grand flétan luisant en guise de retable et une peau de phoque étirée et punaisée sur la croix ?
C'est ainsi qu'on a chanté dans une petite église en bois au bord de l'océan, le ressac accompagnant chaque verset et un rayon de soleil, traversant le voile des nuages, s'est posé sur les iles au large. »
« Les moutons sont-ils des anges ?
Ça dépend de comment on voit les choses, cher Halldór. Ils sont dodus et bien frisés. Et au service des hommes, de sorte que ta question est assurément fondée. Là-dessus, le pasteur se mit à rire comme un soufflet de forge qui se remplit d'air, ou comme quand on marche sur un poisson gras à moitié mort. »
« Les rubans d'algues roulaient paresseusement d'avant en arrière dans l'eau basse du rivage, faisant penser à un chœur d'église.
Qu'est-ce qu'on pourra bien faire dans cet autre monde ?
C'est sûrement une excellente croyance, dit Gusi, que l'on devienne esprit aux cieux après la mort. Mais moi, je ne tarderais pas à m'ennuyer. J'en aurais vite ras-le-bol, mon vieux, si je n'avais pas la possibilité de sortir en mer pour pêcher. Et je prie l'auteur des poissons, où qu'il veuille me mettre, de me laisser sortir en mer pour la pêche, comme j'en ai l'habitude.
Mais peux-tu être sûr qu'il y ait une vie quelconque après la mort ? demandai-je.
La réponse est bien simple, mon p'tit vieux, dit-il en enfilant un hameçon sur la ligne: On l'exigera. »
« De la félicité spirituelle et de la graisse de phoque
Vent du nord. Grosse mer qui se brise sur le promontoire de Hamarshöfði et l'on finit par se sentir brisé soi-même.
Une fois de plus, je taille mon crayon pour relater les événements qui ont lieu ici, dans le fjord de Geirmundur. Je ne sais pas pourquoi je suis tout le temps en train de tailler mon crayon. Il ne se passe jamais rien ici. Il n'y a que quelques mecs dans le fjord qui s'en vont pêcher la morue qu'on envoie à Reykjavík, où elle est mise à plat et salée avant d'être envoyée au Portugal, où la señorita Periglesi invite ses voisins à une garden-party où tout le monde danse au son de la guitare, et tout le monde est content au grand soleil en mangeant le poisson venu des hauts-fonds de Hámundur. Ici, il ne se passe rien et on ne danse pas. Toujours pas d'aide-ménagère. Ici, il n'y a pas d'histoire d'amour. Ici, il n'y a pas même un cheval. Pas de bagarres, pas de coups fourrés et pas d'embrouilles, pas de héros et pas de rusés renards. Rien que quelques mecs sans aide-ménagère, qui pêchent du poisson sur les côtes. Pas étonnant qu'on ait envie de la suivre, la morue, jusque chez Mme Periglesi, ou bien de contourner la péninsule comme Dósi, attiré par les millions avec toutes leurs paillettes.
Il n'est pourtant pas sûr qu'on puisse trouver là-bas, à l'étranger, du poisson faisandé et de la graisse de phoque. Je ne connais rien qui puisse égaler cela : quand les coups de vent d'ouest couchent les linaigrettes des marais, s'allonger sur la banquette après avoir mangé du poisson faisandé et de la graisse de phoque. On se redresse peut-être, en appui sur un coude, pour dire à ceux qui passent dans le couloir quelque chose de bien médité sur le temps qu'il fait, du genre : le vent va bientôt tourner au sud. Le courant d'air de la fenêtre et les rayons du soleil se fondent alors dans la poitrine et l'on entend cette étrange et joyeuse musique qui semble venir d'une radio éloignée et, tout à coup, on est passé de l'autre côté et on rêve, par exemple, de nuages en forme de grosses bonnes femmes toutes nues qui se tapent en riant sur le bedon, de sorte qu'on reprend ses esprits, le cœur plein de gratitude d'exister sur la terre. »
« Regardez le cercle de montagnes autour de vous, les gars ! Quel touriste ne s'éclaterait pas en un tel endroit ! Ce à quoi les habitants d'ici doivent penser, c'est à développer les services et trouver des distractions pour les touristes. D'après les dernières données de l'économie, le tourisme est le facteur le plus sûr, celui qui a le plus de potentiel de croissance de toutes les perspectives d'avenir.
L'humeur du pasteur s'assombrit alors ; il ne peut jamais se retenir. Il se mit à siffler en regardant les nuages avant de couper la parole au député : Il me semble que le vent est bel et bien en train de tourner au nord. C'est la bise ! ajouta-t-il en regardant droit dans les yeux le nouveau député, manifestement effaré d'un tel accueil. Mais qu'est-ce que ça peut faire, poursuivit le pasteur, si nous suivons cette nouvelle annonciation et nous lançons dans le tourisme, il n'y a qu'à changer les bateaux de pêche en boutiques flottantes où l'on vendra des hot-dogs et des souvenirs aux touristes et puis on n'a qu'à apprendre à dire bonjour en dix langues et envoyer promener tout ce qui touche à la météo. Il me montra du doigt en disant qu'on pourrait bientôt faire de moi un mannequin de cire, m'entourer d'un musée et me désigner comme ayant été le dernier pêcheur indépendant d'Islande.
Il faut discuter de ces choses-là avec sérieux, et pas de badinage de ce genre, observa le député en posant sur le pasteur un regard grave.
Et le prêtre s'emporta alors comme l'autre fois il monta sur ses grands chevaux au point de faire voler toute politesse en éclats et se lança dans un discours tonitruant sur le maudit capitalisme, ajoutant que le discours du député ne pouvait être pris au sérieux puisqu'il émanait d'un représentant de l'initiative individuelle. Des filaments de nuages voilèrent le soleil, mais quelques rayons faisaient encore luire le front moite du député.
Ce sont vous et vos semblables, poursuivit le pasteur, qui êtes justement en train de dépouiller les habitants de la province de toute possibilité de vivre par leurs propres moyens. Vous vous en foutez bien que tout se désertifie par ici parce que, selon votre économie à l'américaine, ça ne vaut pas la peine d'avoir des êtres humains dans les campagnes, sauf en plein été quand vous venez admirer les montagnes et réclamer des hot-dogs. Vous ne voulez pas voir de petits bonshommes pêcher dans les fjords, ce que vous voulez, c'est ratisser toutes les eaux du littoral et aspirer chaque petit poisson dans des chalutiers-usines pleins de robots. Parce que c'est ce qu'il y a de plus rentable selon votre système économique. Vous ne voulez pas de fou-tue vie culturelle en province, et pas de culture du tout d'une manière générale. On a calculé depuis longtemps que ça ne rapporte rien de permettre aux petits bonshommes de subsister.
Vous n'avez absolument rien compris aux objectifs de l'idéologie du parti conservateur, remarqua le député avec un petit rire.
Pour moi, les fidèles du parti conservateur de l'Indépendance n'existent pas, dit le pasteur. Je ne sais pas ce que c'est. On a écrit des livres là-dessus, montré et démontré qu'un homme soi-disant indépendant, ça n'existe pas, pas plus qu'un homme libre. C'est un malentendu qui repose sur la notion selon laquelle le monde tournerait autour de ce qu'on appelle l'individu - qui est une invention relativement récente - et qu'il n'y aurait rien d'autre dans l'univers que l'individu. Si vous étiez versé en physique contemporaine, vous comprendriez mieux que le phénomène « individu » n'existe pas, car il y a toujours au moins quatre échantillons de tout, aussi bien des particules que des individus.
Le député restait immobile, se tenant à quatre pour faire preuve de patience, tout en ricanant.
Le pasteur poursuivit : Pour moi, il n'y a que deux sortes d'hommes en politique : il y a les donneurs-de-coups-de-pied-à-ceux-qui-sont-à-terre et les socialistes. Ces donneurs-de-coups-de-pied-à-ceux-qui-sont-à-terre adhèrent à ce qu'ils appellent « l'entreprise individuelle » et ils sont déjà experts en fraude fiscale à l'âge de vingt ans, ont fondé une entreprise à trente ans, sont devenus des notables ventripotents à quarante, s'adonnant à l'œnologie et à la chasse, et à cinquante ans, ils deviennent francs-maçons dans l'espoir de récupérer une âme qu'ils ont vendue depuis longtemps... »
« Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est pourquoi nous ne sommes que sept ou huit pauvres mecs dans ce paradis du fjord de Geirmundur. Peut-être qu'on s'ennuie au paradis, par comparaison avec la joie qui règne dans la capitale. »
« Il y a une chose de sûre, a dit Daniel en venant à notre rencontre pour nous souhaiter le bonjour et amorcer la conversation, c'est que le mouton est le seul bestiau à la surface de la terre qui ne pense pas.
Le poète n'était pas sur la même longueur d'onde et a dit : Je pense, donc je suis, plaçant sous sa protection ses amis du pré. Le fermier s'est mis à rire et a répliqué - comme s'il n'avait rien fait de toute sa vie que répondre aux philosophes : Il me semble bien que les brebis là-bas démentent votre théorie: elles ne pensent pas, et pourtant elles existent.
Ce n'est pas ma théorie, rétorqua le poète d'une voix empreinte de colère étouffée, c'est un philosophe français qui a dit ça au Moyen Âge : Cogito ergo sum.
Français ? Et qu'est-ce que les Français peuvent bien savoir des moutons islandais ? a dit Daniel le fermier en escaladant la clôture pour aller battre le rappel des moutons dans le pré.
Le poète s'est tu un moment, à croire que Daniel l'avait désarçonné avec sa faconde, que le Reykjavikois n'était pas en mesure d'apprécier. Puis Snægrímur le poète s'est rapproché de moi pour me confier avec conviction : Cet homme-là est Homo sapiens. C'est facile d'être Homo sapiens. C'est dans le cœur que commence le fouillis. »
« Le silence plana un moment dans le salon, où seul le courant d'air se fit entendre. Mais aucune réponse ne vint, si ce n'est un flot de paroles du poète d'où il ressortait qu'il avait acquis depuis longtemps un sain dégoût pour cette culture de l'argent, où quelques individus indélicats ratissent à leur profit les ressources du pays, où tout s'écrase devant les impératifs du marché et des gros richards qui auront acheté tout le pays avant qu'on n'y prenne garde, où la plupart des artistes ne sont rien d'autre que des clowns minables ou des bombes sexuelles à demi nues à la solde des magnats de la mode, pour dire aux jeunes filles comment s'habiller. Le poète ajouta ensuite avec une ardente conviction : Enfin, est-ce que vraiment personne ne se rend compte de tout cela ? Est-ce que personne ne réalise l'absence de valeurs spirituelles dans tout ceci ? Il nous regardait et le pasteur hochait la tête en émettant un oui après l'autre, oui, c'est vrai, oui, oui.
On n'entend ni ne voit plus de cœurs s'ouvrir nulle part, poursuivit le poète, on ne trouve plus nulle part de pur poème, ni de sentiment humain; n'était-ce pas pourtant le pivot de la vie ? Et en présence de cette bouse, le poète est comme une mouche qui soupire, une mouche dont tout le monde se fout.
Le pasteur se leva lentement, s'avança vers le poète qui était visiblement ému par lui-même et dit, les yeux au ciel, avec un sanglot dans la voix :
C'est un ange de Dieu qui vous a envoyé.
Puis il prit le poète dans ses bras et le serra très fort, les yeux embués de larmes, disant que c'était l'esprit qui avait triomphé du monde.
Je dois dire que les sentiments ardents de ces deux hommes m'émurent et je vis que deux âmes s'étaient rencontrées là, sur la même longueur d'onde. Ils s'entretinrent ainsi des multiples faces de la méchanceté des temps modernes pendant toute la soirée. Le prêtre parlait de faire la révolution et pleurait de joie du fait qu'on lui ait envoyé une telle âme, saine et vivante. Et c'est ainsi qu'un prêtre et un poète déplorèrent le sort du monde, ici à la campagne, tout juste au sud du fjord le plus septentrional des régions habitées de l'Islande. »
« L'autre jour, j'ai montré cette petite bibliothèque à Snægrímur le poète et il s'est mis à rire et à se moquer, avec des rendez-vous compte au fur et à mesure qu'il sortait les livres de leurs étagères. Mais il était visiblement ému, et c'est ainsi que je me suis toujours imaginé les poètes : très émotifs. Je lui ai montré le livre en peau de phoque avec ses drôles de lettres, où l'on parle de « tattuo » dans les pays de l'Inde, ce qui doit être la même chose que tatouage, puisqu'il y est dit que « la chair est piquée d'aiguilles et des couleurs sont frottées dans les os ». Snægrímur le poète a trouvé que c'était rudement bien dit. »
« Je sais bien d'où elle vient, cette femme. Elle vient du désert privé de bonté de Reykjavík et elle est, en outre, le rejeton de notre époque qui en est également dépourvue. Quelles sortes de personnes, à ton avis, proviennent de cette société de Reykjavík ? C'est cette engeance qui sue à force de stress et de commérages, au téléphone pendant la journée, se vautre devant la télé le soir, mâchonne des antidépresseurs et a du mal à déchírer l'emballage en plastique de sa pizza ? Comment un cœur pur pourrait-il jaillir de l'absence totale de spiritualité ? Pourquoi la bonté surgirait-elle de l'absence totale de bonté ? Ces minettes à ecstasy, laisse-les où elles sont, à Reykjavík, conclut le pasteur. Le temps présent n'est qu'un gros idiot, mon cher Halldór. Tu peux aussi bien arpenter la grève en tapant sur une barrique échouée qu'en tirer quelque chose de sensé. On peut s'estimer heureux de pouvoir résister ici pour le moment.
Je lui ai dit alors que c'était comme si elle m'avait brisé le cœur, qu'elle m'avait traité de petit pêcheur de rien du tout, comme si je ne méritais pas d'avoir une bonne amie comme les autres et étais condamné à rester toujours à l'écart, et j'ai eu une toute petite voix avec des sanglots dans la gorge, là, à la table de la cuisine. J'étais en mal de chaleur compréhensive, de phrases bienveillantes disant que j'étais normal, mais le pasteur a poursuivi dans la même gamme :
Pauvre homme d'aujourd'hui, qui brûle d'avoir des rapports fabuleux avec des blondinettes et aspire à avoir du fric plein les poches. Qui fixe de ses yeux vides les chiffres du cours de la Bourse, déboussolé et sans réaction aux conneries des médias. Pauvre homme d'aujourd'hui qui ne sait pas qu'on se fout de lui quand il croit être son propre maître à la poursuite de ses rêves, qui ne se doute pas que son rêve est le produit d'habitants sans âme des grandes villes d'Amérique. Pauvre homme d'aujourd'hui qui ne connaît ni la nature autour de lui, ni la vie dans son propre cœur. Pauvre...
C'est alors que je me suis levé en disant que je n'étais pas venu pour écouter des discours sur le foutu temps présent, et je suis sorti.
Le pasteur a crié derrière moi que le malheur, si on creuse la question, tient pourtant bien au fait qu'une foule de gens sont en train de s'éloigner et de devenir méchants les uns envers les autres. Le commercialisme est en train de venir à bout de la bonté chez les humains.
Je me contrefous de ce qui se passe dans le monde, lui ai-je répondu devant la maison. Je n'ai pas besoin de votre désespérance, j'ai seulement envie de vivre et de faire partie du monde ! »
« Quand Gusi est allé pêcher au cours d'un week-end de pêche interdite
Légère brise de sud-est aujourd'hui et taches ensoleillées courant sur le rivage, mais quand j'écris ces lignes vers minuit, le vent a mis des nuages sur les montagnes et souffle du nord.
Oui, c'est maintenant un week-end d'interdiction de pêche et pour nous, pêcheurs saisonniers à la ligne de fond, il n'y a aucun moyen de s'en sortir. Ça m'a donc fait drôle de me réveiller ce matin au bruit insistant de grattements sur le gravier: quelqu'un traînait un bac du hangar de préparation du poisson, sur le terre-plein et jusqu'au ponton. Quand je suis descendu, Gusi était en train de ravitailler en mazout L'Aigle des mers, dont le moteur ronronnait.
Le temps me plaît sacrément bien, les gars, calme plat, mais légère brise quand même au large et ça dérive un peu, une foule d'oiseaux et une baleine tout au nord: ça grouille sûrement de petits poissons dans les remous du courant.
T'es pas un peu cinglé ? a fait Ebbi, ouvrant des yeux éberlués derrière ses lunettes rafistolées avec du scotch; si la Direction des pêches l'apprend, ils vont te tuer.
Tuer, a dit Bensi, ils ne peuvent tuer personne, et d'ajouter que le mieux serait de faire du café et de sortir en mer aussitôt. Gusi a attrapé ses affaires pour le café et dit en descendant l'échelle à reculons: Je ne sais plus de quel côté est la folie. Je pêche ici depuis cinquante ans et je n'ai même pas droit à un seul kilo de quota; comment se fait-il que ce soient des gens de Reykjavík, qui n'ont jamais pissé dans l'eau salée, qui possèdent tout le poisson de nos parages? La nature s'est chargée de m'interdire assez de sorties en un demi-siècle pour que je n'aie pas besoin d'interdictions de la part de types de la capitale. C'est l'auteur des poissons qui a créé tout ce qu'il y a ici, et la première chose qu'il m'a dite ce matin quand je me suis réveillé, c'est de sortir en mer et de mettre ma ligne à l'eau.
Tu es plus têtu que le diable en personne, Dufgus Timóteusarson, a énoncé Kalli en pissant du ponton. J'ai jeté l'amarre à Gusi qui avait sorti la tête par la lucarne de la timonerie comme un vrai capitaine pour nous dire de la lâcher, il allait voir maintenant si ça mordait. Et puis L'Aigle des mers s'est éloigné, longeant le brise-lames en ronronnant.
Ebbi se faisait beaucoup de souci, pensant que ce fantasme du créateur des poissons finirait par plonger Gusi dans de sacrées emmerdes. Peut-être Ebbi n'a-t-il pas compris que Gusi use de cette formule pour désigner Dieu ? Quoi qu'il en soit, l'anxiété d'Ebbi ne s'est pas avérée tout à fait sans fondements.
Ça a dû être avant midi que quelque individu sans scrupule l'a dénoncé, car on a entendu aux informations de midi que le vaisseau garde-côte Ægir, qui effectuait des manœuvres dans la baie de Selir, avait été envoyé à la rencontre d'un petit bateau soupçonné de pratiquer la pêche alors qu'elle était interdite ce jour-là. Kalli pensait que ça avait dû être un de ces salopards de pêcheurs à seine qui avait donné Gusi et il faisait les cent pas dans la cuisine en soufflant la fumée de son cigare London Docks par les narines. L'atmosphère était tendue chez nous et j'ai senti l'union se resserrer entre nous, qui étions restés. »
« Maintenant, les sommets vers le nord sont chargés de nuages à perte de vue et la fenêtre traduit le message en vent du nord, car elle dit ouhhh, et on peut aller se coucher. Bensi a rêvé que quatre bonnes femmes bien grassouillettes s'en prenaient à lui, ce qui laisse présager, comme avant, quatre jours de mauvais temps pour la pêche, si ce n'est quatre semaines. »
« Ce que je veux dire, c'est que pendant qu'on regarde les nuages, il ne se passe rien d'autre, et c'est peut-être bête à dire, mais ça me plaît de plus en plus de regarder les nuages. C'est alors comme si quelque chose d'une autre nature se produisait. On échoue à terre comme un bout de bois et on respire plus légèrement dans un autre temps. L'esprit devient prodigieux et rien ne vous vient à l'idée. On n'a peut-être pas besoin de voir défiler mille ans de splendeurs comme dans les livres et les films, mais seulement une seconde d'une autre sorte de temps, comme ça. L'espace de quelques instants, ça vous est complètement égal que votre vie soit un échec total. Quand vous regardez les nuages.
Et quand on a cessé de pêcher, qu'on est mort et devenu esprit, qu'est-ce qu'il vous reste à faire, sinon à vous installer sur un de ces nuages pour écouter des jeunes filles nues jouer des sonates pour violon et pour manger des mangues; et comme vous planez sur un nuage, votre tignasse spirituelle doit sans doute flotter dans la brise qui s'élève des montagnes et l'on est en quelque sorte brillant d'excellence, chatouillé par des nuages sans fin; et les copains naviguent sur les nuages alentour, dans le bleu éternel, et l'on s'interpelle pour demander ce que ça a donné sur les nuages des uns et des autres.
Mais avant même de s'en rendre compte, on a envie de viande de mouton salée, ou on a besoin de pisser et alors il n'y a plus de nuages. Et puis c'est l'ouverture de la période de pêche dans une semaine au jour près: debout à cinq heures, écouter la météo, cornflakes, faire du café pour le thermos, emporter les baquets à bord, prendre du mazout, larguer les amarres, faire route, chercher, mettre la ligne à l'eau, faire la dandinette, chercher, mettre la sonde à l'eau, remonter, faire route vers le port, débarquer, bouffer, dormir et espérer reprendre bientôt contact avec des nuages. »
« Pourquoi appartenir à quelque confession, à quelque institution du pouvoir qui a fabriqué des notions telles que celles de péché et d'absolution, dont on s'est servi pendant des siècles, pour opprimer les gens ? Je peux parfaitement pratiquer ma foi tout seul, a poursuivi le Bolungarvíkois. Je n'ai pas besoin d'un Dieu en colère au-dessus de ma tête. La religion est une fabrication des hommes comme n'importe quelle autre, c'est impossible d'escamoter la chose, ajouta-t-il sur un ton plus doux avant de passer la balle au prêtre en riant, comme si la gravité de l'expression de celui-ci lui faisait peur; à moins le cœur ne suivit plus les paroles.
Vous n'avez pas besoin d'appartenir à une confession, a dit le pasteur. Votre foi est parfaite et indépendante. Vous feriez mieux de mettre le cap sur les fjords du Glacier et de vous faire ermite que de bonimenter ici. Vous n'avez en revanche rien compris à l'essence de la foi. Vous êtes totalement inconscient de la beauté de la foi véritable, avec votre morgue et votre arrogance.
Le pasteur s'échauffait de plus en plus en fixant Ármann qui regardait le trottoir en intercalant des non, non, et des ce n'est pas vrai.
On trouve que le prêtre aurait dû s'en tenir là, mais il a poursuivi sur son terrain sans frontières, exactement comme avec le député l'autre jour. Des gens s'étaient approchés de cette discussion animée entre un païen et un chrétien, et Ebbi et Bensi se tenaient de chaque côté du Bolungarvíkois, formant avec lui une sorte de trinité, quoi que cela puisse vouloir dire. Si je me souviens bien, le pasteur a dit :
Vous reprochez aux gens d'appartenir à une confession, mais en réalité, vous reprochez aux autres de ne pas adhérer à la vôtre. Et la vôtre est la confession des petits génies réalistes qui sont parvenus à la conclusion que l'homme n'est qu'une bestiole comme les autres. Et vous détestez celui qui ne reconnaît pas votre sagesse.
Je n'ai jamais dit ça ! Au contraire ! a répliqué le Bolungarvíkois en essayant de se défendre.
Il ne vous vient pas à l'idée, petit génie, que vous adhérez à une autre religion, bien plus fanatique - le fondamentalisme.
Vous voulez, dépouiller le croyant de l'aspiration et de l'espoir que vous avez jetés aux orties quand vous vous êtes rallié au réalisme. Laissez-moi seulement vous dire (et il pointa du doigt la tête du bonhomme) que vous vous êtes mis dans la tête des vers naïfs de mirliton. Votre réalisme équivaut à n'importe quelle fiction, en pire. Vous êtes là sur le terre-plein, étranger au village, et vous vous mettez à vous épancher avec l'épandeur à purin de l'histoire, pour que d'autres renoncent à leur foi en Dieu et en l'homme, et vous prêchez pour les sacrifices et la gymnastique avec quelques déesses Freyja toutes nues. Vous êtes planté là et vous faites la guerre à la religion, sans vous douter que je vous aurais assommé depuis longtemps s'il n'y avait pas de religion ici.
Dites donc, faites gaffe à ce que vous dites! a sifflé le Bolungarvíkois qui s'était empourpré, retenu par Bensi et Ebbi qui le maintenaient tout en essayant de leur mieux de calmer le pasteur avec des allons, allons en alternance avec des eh bien, eh bien.
Le pasteur a émis alors des paroles telles qu'elles ont fait sursauter le petit groupe que nous formions tout autour, et qu'elles sont restées gravées dans ma mémoire. Il a dit ceci: En réalité vous voulez me tuer, me clouer sur une croix pour la seule raison que je crois et espère qu'il existe quelque chose de meilleur. Puis il a ajouté: C'est la foi qui l'emporte et vous, vous pouvez aller au diable !
Là-dessus, il a décoché un sacré coup de poing dans la gueule du Bolungarvíkois.
Celui-ci s'est effondré tandis que les gens tout autour restaient bouche bée. Personne n'a pipé mot. Puis on a entendu la voix d'une petite fille par-derrière : Le pasteur a assommé Ármann. Quelqu'un d'autre a dit que cet homme-là devrait aller à l'asile, visant sans doute le prêtre. »
« La première chose que les enfants apprennent est la crainte d'être à part, et de ce fait, il est exclu pour eux de percevoir ce monde avec des yeux d'enfants. Les diktats de la mode et les sociétés sportives leur volent leur jeunesse et, plus tard, ils seront accablés de défaitisme une fois que la société les aura poussés dans un combat sans fin avec les institutions bancaires.
Et les gens n'oublient le vide et leurs dettes aux banques que juste le temps d'un orgasme le soir. Les gens sont, pour la plupart, aliénés à eux-mêmes et à leurs enfants qui se grillent la cervelle avec leurs smartphones et l'ecstasy ; à l'âge mûr, les gens sont devenus amorphes à force d'envie permanente d'argent, d'avidité de meubles et de concupiscence, et sont, par conséquent, incapables de percevoir la vie sous une autre forme que celle de l'argent et de la chair ; et l'histoire s'achève avec des petits vieux amers qui n'ont rien d'intelligent à dire aux jeunes et le soleil brille sur tout ce petit monde-là, en perdant quatre millions de tonnes de sa masse par seconde à faire avancer cette histoire mal foutue, et il faut bien se demander si ça en vaut la peine, tout bien considéré.
Si ce n'est pas le sens de la vie de prendre part à tout cela, pour quoi devons-nous vivre ? demandai-je.
Le pasteur répondit : Nous ne devons pas vivre pour quoi que ce soit, et nous ne devons pas vivre tout court. Nous devons faire voler notre ego en éclats et nous fondre au ciel bleu derrière les montagnes noircies. Nous devons plonger dans les ténèbres de l'inconnu et supprimer en nous tout ce qui nous est propre, afin de pouvoir fusionner avec ce qui est grand. Nous ne devons rien faire sinon renoncer et remettre tout entre les mains de Dieu.
Ainsi en était-il chez le prêtre, tandis que nous nous tenions dans la cour, que le crépuscule tombait sur le fjord et que le ciel devenait bleu foncé autour des montagnes. Je l'ai accompagné à la bergerie et l'ai aidé à donner du fourrage aux moutons.
Il est drôle, le pasteur. »
« J'ai longtemps observé la nature, ici le long des côtes. Il me semble même y comprendre quelque chose. Tandis que je ne pige rien à la façon de penser et d'agir des hommes. Je suis sûr, par exemple, que les sternes arctiques qui pondent par ici sur les coteaux savent qu'elles sont liées à la vie autour d'elles, liées au rayon de soleil qui allume la photosynthèse dans la mer, liées aux lançons qui naissent sur les hauts-fonds de sorte que les petits ont de quoi se nourrir et le cycle de la vie se maintient. La vie et l'amour du prochain, c'est être lié à autre chose que soi-même, et c'est ainsi qu'on se trouve soi-même. Mais les gens veulent vivre libres et indépendants et n'être liés par rien d'autre que leur propre volonté. Et on achète tellement de choses dans les boutiques maintenant qu'on croirait presque que Dieu est mort. Les gens se retrouvent alors avec eux-mêmes sur les bras et disent que c'est la liberté qui doit gouverner le monde. Et puis on écrit de gros livres et on tient des discours sans fin sur la question de savoir pourquoi les gens ont de plus en plus l'impression d'être des conteneurs rouillés, oubliés sur le quai du port. Les gens se détachent des autres pour se chercher eux-mêmes. L'herbe sèche dans les prés - a-t-elle entendu pareille chose ? Le poste émetteur est sur la mauvaise longueur d'onde et tout le bla-bla-bla ne sert à rien. Celui qui ne se lie pas n'est pas vivant. »
« Un vent solaire de l'ouest secoue les portes de ses rafales, ce qui donne de l'air à l'âme. Temps qui interdit la pêche. »
« Tu en as gros sur le cœur, cher Halldór, tu n'as pas besoin de me dire quoi que ce soit.
Quand tu viens ici, tu vois un bossu paralysé sur son grabat. Mais laisse-moi te dire que je suis libre. Mon âme plane dans un ciel serein, chatouillée par les altocumulus, et ma joie est sans bornes. Elle est débordante et je n'ai rien fait. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que je ne peux rien faire et que j'ai accepté le fait de n'être capable de rien. Je remercie Dieu pour chaque jour que j'ai à passer ici sur mon grabat, à regarder par la fenêtre et à penser à toutes sortes d'idioties pour m'amuser. Je suis vivant, mais la vie ne se prend pas dans mes pattes, c'est pourquoi je suis libre dans une certaine mesure. Toi, tu es prisonnier de la vie et en pleine tempête, et c'est peut-être une consolation de dire que le vent est un esclave, la rivière est entravée tous les jours et l'oiseau est le jouet des hautes sphères. Il n'y a pas de liberté là où il y a de la vie, mais la vie ne se remplit de défauts que lorsqu'on ne la prend pas comme elle est. C'est difficile de déchiffrer la vie, comme lorsqu'on entend l'écho d'une voix humaine dans le lointain sans savoir si elle rit ou si elle pleure. Mais la vie te le fait toujours savoir, quand tu fais une erreur. On se retrouve parfois en marge de la société humaine, le cœur serré. On est fouetté de diverses manières et si tu fouettes quelqu'un assez longtemps, tu n'auras plus besoin de le cravacher davantage. Il se fouettera lui-même désormais. Les hommes veulent se faire mal s'ils en trouvent le moyen ; c'est une vieille croyance. Si une voiture est garée longtemps au même endroit, il est probable qu'un chien finira par pisser sur ses pneus. Et c'est l'antique dureté de nos aïeux qui fait irruption chez les faibles ; c'est la voix qui te dit que tu es un incapable. Ils respirent aussi par tes trous, les ancêtres. Un paysage est toujours sans fard. Un paysage est comme il est, et c'est ainsi qu'on devrait se regarder soi-même. Les hommes ne sont jamais contents et pensent que certains sommets ne devraient pas exister en eux, que quelques monticules devraient être plus élevés. Leur regard est stupide. Leur vision est stupide et ils sont, pour la plupart, stupides. Toutes choses sont comme elles sont. On ne laboure pas son salon avec une vieille charrue. Il faut que tu te réconcilies avec le paysage et que tu reconnaisses l'oisillon en toi qui est amer de se sentir laissé pour compte et méprisé. Il faut que tu répondes à son appel. Il est aussi vivant qu'autrefois, parce qu'il vit à l'heure du pays. Ce qui pèse sur ton esprit, c'est en réalité le beau sentiment de la vie qui t'appelle, mais tu ne veux pas te remémorer ta navigation. Il faut que tu laisses l'écume des vagues te nettoyer.
La congère dans la ravine du Col s'est maintenue cet été. Tout finit par fondre.
Les paroles du vieux Jónmundur s'envolaient par la fenêtre. J'étais ému ; les larmes sont montées et il a été mon ami quand le bouleversement m'a submergé, entraînant les pleurs dans la nudité de mon dénuement moral; j'ai pleuré dans les bras du bossu alité qui était de tous l'esprit le plus sain et l'âme la plus tendre.
Le vent est à l'ouest et gonflé de joie. »
« Réflexion au petit matin
Contempler la baie, un matin, quand les nuages reposent paisiblement sur la côte de l'autre côté, là où tout doit être mieux et où la lumière abrite des promesses inconnues. »
« Je me suis mis à pêcher sur mon propre bateau, à observer le temps qu'il fait et à regarder le bout du fjord par mauvais temps. J'avais touché le fond comme le flétan et c'est pourquoi j'ai regardé vers le ciel, comme lui. Je me suis plongé dans la méditation sur les nuages, entrecoupée de périodes de dépression où je me disais que je n'étais que de la crotte d'aiglefin, qu'un pauvre type avarié qui ne mériterait jamais d'avoir une bonne amie ni d'appartenir à une famille. »
Quatrième de couverture
Ils forment une minuscule communauté de pêcheurs islandais dans un fjord oublié de, Dieu, perdu près du pôle Nord. Une poignée d'irréductibles, sans enfants ni femmes, soumis aux caprices de la météo et des poissons. Parmi eux, le timide Halldór prend la plume pour chroniquer le quotidien de ces hommes qui rêvent d'une "aide-ménagère", voudraient rester tels qu'ils sont mais sans archaïsme: être tout de même d'ici et de maintenant. Avec humour et. poésie, Halldór raconte une existence faite de labeur et de plaisirs simples, de chamailleries et d'élans d'amitié. Dans son journal, ce n'est rien de moins que le cœur et l'âme de l'Islande qu'il capture.
Né à Reykjavík en 1971, Bergsveinn Birgisson est l'auteur de trois recueils de poésie et de quatre Tomans, dont La Lettre à Helga (Zulma, 2013), best-seller international traduit dans une douzaine de pays et adapté au théâtre. Paru en 2003 en Islande, Du temps qu'il fait, son premier roman, est enfin traduit en français.
Éditions Gaïa, avril 2020
254 pages
Traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson
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