« Tout est calme. Il n’y a plus de temps à perdre. Voilà. C’est le temps de sauter dans l’eau froide.
Mon nom, c’est Rose. C’est comme ça que je m’appelle,
Rose tout court …»
Un grand livre, sombre, tragique, grandiose.
Destin souillé, celui de Rose une jeune fille de 14 ans que la vie ne gâtera pas.
Cruauté, violence, folie, poltronnerie, couardise, veulerie font partie du tragique tableau que nous peint Franck Bouysse.
Les mots sont faits de glace, mais au bout du chemin, peut-être une lumière, celle de l'Amour.
« La seule chose qui me rattache à la vie, c’est de continuer à écrire, ou plutôt à écrier, même si je ne crois pas que ce mot existe il me convient. »
Un passionnant, éprouvant, très grand moment de lecture. On ne sort pas indemne d'une telle lecture.
« Les souffrances placées sur notre route sont faites pour être endurées, une manière d'éprouver les âmes éraflées. J'en ai toujours été conscient. Les âmes. Les Pères m'ont enseigné qu'elles ne se vernissent pas, qu'elles se traitent en profondeur, qu'il est bien plus charitable de pardonner l'homme ballotté par le malheur que de courtiser celui qui par naissance et fortune en est préservé. La vertu sans mérite n'est rien d'autre qu'un déguisement de carnaval. »
« Les retours ne sont jamais sereins, toujours nourris des causes du départ. Que l'on s'en aille ou que l'on revienne, de gré ou bien de force, on est lourd des deux.
Les mots sonnaient faux dans sa bouche. Je savais qu'on pouvait pas avoir deux familles dans une seule vie, que les rêves sont rien de plus que des rêves, et que ceux qu'on nous vend sans qu'on les rêve soi-même, il faut les fuir à tout prix.
Quand son visage se pli de soucis, il est toujours plein de ce charme qui rattrape les sourires morts qu'on lui devine.
C'est cette nuit-là que j'ai compris que ça voulait rien dire, dormir, que c'étaient rien que des petits galops plus ou moins réussis, que la vraie course qui s'arrête jamais, c'est la mort.
Sûr qu'elle aurait préféré pas me rencontrer, jamais connaître ma vie, mais maintenant que je la lui ai mise dans les pattes, elle a plus le choix que de faire avec. C'est tout le problème des bonnes gens, ils savent pas quoi faire du malheur des autres. S'ils pouvaient en prendre un bout en douce, ils le feraient, mais ça fonctionne pas comme ça, personne peut attraper le malheur de quelqu'un, même pas un bout, juste imaginer le mal à sa propre mesure, c'est tout.
[...] la pitié a jamais aidé personne à se sentir mieux, surtout pas à celui à qui on la destine.
Inspirer la pitié à quelqu'un, c'est faire naître une souffrance pas vécue dans un coeur pas préparé à la recevoir, mais qui voudrait pourtant bien en prendre une part, sans en être vraiment capable. La pitié, c'est le pire des sentiments qu'on peut inspirer aux autres. La pitié, c'est la défaite du coeur.
Nous n'avons rien à espérer du passé. Ce sont les hommes seuls qui ont eu l'audace d'inventer le temps, d'en faire des cloisons pour leur vie. Pas un seul ne peut vivre assez longtemps pour se croire exister, pas un seul n'est en mesure de saisir la vie quand elle le traverse, et je suis trop lucide pour ne pas désespérer de n'y être jamais parvenu. Seul le passé nous travaille le corps. Il finit toujours par remonter à la surface, comme un bouchon en liège privé de lest. Les légendes qui l'encombrent sont le fruit de grandes passions, de grands rêves, et d'incommensurables souffrances; tout cela et rien de plus que cela. Les légendes, elles vieillissent, se délitent avec nous, se recomposent avec d'autres, à l'infini. »
Quatrième de couverture
« Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d’une femme à l’asile.
— Et alors, qu’y-a-t-il d’extraordinaire à cela ? demandai-je.
— Sous sa robe, c’est là que je les ai cachés.
— De quoi parlez-vous ?
— Les cahiers… Ceux de Rose. »
Ainsi sortent de l’ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin. Franck Bouysse, lauréat de plus de dix prix littéraires, nous offre avec Né d’aucune femme la plus vibrante de ses œuvres. Ce roman sensible et poignant confirme son immense talent à conter les failles et les grandeurs de l’âme humaine.
« Une quasi-perfection, addictive et obsédante. » L'Express
« Une quasi-perfection, addictive et obsédante. » L'Express
Éditions La Manufacture de Livres, janvier 2019
335 pages
Grand Prix des lectrices Elle - Policiers - 2019
Prix Babelio Littérature Française 2019
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