mercredi 16 décembre 2020

Le Lièvre d'Amérique ★★★★☆ de Mireille Gagné


Un premier roman saisissant, découvert sur Bookstagram et que j'ai beaucoup aimé
La couverture m'a fait penser à une partie de cache-cache que mon garçon et moi avons faite avec un lièvre d'Amérique à Mono Lake (photo en fond ci-contre), lors d'un voyage sur la côté Ouest américaine et je suis ravie d'en avoir appris un peu plus sur ce charmant animal aux grands oreilles ! Ses sens sont par exemple toujours en éveil, il n'a besoin que de très peu de sommeil. 
Ses performances ont un lien direct avec celles que cherche à atteindre Diane, le personnage principal de ce roman. Être toujours plus performante, travailler, travailler toujours plus dans notre société. Capitaliste. Profitable. À outrance. L'humain en début, milieu, ou bout de chaîne, peu importe, s'associe au toujours plus. Toujours plus au risque de sombrer, d'oublier certaines recommandations, de s'oublier et de rentrer dans la spirale infernale du surmenage. Aux prémices de cet engrenage, il y a fort souvent un vide à combler. 
Je m'arrête là? Il serait dommage d'en dévoiler davantage.
La plume : imaginative et créative, poétique et tonique.
In fine : une très belle surprise de la Rentrée Littéraire 2020. Une satire sociale qui interroge notre rapport au travail et à la nature et qui m'a profondément parlée. 
MERCI Mireille Gagné. Quel plaisir de vous lire et de vous écouter aussi. 
MERCI les éditions La Peuplade ; les parutions lues chez vous ont toujours été de belles rencontres pour moi.
En quatrième de couverture, l'éditeur écrit : « Ce roman, une fable animalière néolibérale, s’adresse à celles et ceux qui se sont égarés. » Tout est dit.
Une lecture que je recommande vivement ! 

LE LIÈVRE D'AMÉRIQUE | Une lecture de Mireille Gagné from La Peuplade on Vimeo.


« - Tu penses que c'est le fleuve ou l'île qui bouge ? 
- Je suis certain que c'est nous. On dérive...
J'ai compris que tu étais ici pour rester. »

« Il y a de ces jours sur l'île où le vent semble furieux. Il hurle sa rage pendant des heures. Fouette les corps. Remue les eaux profondes. Même les bateaux doivent prendre les vagues de côté. Et pourtant, le lendemain, rien n'y paraît. Le fleuve se calme pendant la nuit. Le soleil naît de nouveau dans un ciel pur. Ses rayons roses et jaunes font frémir l'eau doucement, comme le contact d'un doigt. »

« Reclus dans l'attente. L'attente d'une marée. L'étale qui ne veut pas partir. Ensuite, l'hiver qui s'installe avec le silence. Le frasil. La mer qui se crème. Le fleuve qui prend. »

« Pour calmer son anxiété de performance et économiser des secondes Diane compte perpétuellement le nombre de pas séparant son appartement de son travail de marches entre chacun des étages de secondes entre son bureau et celui de la femme qu'elle déteste le temps que ça lui prend pour remplir une bouteille d'eau [...] elle compte pour combler le vide mais le malheur ne se dénombre pas. »

« Il n'y a aucune trace d'elle ici. Même dans le miroir, elle ne se reconnaît plus. Son visage est celui d'une autre. Quelque chose a changé chez elle. Mais quoi, précisément ? Elle a beau chercher, la réponse ne vient pas. À l'intérieur, on dirait qu'il manque des morceaux. »

« Sur le pont, elle regarde le fleuve s'écouler en dessous d'elle. La marée descend, elle aussi. Elle se sent comme les eaux qui se retirent lentement des terres après les grandes marées. Il restera beaucoup de débris, mais il fera beau demain. »

Quatrième de couverture

L’organisme de Diane tente de s’adapter doucement. Elle dort moins, devient plus forte et développe une endurance impressionnante. L’employée modèle qu’elle était peut encore plus se surpasser au travail. Or des effets insoupçonnés de l’intervention qu’elle vient de subir l’affolent. L’espace dans sa tête se resserre, elle sent du métal à la place de ses os. Tout est plus vif – sa vision, son odorat, sa respiration. Comble de la panique, ses cheveux et ses poils deviennent complètement roux en l’espace d’une nuit. Et puis les mâles commencent à la suivre.

Quinze ans plus tôt, Diane connaît un été marquant de son adolescence à l’Isle-aux-Grues, ces jours de grosse mer où Eugène bravait les dangers, la fascination de son ami pour les espèces en voie d’extinction et – comment s’en remettre – le soir de l’incendie.

Ce roman, une fable animalière néolibérale, s’adresse à celles et ceux qui se sont égarés.

Éditions La Peuplade, août 2020
158 pages
FINALISTE PRIX LES INROCKUPTIBLES, CATÉGORIE PREMIER ROMAN
SELECTION PRIX WEPLER – FONDATION LA POSTE
SELECTION DU PRIX PREMIERE PLUME FURET DU NORD – DECITRE
PREMIÈRE SELECTION DU PRIX L’IMPROMPTU DU PREMIER ROMAN

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