samedi 19 décembre 2020

Ce qu'il faut de nuit ★★★★☆ de Laurent Petitmangin

Ce qu'il faut de nuit
Ce qu'il faut de vie
Ce qu'il faut de contrariétés
Ce qu'il faut d'amitié
Ce qu'il faut de doutes
Ce qu'il faut de foot
Ce qu'il faut de peine
Ce qu'il faut de Lorraine
Ce qu'il faut d'erreurs
Ce qu'il faut de profondeur
Ce qu'il faut de perte de vitesse
Ce qu'il faut de tendresse
Ce qu'il faut de mots
Ce qu'il faut de silences
Ce qu'il faut d'amour
Toujours.
L'amour d'un père envers ses deux fils. 
Un contexte social délabré. Un trio diminué. 
Déjà amputé de la douceur d'une mère, d'une épouse. 
Le populisme s'est invité ; la spirale infernale s'est armée. 
Elle emporte avec elle toutes les repères d'un père. 

Tout en finesse, avec beaucoup de pudeur, Laurent Petitmangin écrit un premier roman bouleversant

Merci à La manufacture des livres pour les plumes talentueuses dénichées. Pour celle-ci entre autres.
Merci Laurent Petitmangin pour ce déchirant sublime premier roman. Permettez-moi cette petite aparté anecdotique ; nous travaillons pour la même entreprise, alors je me dis que nous aurons peut-être l'occasion de nous rencontrer. 

Ce qu'il faut de nuit a reçu le Prix Stanislas 2020. Un prix qui récompense le meilleur premier roman de la rentrée littéraire. Chapeau bas.  

« Août, c'est le meilleur mois dans notre coin. La saison des mirabelles. La lumière vers les cinq heures de l'après-midi est la plus belle qu'on peut voir de toute l'année. Dorée, puissante, sucrée et pourtant pleine de fraîcheur. Déjà pénétrée de l'automne, traversée de zestes de vert et de bleu. Cette lumière, c'est nous. Elle est belle, mais elle ne s'attarde pas, elle annonce déjà la suite. Elle contient en elle le moins bien, les jours qui vont rapidement se refroidir. Il y a rarement des étés indiens en Lorraine. On dit beaucoup de la lumière du nord de l'Italie en été, je veux bien le croire, je n'y suis jamais allé, mais je suis prêt à parier que la nôtre, pendant cette toute petite période, ces quinze jours d'avant la rentrée, à ce moment précis de la journée, la surpasse haut la main. La lumière des derniers apéritifs dehors. Les gens sont heureux. »

« Pourtant ma colère passait. Je le savais , mais je ne voulais pas l’entendre . Je discutais le soir avec la moman. Elle nous voyait moi et son grand hanter la maison, mais je ne l’entendais pas me demander de passer l’éponge , vraiment pas. J’aurais changé , sinon. Comme moi, elle n’arrivait pas à s’en dépêtrer. Comme moi, sa colère s’éteignait , mais pas sa honte. »

« Putain, il était où le militant facho sûr de son fait? Je ne voyais qu’un pauvre type, comme moi, tout aussi décontenancé. «On est bien rendus, hein, avec leurs conneries», qu’il m’avait dit. Et les conneries, dans sa bouche – je ne crois pas me tromper en le disant –, ce n’étaient pas celles de nos enfants, surtout pas, c’était quelque chose de bien plus haut, de plus insaisissable, qui nous dépassait et dans les grandes largeurs encore. À la limite, c’étaient nos conneries à nous, tout ce qu’on avait fait et peut-être, en premier lieu, tout ce qu’on n’avait pas fait. »

« J’avais finalement compris que la vie de Fus avait basculé sur un rien. Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n’étaient qu’accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de cette foultitude de riens, qui, selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards. »

« Le procès faisait grand bruit, mais ça ne restait pour les gens qu’un fait divers. Qu’ils oublieraient d’ici quelques jours, s’ils ne l’avaient déjà fait. On n’était que quelques uns à en être frappés jusqu’à la mort. »

Quatrième de couverture

C'est l'histoire d'un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l'importance à leurs yeux, ceux qu'ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C'est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.
Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d'hommes en devenir.

Éditions La Manufacture de Livres, août 2020
158 pages
Prix Femina des Lycéens 2020
Prix Stanislas 2020, meilleur premier roman de la rentrée littéraire 2020
Prix Feuille d'or des Medias 2020
Prix du Barreau de Marseille 2020
Prix Georges Brassens 2020 

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