samedi 20 août 2022

Mesrine n'en saura rien ★★★★☆ de Laurent Vincent-Bardin

J'ai aimé cette plongée dans le mitan des seventies, suivre le narrateur à qui j'ai fini par m'attacher pour des raisons que je ne peux vous confier ici au risque d'en dire un peu trop. Jean vit de larcins, un petit calibre niché dans le ceinturon et, forcément aux lendemains souvent incertains.  À l'heure d'un pseudo bilan, il réalise que cette vie lui colle à la peau, qu'elle le nourrit, qu'il n'en changerait pour rien au monde. Risque. Adrénaline. L'engrenage. Quand on y a goûté, s'en départir n'est, n'était, certainement pas une mince affaire.
J'ai adoré l'entame.
Ce roman plonge son lecteur au cœur du grand banditisme des années 70 : braquages,  fusillades musclées, repérages, arrestations .... Un livre qui a rappelé à mon mari l'ambiance des "Tontons flingueurs". Il a beaucoup aimé.
Pour un premier roman, l'histoire se tient, le vocabulaire d'une précision redoutable et la plume est prometteuse. Une écriture un poil trop contrôlée pour moi mais ce n'est qu'un détail. Parce que si Jean reprend sa plume pour nous conter d'autres pans de sa vie, je serai de la partie.
Merci Éric et Val pour la découverte et bravo à toi Laurent. Je te souhaite le meilleur pour la suite. 

« Dans la mafia Sicilienne, chacun se doit de rester à sa place et de faire ce que les strates supérieures imposent. Une seule base: l'argent. Pour soi bien sûr, mais aussi pour la famille et les amis. Le tout sur fond de tuerie en toute impunité. Le fait est que lorsque tu as un petit doigt dans l'organisation, ou bien tu marches ou bien tu crèves.
D'un autre côté, la « fratellanza », fraternité, n'est pas un vain mot. »

« Les fauves ne sortent que la nuit et Paris aime les accueillir dans ses bouis-bouis, ses bars, ses lieux branchés où le funk, la soul et le disco se donnent à fond. Personnellement, je préfère aller traîner du côté de La Bulle, rue de la Montagne sainte Geneviève. C'est là que le vrai rock des années 1970 explose, après que le Rock'n'roll Circus et l'Open One ont fermé. C'est aussi là que se croise le gratin de la voyoucratie parisienne du moment. Il faut y aimer les odeurs d'herbe et la présence de mannequins ou de gens du showbiz. Ça fume, ça deale, ça picole, ça se tripote et ça se pique dans les alcôves. Et ça baise aussi bien dans les chiottes que dans les contre-allées entre les tables. Par contre, sur scène, c'est que du top. Un régal pour les cages à miel. »

«  Recroquevillé sur le lit à attendre que les heures passent, je me remémore les bribes de connaissances littéraires que j'avais reçues pour enseignement à l'orphelinat de la Charité à Béthune. Une citation de Blaise Pascal me revient en mémoire « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre » et à cet instant précis, j'ai comme une envie soudaine de lui mettre à travers la tronche sa citation. Suis-je en train de vivre une expérience Pascalienne ? Je n'en sais rien, mais ce qui est sûr, c'est que je n'y ajoute pas le facteur « Dieu ». Je serai plutôt en ce moment dans un passage Baudelairien « l'homme ivre du nombre qui passe porte toujours le châtiment d'avoir voulu changer de place ». Comme quoi nous sommes tous des orphelins. Bon, maintenant si les poètes, philosophes, moralistes et autres théologiens voulaient bien sortir de ma tête cela me libérerait de la place. »

« J'opte pour ma direction favorite: l'azimut. Mes pas me guident vers quelques édifices comme l'Église des jésuites Saint-Georges, la Chapelle Notre Dame ou l'église romane Saint Pierre. Que de bondieuseries au kilomètre carré... Je remercie mon scepticisme à la limite du pyrrhonisme de m'épargner l'envie de visiter ces lieux. Oui, on peut être un voyou et avoir une culture critique et de fait, je vous emmerde. »

Quatrième de couverture



Éditions youstory, novembre 2021
259 pages

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