Un monde déshumanisé dans lequel les deux protagonistes de Chien 51, Salia Malberg et Zem Sparak, rentrent en résistance. Laurent Gaudé nous livre avec Zem une œuvre d'anticipation sociale qui se lit facilement, aux rebondissements bien sentis, qui donne quelques frayeurs et même si le récit est campé dans une temporalité innovante, c'est bien sur notre présent que nous amène à réfléchir l'auteur.
À lire bien entendu ... même s'il m'a manqué le lyrisme qui me plaît tant dans la plume de Laurent Gaudé.
« Je veux tout quitter, que le monde s'efface. Je sens qu'on me gifle. Mais l'instant d'après, je me prends à douter. Est-ce moi qui reçois les coups ou suis-je celui qui les donne ? Est-ce que je suis en Grèce, dans une cave, à la merci de mes bourreaux ? Ou est-ce moi qui tape ? Je l'ai fait. Ailleurs. Plus tard. Souvent. Les interrogatoires musclés. Je l'ai fait. Briser les résistances. Voir la peur fissurer un être humain. Je l'ai vu. "Zem ?" Qui m'appelle ? Je reconnais cette voix. Ce n'est plus celle de Salia, c'est celle de Léna. On dirait que le temps est aboli. La voix n'a pas changé. Elle est en moi depuis si longtemps, dans un recoin de ma mémoire, intacte, sauvée du désastre. Léna. Est-ce que tu m'as trahi ? J'essaie de te voir telle que tu étais, vive comme un couteau, lorsque nous nous battions contre le rachat de notre pays, portés par notre jeunesse. "La vie plus forte que la politique", disais-tu. Je me souviens de tout. Et tout ressurgit. C'est le point fixe qui balaie tout le reste. Il m'en suffit d'un. Avec lui, je peux faire tourner le monde. Léna de ma jeunesse. Nous nous sommes perdus parce qu'ils ont acheté la Grèce et l'ont vendue par bouts. Ils en ont fait une poubelle. Et nous sommes tous devenus des apatrides. Ou plutôt des "cilariés", comme ils disent. Citoyens salariés de GoldTex qui s'occupe de nous, s'occupe de tout. Chacun a vécu une vie loin de l'autre. Mais ils ne peuvent pas décider de ce qui a le plus d'importance. Si je dis que ce fut toi, Léna, alors je peux accrocher le monde à ton nom et le faire se balancer comme à un clou. C'est toi, l'horloge de tout. "Zem?" »
« "C'est bon pour nous."
Après vingt bonnes minutes d'analyse des lieux, un des gars de la scientifique sort du container. Il s'avance vers Salia, enlève son masque et répète "C'est bon." Simplement cela. Et c'est étrange de parler ainsi alors qu'il vient d'examiner cinq cadavres. Elle ne peut pas se concentrer sur ce qu'ils disent ensuite. Elle reste bloquée sur ce mot. "C'est bon." Des êtres humains ont agonisé lentement, manquant d'air, d'eau, de tout, sont sûrement devenus fous, ont dû taper avec rage contre les parois du container mais "c'est bon". Ce monde est capable de juxtaposer ces deux mots, "bon" et "charnier". Elle se dit alors que le fleuve immonde de mots qui coule en elle n'est pas pire que cette ville. "C'est bon." Le gars entend par là ni radioactivité ni substance contagieuse, rien qui interdise de s'approcher et de faire son métier. Il entend par là que les choses sont maîtrisées. Salia reste immobile quelques secondes. Elle n'a pas envie de cette enquête. Elle sent bien que tout ce qu'elle pourra trouver pour expliquer cette horreur va la rendre triste, lui faire perdre ce qu'il lui reste de foi en l'humanité, et l'esquinter encore un peu plus. Elle voudrait juste s'éloigner et laisser tout cela à d'autres, mais Sparak parle soudain et elle sursaute de retrouver sa voix, avec cette même intonation, comme quand ils étaient en tandem, comme si le temps n'avait pas passé. " »
« Elle s'arrête sur une émission qui évoque le prochain "tir de panache" de GoldTex. Le présentateur dit que la sécheresse n'est pas une fatalité. Que depuis trois ans, la température a augmenté, les pluies acides sont devenues presque orange parce qu'elles sont sans cesse plus concentrées mais qu'au fond, c'est une bonne nouvelle car cela pousse GoldTex à réagir, à inventer, à se dépasser. Et c'est exactement ce qui va se produire. De la poussière lunaire va être dispersée dans l'espace, en pleine stratosphère, pour faire baisser la température. Le présentateur parle avec un ton de fierté tranquille et annonce que le tir sera retransmis en direct. Elle regarde les schémas techniques avec un réel bonheur, comme si véritablement quelque chose allait l'emmener dans des mondes où plus rien ne brûle, plus rien ne souffre, où le temps s'écoule lentement, avec douceur et bienveillance. »
« La foule hurle de joie. De l'eau saine. Là. À portée de main. Sur les lèvres. De l'eau tombée du ciel pour inonder les terrains vagues et étancher les soifs. Des gens dansent sur place.
"Je vous le dis solennellement : chaque fois qu'il le faudra, nous trouverons des solutions. Nous harponnerons le ciel pour vous l'offrir. Parce que c'est notre devoir. Il n'y a pas de projet GoldTex si vous en êtes exclus. Il n'y a pas de projet GoldTex si vous êtes en colère. Demain ne sera beau que si nous sommes tous unis !"
Il lève les deux bras dans un mouvement théâtral. La foule acclame ce chef d'orchestre qui vient de la retourner et qui disparaît déjà tandis que sur les avenues alentour, on scande son nom. »
« Barsok sourit. Il sait qu'il a fait mouche et que Zem n'aura plus qu'une envie : partir pour s'acquitter de sa mission tant il est impossible de résister à la tentation d'un passé qui vous appelle et vous fait signe de revenir. »
« Tu sais, Zem. Le psy qui me suit m'a conseillé de m'inscrire au programme Aldilà. Il disait que cela m'aiderait à me projeter dans l'avenir. Qu'imaginer ce que je voudrais laisser de moi m'obligerait à me regarder positivement. Je l'ai écouté. J'y suis allée. Ils m'ont expliqué que le but était de faire un autel virtuel, laisser des mots, des images qu'on aimerait adresser au monde après nous, à ceux qu'on quitte, à ceux qu'on aime. On peut enregistrer des voix, des odeurs, des goûts. Je suis rentrée chez moi. Je suis restée longtemps comme ça, devant la machine à capteur sensoriel. Je n'ai pas pu. Tu sais pourquoi ? Parce que je ne savais pas à qui parler. Alors j'ai attendu. Je me suis dit que cela viendrait, que je finirais par trouver quelqu'un à qui j'avais envie d'offrir tout cela. Ce n'est pas venu. Pas comme ils le disaient. Parce qu'ils n'y comprennent rien. Les gens comme toi, comme moi, ce n'est pas à demain qu'on s'adresse. Tu sais à qui j'avais envie d'envoyer des mots, moi ? À mon père. Que GoldTex a refoulé en zone 3 parce qu'il n'était plus productif. À mon père qui n'était qu'un parasite. J'ai cherché des traces de lui. Je n'ai trouvé qu'une chose. Grâce à Motus, mon Gulper. Il a exhumé une image d'archive de la police sur laquelle on voit des manifestants. Ce doit être pendant les Grandes Émeutes. Il y a mon père, là, dans la foule. On le reconnaît. Il est au premier rang et interpelle les forces de l'ordre face à lui. Rien à voir avec une ombre, un parasite. Ce que j'ai vu, moi, sur ce cliché, c'est juste un homme en colère. Et ça m'a fait du bien. Un homme qui avait la rage et qui voulait faire tout tomber. Ça m'a plu. C'est à lui que j'ai repensé devant mon capteur sensoriel. Je sais bien qu'il est probablement mort. Que toute trace de son existence a été patiemment effacée. Mais je m'en fous. Quand je me demande ce que j'ai envie de dire sur moi, sur ce que je suis devenue, sur ce qui me dégoûte ou ce qui compte, c'est à lui que j'ai envie de parler. Alors, je l'ai fait. Mon Aldilà est verrouillé à son nom. Il n'y a que lui qui pourrait le regarder. Et comme il ne le fera pas, ce sont des mots pour personne. Mais ce n'est pas grave. Ça m'a permis de les sortir. »
« La voiture ralentit. Elle longe maintenant une dizaine de vaches qui marchent sur le bas-côté de l'avenue, d'un pas lent. Ce pourrait être un joli moment, la rencontre de deux mondes, mais Salia voit les balises électroniques sur les oreilles des bovins et cela l'attriste. Tout est faux, ici, parce que conçu, organisé, préparé. Ce que GoldTex a tué en premier, c'est la surprise. Au fond, se dit-elle, c'est peut-être pour cela qu'elle a choisi d'être enquêtrice. Parce que tout commence par la surprise. Chaque corps est une énigme. Rien n'est prévu alors qu'ici, tout est raconté d'avance. Et pourtant, soudain, la ville est belle. Des trouées de lumière tombent sur les façades mouillées. Un éclat fragile vient se déposer sur les immeubles. C'est troublant. On dirait les derniers jours de l'Empire romain. Tout va finir. L'air du soir scintille. C'est magnifique. Elle pense qu'ils sont comme les deux derniers légionnaires à quitter Rome avant le sac. "Nous laissons la ville aux barbares." Et elle n'en éprouve ni crainte ni nostalgie. Elle se laisse simplement emplir de la beauté de l'instant. »
« On y voit des femmes et des hommes nus. Et parfois des bouts de phrases qui ont résisté à l'usure du temps et qui vantent la vie débarrassée du poids des conventions sociales, l'osmose avec la nature, la liberté d'être au monde, et tous ces mots qui semblent désigner un bonheur étrange, comme innocent et qui ici, maintenant, dans ce lieu marqué par les traces du temps, ne sont plus que des échos absurdes d'un monde qui n'existe plus. »
« Le peuple des damnés est là, sous leurs yeux. Celui dont elle était parvenue à s'extraire. Celui dont venaient les cinq morts du container D793. Un peuple condamné à un châtiment antique : celui du travail sans fin. »
« Durant l'ascension, Zem pense à ce que Kotoma vient de dire de Léna. Il est heureux que les mots de cet homme soient des mots de haine. Cela lui fait du bien de savoir qu'elle leur a tourné le dos, qu'elle les combat. C'est comme si quelque chose en elle n'avait pas vieilli. Tandis que Kotoma parlait, il ne pouvait faire autrement que de convoquer en son esprit le souvenir qu'il a gardé d'elle, à vingt ans. Son corps jeune, son énergie rageuse, prête à manger le monde. Et pourtant, il sait que, comme lui, elle n'est plus cette personne, que comme lui, elle a vieilli, que si elle se bat aujourd'hui, ce n'est plus avec l'élan de celle qui croit aux grands lende-mains mais avec la tristesse de celle qui sait qu'on lui a volé sa vie et qui veut juste se venger. Il le sait parce qu'ils sont pareils. Ils ont été mordus au même endroit. Ils sont pleins du même dégoût de ce qu'on les a obligés à faire et veulent à tout prix faire disparaître la même tache qui, pourtant, reste indélébile. »
« Salia n'en revient pas de ce qu'elle entend. Tout lui semble maintenant parfaitement clair. C'est de cela que parlait Fragma lorsqu'elle disait : "Ils ont inventé l'enfer." »
« "La réintroduction du monde animal, la sup-pression des check-points, toutes ces conneries... Au moment où ils nous vendent le réaménagement de la zone 3 et promettent de l'eau pour tous, ils ont inventé une zone 4 qui est bien pire que la cale d'un bateau négrier."
"La seule vraie question qui les intéresse, renchérit Zem, c'est de savoir qui mettra la main sur les ressources de tassilium." »
« Elle a tué. Quelques secondes s'écoulent. Puis, elle revient. Sans un mot. Elle s'assoit et redémarre. Lui non plus ne dit rien. Il n'y a pas de tristesse. Pas de dégoût. Il sait qu'elle vient de tenter de rééquilibrer le monde. Que Gobi vive, parle, se pavane, était devenu impossible. Que Gobi pros-père alors que les noms des esclaves n'existeront plus jamais pour personne était insupportable. Il sait aussi qu'ils viennent de quitter tout ce qu'ils étaient. D'autres drones ne tarderont pas à les rattraper. Ils n'ont plus d'autre choix que de fuir. Mais cela lui va. Il n'en veut pas à Salia. Il est prêt. La route devant eux lui semble la dernière route du monde et lorsqu'elle démarre en trombe, il se sent plein d'une vigueur nouvelle. »
« Toute la montagne à ses pieds est pelée. Il n'y a pas un arbre, pas même de bosquets. Rien. Juste la mer, partout où elle pose les yeux. C'est vertigineux. Salia n'a jamais rien vu de tel. Tout est si grand, si vaste. Un léger vent la caresse. C'est beau. Au pied de l'arbre, un banc a été construit, comme encastré dans le tronc. Elle n'en revient pas. Elle voudrait pleurer. C'est le même arbre, le même banc que dans ses visions de bastonnade. Cette épiphanie qui apparaissait parfois au milieu du fleuve d'immondices, ce moment suspendu qu'elle cherchait sans cesse à retrouver, il est là, devant elle. Elle recon-naît tout : la sensation de l'air chaud qui l'entoure, le vent qui remonte de la mer en léchant la pente, l'immobilité envoûtante du paysage, le bleu éclatant au loin. Tout est là. "C'est ici", murmure-t-elle, et il lui semble que sa vie de fracas, de laideur, sa vie endommagée à Magnapole vient de s'achever et que quelque chose de nouveau commence maintenant. »
« "Que faut-il que je fasse ?"
"Pirater tout ce que tu peux pirater pour que je puisse m'inviter à la soirée d'inauguration des Nouveaux Quais. J'ai besoin d'une lucarne de deux ou trois minutes. Pas plus. Il faut que tu m'obtiennes ça. Entrer dans le système. Me faire apparaître et tenir à distance toute tentative de reprise en main du système pendant que je parle."
"Pour parler de l'enquête ?"
"Pour parler de la Crète et de Fragma."
"Je le ferai."
"Merci."
D'où viennent ces mots ? Elle ne saurait le dire.
Existe-t-elle vraiment, cette conscience de machine ? De quelle nature est leur amitié? Est-ce un dysfonctionnement, une sorte d'accident de programmation ou, au contraire, le stade ultime du progrès ? Elle l'ignore - comme elle ignore pourquoi Motus a décidé d'être avec elle, pleinement, totalement. »
« [...] il y a un autre monde. Loin de vous. Il ne ressemble pas à ce que vous dit Barsok. Il est plus violent, plus ravagé mais aussi plus beau que ce que vous pensez. Je vous parle aujourd'hui pour vous dire que nos dirigeants ont inventé une zone 4 que vous ne voyez pas, et qui n'existe que pour votre confort. Je vous parle pour vous dire que vous avez des esclaves sans le savoir. GoldTex vous dit qu'elle rejette les Rebuts. Ce n'est pas vrai. Elle les exploite. GoldTex vous dit qu'elle est, à elle seule, le monde entier, ce n'est pas vrai. Il y a d'autres mondes. GoldTex prétend que nous allons être riches et prospères mais elle ne dit pas que MolochFirst vient de lui voler le tassilium. Moi, Salia Malberg, née parmi vous, je vous le dis. Il est possible de tout quitter. Je vous le dis. Le confort vous soumet. Ne vivez plus dans un monde qui prévoit tout, dans un monde qui a tué la rencontre et l'inattendu. Tout peut être renversé. Les Sociétés Monde sont comme les empires, ce sont des géants aux pieds d'argile. Je suis Salia Malberg. Je laisse monter en moi le fleuve de boue que j'ai si souvent essayé de contenir par honte, je le laisse monter parce que c'est GoldTex qui m'a appris ces mots. C'est GoldTex qui m'a fracassée. Il est temps de ne plus retenir ma colère. Écoutez. Je fais retentir une dernière fois ce que Magnapole a mis en moi. C'est l'exacte image de ce qui coule dans vos rues. »
« "J'avais raison. Léna est comme moi. J'en étais sûre. Les vrais blessés, c'est au passé qu'ils ont envie de parler. C'est ce que les autres ne comprendront jamais. Léna a ouvert un compte. Elle y a déposé des captations. Motus a fini par les trouver. Je ne les ai pas regardées mais je pense que tu devrais le faire. Car c'est à toi qu'elles sont adressées. "Sparakos". C'est le nom de son compte. Motus s'est surpassé. Je te l'offre, Zem. Le vieux monde que nous lais-sons derrière nous te fait ce dernier cadeau. Après nous avoir tant usés, tant salis, il nous laisse par-tir. Je suis contente pour toi. Je ne sais pas ce que Léna dit dans sa stèle digitale mais quels que soient ses mots, si elle a décidé de te les adresser trente ans après, par-delà vos fatigues et vos doutes, c'est qu'il y a quelque chose qui n'est pas détruit. C'est à toi qu'elle pense, Zem, lorsqu'elle se demande ce qu'elle va laisser derrière elle." »
« "Je suis de retour", murmure Zem. Il ferme les yeux puis les rouvre. Il sait que Delphes le sent. Le mystère l'entoure. C'est beau. Rien n'a été sali. Rien n'a été creusé, foré, aménagé, parce qu'il n'y a rien ici, que l'esprit. Et de cela, ils ne savent que faire. »
« Il n'y aura rien à dire. Quels mots pourraient raconter trente ans d'absence ? Quels mots pour dire la joie que tout ne soit pas mort alors qu'on a cru qu'on allait disparaître ? Quels mots pour exprimer les pensées qu'on s'est répétées mille fois pour tenir, les pensées qui nous servaient à ne pas désespérer et qui toutes avaient le goût du passé ? Il n'y aura pas de mots. Je sais ce que je ferai. Tu seras devant moi. Nous serons immobiles, incapables de plus rien. Alors, juste, je lèverai la main et d'un doigt, doucement, délicatement, je caresserai l'ar-rondi de ton visage. Cela ne durera que quelques secondes. Mais cela effacera toutes les hontes, toutes les excuses et les explications. Ma main, doucement. Juste cela. Pour dire que tout s'achève. Et que nous avons été plus forts que le malheur. « La vie plus forte que tout. » Tu te souviens ? C'est ce que tu disais lorsque nous avions vingt ans. À cet instant, ce sera vrai. La vie plus forte que tout. Comme si, avec ce geste, simple geste, nous faisions se balancer le monde à nos doigts, comme un pendule. Tu seras devant moi. Léna. Et tout le reste, mes blessures, mes fautes, mes solitudes, tout le reste sera devenu mon passé. Longue vie qui ne prend sens qu'au retour. Longue vie plus coriace que l'errance.»
« Je suis l'homme couvert de rides et plein du souvenir de mondes lointains. Tout est bien. »
Quatrième de couverture
De retour dans les rues de Magnapole, Zem Sparak, l'ancien flic déclassé de la zone 3 - le "chien" au matricule 51 -, assure désormais la sécurité rapprochée de Barsok, l'homme qui a promis d'abolir les différences de classe et de réunifier la ville.
À l'approche du jour censé célébrer l'avancée des Grands Travaux, et alors que toutes les caméras sont tournées vers le port où arrive un cargo chasseur d'icebergs, un container livre une funeste découverte : assis côte à côte, cinq cadavres anonymes portent les traces d'atroces souffrances. L'occasion pour Zem de retrouver l'inspectrice chargée de l'enquête, Salia Malberg. Ensemble, ils vont tenter de comprendre ce que cache le consortium GoldTex : à Magnapole, comme ailleurs, le confort des uns semble bâti sur la vie de milliers d'autres...
Ce nouveau roman de Laurent Gaudé est un miroir tendu à nos sociétés consuméristes en proie à l'effondrement. Mais il abrite aussi l'idée d'un ailleurs, d'un refuge face au désastre, nommé résistance.
Né en 1972, Laurent Gaudé a reçu en 2004 le prix Goncourt pour Le Soleil des Scorta. Romancier, nouvelliste et dramaturge, il construit une œuvre protéiforme, d'Eldorado (2006) au récit Terrasses ou Notre long baiser si longtemps retardé (2024), entièrement parue chez Actes Sud.
Éditions Actes Sud, août 2025
268 pages
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