Editions Albin Michel, août 2016
297 pages
Quatrième de couverture
En 1632, dans la petite ville de Loudun, mère Jeanne des Anges, supérieure du couvent des Ursulines, est brusquement saisie de convulsions et d’hallucinations. Elle est bientôt suivie par d’autres sœurs et les autorités de l’Eglise les déclarent « possédées ». Contraints par l’exorcisme, les démons logeant dans leurs corps désignent bientôt leur maître : Urbain Grandier, le curé de la ville.
L’affaire des possédées de Loudun, brassant les énergies du désir et les calculs politiques, les intrigues religieuses et les complots judiciaires, a inspiré cinéastes et essayistes. Frédéric Gros en fait le roman d’un homme : Urbain Grandier, brillant serviteur de l’Eglise, humaniste rebelle, amoureux des femmes, figure expiatoire toute trouvée de la Contre-Réforme. Récit d’une possession collective, le texte étonne par sa modernité, tant les fanatismes d’hier ressemblent à ceux d’aujourd’hui.
Mon avis ★★★★☆
Très belle reconstitution historique de l'affaire des possédées de Loudun, très bien documentée qui nous plonge dans une France, tourmentée par les questions de religions, les tensions entre catholiques et protestants, une France de fanatiques religieux et un Richelieu puissant aux commandes...
«Enfin quoi, ils étaient tous là, le clan des raseurs de murs, les anti-Grandiers, les bouffeurs de huguenots, les cardinaux haineux, se disant loyalistes. Les vrais chrétiens, les bons catholiques aimant la France fille aînée de l'Eglise, adorant la famille et le dimanche matin, trouvant justes la prospérité des notables, la misère des gens de rien et le malheur de qui ne pensait pas comme eux.»
Urbain Grandier, le curé de Loudun, le magicien, flétrisseur des âmes pures, corrupteur des vierges dévouées de Dieu, désigné comme le suppôt de Satan ... torturé et mort inutilement. Il était un homme libertin, apprécié des femmes, qui remettait en cause le célibat des prêtres. Ses pensées, eussent-elles été écoutées, auraient évité bien des tourments dans l'Église catholique !
Frédéric Gros dénonce avec brio la veulerie humaine, les manigances, la méchanceté, le sadisme de l'Église, la perversité des règlements de compte politiques et religieux; la fin est effroyablement bien écrite...Le style est froid, sec, pimenté de touches d'humour, il colle parfaitement avec le récit.
Une lecture à vous retourner l'estomac par moment, angoissante parfois aussi, une lecture émouvante et qui fait naître un sentiment de révolte.
Un premier roman très très prometteur !
«Elles se mettent toutes à hurler, et leurs longs cris terrorisent l’assistance. Les religieux tentent de les retenir, elles fondent sur Grandier comme une nuée d’oiseaux fous, mêlant aux blasphèmes des propositions de luxure, arrachant leur coiffe, déchirant leur habit, convulsant à l’envie.
On tient mieux dans la haine que dans l'amour. La haine se nourrit du temps qui passe, l'amour s' y use.
C'est moi qui meurt, mais c'est vous qui avez peur.»
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