dimanche 18 décembre 2016

Repose toi sur moi*** de Serge Joncour


Éditions Flammarion, août 2016
427 pages
Prix Interallié 2016

Quatrième de couverture


Aurore est une styliste reconnue et Ludovic un agriculteur reconverti dans le recouvrement de dettes. Ils n'ont rien en commun si ce n'est un curieux problème : des corbeaux ont élu domicile dans la cour de leur immeuble parisien. Elle en a une peur bleue, alors que son inflammable voisin saurait, lui, comment s'en débarrasser. Pour cette jeune femme, qui tout à la fois l'intimide et le rebute, il va les tuer. 
Ce premier pas les conduira sur un chemin périlleux qui, de la complicité à l'égarement amoureux, les éloignera peu à peu de leur raisonnable quotidien.Dans ce grand roman de l'amour et du désordre, Serge Joncour porte loin son regard : en faisant entrer en collision le monde contemporain et l'univers intime, il met en scène nos aspirations contraires, la ville et la campagne, la solidarité et l'égoïsme, dans un contexte de dérèglement général de la société où, finalement, aimer semble être la dernière façon de résister.


  Serge Joncour est l'auteur de dix livres, parmi lesquels, aux éditions Flammarion, UV (Prix France Télévision 2003), L'Idole (2005), Combien de fois je t'aime (2008), L'Homme qui ne savait pas dire non (2010), L'Amour sans le faire (2012) et L'Ecrivain national (2014). Ses romans sont traduits dans plus de vingt langues.


                                                     



Mon avis  ★★★☆☆

«Quitter c’est se redonner vie à soi, mais c’est aussi redonner vie à l’autre, quitter c’est redonner vie à plein de gens, c’est pour ça que les hommes en sont incapables, donner la vie est une chose qu’ils ne savent pas faire.»
Une histoire d'amour qui fait du bien, empreinte d'humanité, de douceur comme de brutalité, de caresses comme de coups bas, il y est question de la vie en ville opposée à celle de la campagne ... et de deux êtres que tout semblerait opposé mais qui pourtant vont se retrouver, s'enlacer, se reposer l'un sur l'autre; face à l'adversité, ces deux âmes solitaires vont s'entraider, s'aimer, se savourer, mais aussi sombrer dans une spirale douloureuse née d'une odieuse trahison.
J'ai beaucoup aimé l'intrusion que l'auteur nous permet dans les pensées de ces deux êtres. Malheureusement, je n'ai pas toujours été embarquée dans cette romance. Et j'avoue que j'ai un peu de mal à argumenter. J'en ai aimé le rythme, l'écriture fluide, poétique et intimiste, les valeurs qui en émanent (Serge Joncour dénonce les enjeux capitalistes du profit à tout profit, faire du fric envers et contre tout «Le business, c’est soit tu bouffes les autres, soit tu te fais bouffer», une prise de conscience aussi de l'éloignement de la nature et du manque d'humanité dans notre société contemporaine urbaine notamment ...), la fin ouverte, cette lecture m'a apaisée après avoir enchaîné plusieurs âpres lectures ... je ne sais pas, il m'a manqué un peu de crédibilité peut-être. De la rencontre à la passion, il n'y a que très peu de pages...pas suffisantes à mon goût pour que cette passion me saisisse totalement.
Néanmoins, cette lecture fût agréable, je ne la regrette pas du tout et  je la recommande vivement à ceux qui aiment les romances (ce qui n'est peut-être pas mon cas in fine), vous ne serez pas déçus, j'en suis certaine.
Merci M. Joncour, j'ai hâte de vous lire de nouveau avec L'écrivain national, U.V et L'Idole, dont on ne m'en a dit que du bien et qui me tentent beaucoup, dans des registres différents.
«Parfois, à de petits carrefours inattendus de la vie, on découvre que depuis un bon bout de temps déjà on avance sur un fil, depuis des années on est parti sur sa lancée, sans l’assurance qu’il y ait vraiment quelque chose de solide en dessous, ni quelqu’un, pas uniquement du vide, et alors on réalise qu’on en fait plus pour les autres qu’ils n’en font pour nous, que ce sont eux qui attendent tout de nous, dans ce domaine les enfants sont voraces, avides, toujours en demande et sans la moindre reconnaissance, les enfants après tout c’est normal de les porter, mais elle pensa aussi à tous les autres, tous ceux face auxquels elle ne devait jamais montrer ses failles, parce qu’ils s’y seraient engouffrés, ils ne lui auraient pas fait de cadeaux. Ils sont rares ceux qui donnent vraiment, ceux qui écoutent vraiment.

Il a un problème avec la foule, cette façon urbaine de s'amasser. [...] Il faut sans doute vivre à Paris depuis longtemps pour louvoyer d'instinct dans une multitude dense et pressée, pour s'y fondre, ne même plus y prêter attention.

En se serrant contre cet homme, en s’y plongeant avec tout ce qu’elle mobilisait de forces, elle embrassait l’amour et le diable, la peur et le désir, la mort et la gaîté, elle avait la sensation de se perdre en plein vertige dans ces bras-là, d’être embarquée dans une spirale qui n’en finirait jamais de les avaler.

C’est pourtant vrai, il ne suffit pas d’être génial pour réussir, il faut surtout anticiper, dans la vie c’est toujours ceux qui ont un coup d’avance qui réussissent, pas les surdoués !»

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