Éditions Philippe Picquier, mars 2015
241 pages
Traduit du chinois par Stéphane Lévêque
Parution originale Ta de guo, 2012
Quatrième de couverture
Ce que Xiaolong préfère, c’est rouler comme un dingue sur sa moto. Seul ou avec Niba, une fille à l’air candide. Niba aime peindre et rêver, et elle est amoureuse de lui depuis l’enfance.
Xiaolong agit selon ses instincts, ses envies, redresseur de torts à ses heures, il ne connaît pas les limites que la société lui impose. La petite ville où il vit n’a peut-être rien d’attirant mais c’est son royaume. Un royaume que la plupart des jeunes ont déserté et que les dirigeants veulent mener à la réussite économique. Mais ils ne parviennent qu’à polluer terres et rivières. Lorsque les animaux se mettent à muter et les crevettes chinoises à ressembler à des écrevisses australiennes, Xiaolong trouve que trop, c’est trop. Mais s’il possède un grand sens de l’équilibre sur les deux-roues, ce n’est pas le cas dans les relations humaines ou quand il faut négocier un compromis.
Écrivain devenu célèbre à dix-sept ans, blogueur le plus influent de Chine, champion de rallye automobile, Han Han s’en donne à cœur joie dans ce roman provocateur et insolent, où il se met lui-même en scène avec humour comme auteur d’un livre toxique intitulé Poison!
Mon avis ★★★★☆
Son royaume, Xialong le arpente sur sa moto, au gré de ses humeurs, il y roule à vive allure à la rencontre des filles ou de ses amis, l'un est gardien d'une friche artistique abandonnée, l'autre, restaurateur, aveugle, à qui il raconte ce qui se passe à Tinglin, ville oubliée et archi polluée, qui, sous nos yeux se transforment en véritable royaume à se faire du fric à tout va, ou la démesure et les ambitions folles des dirigeants politiques vont transformer le paysage et la faune locale.
Le ton est acerbe, la critique des travers de la société chinoise vive, c'est drôle, déjanté, jubilatoire !
Une satire sociale haute en couleurs, absolument délirante, qui nous plonge dans une ambiance très particulière, à la fois sombre et lumineuse, douce et acide, dans un monde qui part complètement à la dérive où les exagérations de l'auteur sur les positions politiques au regard du développement économique et industriel sonnent pourtant justes et tristement si réalistes. Une belle réflexion alarmante au plus haut point sur les dérives d'un système gouverné par l'argent, les spéculations à outrance, où manigances, mensonges et complots règnent en maîtres, et sur les impacts environnementaux et humains que ces dérives engendrent. L'Homme suit naïvement, bêtement le mouvement, un vrai petit mouton, oublie toutes notions de solidarité, il est prêt à accomplir des actes irréversibles et dénués de sens pour se remplir les poches !
Le personnage de Xialong est très attachant, il s'indigne, se révolte...un être sensé, presque sensé, ;-) dans un royaume qui part en vrille.
Le personnage de Xialong est très attachant, il s'indigne, se révolte...un être sensé, presque sensé, ;-) dans un royaume qui part en vrille.
«— Bon ! En ce moment je suis fauché, je ne peux pas te payer, mais si c’est ma vie que tu veux, là je peux te la donner !
Elle a fléchi la tête. Et elle a pensé : « Voilà un homme comme je les aime ! »
En vérité, pour la seule raison que Niba l’aimait, Xiaolong aurait pu dire n’importe quoi sans qu’elle en prenne ombrage. S’il avait dit quelque chose d’agréable, elle ne l’en aurait que plus aimé. Et s’il avait lâché : « Nique ton père », elle l’aurait aimé tout autant. C’est ça la loyauté à toute épreuve.
La librairie Xinhua est une entreprise d'État et les profits de l'État passent avant ceux des entreprises privées. Le plus gros profiteur de Chine, c'est l'État et pour s'enrichir en Chine, mieux vaut ne pas ignorer cette règle.»
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