mardi 16 octobre 2018

Fille de l'air ★★★★☆ de Fiona Kidman

Un bien joli portrait, servi par une bien jolie plume, d'une aventurière passionnée, intrépide, audacieuse, enjouée et libre : Jane Batten
Le récit vibrant d'une vie hors du commun. 
Le portrait également d'une époque et les débuts de l'aviation dans les années trente. Extrêmement bien documenté.
Un régal. Absolument passionnant.
Pour les amateurs d'aviation, mais pas que !
Une lecture qui m'a donné envie d'écouter Chopin, de marcher dans le sable chaud, de revoir la mer, de m'évader, de partir à l'aventure, de relire Georges Sand et Fleming, de faire un petit crochet par Majorque [...] Majorque...les souvenirs reviendraient, l'arôme de la fleur d'oranger s'élevant à leur rencontre de la vallée sur les chemins montagneux, le froissement des feuilles dans les oliveraies, les couches sombres de bleu dans l'océan au-delà des plages blanches, la musique de Chopin. [...] Cette nuit-là, une lune rouge sang répandait sa lumière énigmatique sur la mer. 
Un vent de liberté souffle sur les pages de la « Fille de l'air » pour notre plus grand bonheur.


« Les exploits de Louis Blériot étaient le symbole parfait de ce qu'elle avait toujours imaginé, le pouvoir de se propulser dans les airs. 
Tout ce qui avait pu se produire dans sa vie jusqu'ici devenait insignifiant. La sensation de vitesse et de puissance l'enivrait. Tout ce qui lui avait paru si terne et laid cessa d'exister. Elle cria tout haut son exultation de voler, le visage illuminé de plaisir. L'avion piqua vers les montagnes, les eucalyptus bleus inondés de lumière coruscante argentée, et elle entrevit le sol du monde à travers leurs branches feuillues avant que l'appareil ne vire et ne s'élève à nouveau dans l'air comme sil chevauchait la crête d'un nuage. « C'est ça, cria Jean au-dessus du vrombissement. C'est ça qu'il faut que je fasse. »
La pitié, se disait-elle, n'est pas très loin du mépris.
Et maintenant la Syrie. Elle poussa un cri de joie, chanta à tue-tête, L'Assyrien s'abattit tel un loup sur le troupeau...Qu'aurait pensé Lord Byron d'une femme, guère plus âgée que lui, quand il écrivit ce poème, en train de hurler ses mots à quinze cents mètres au-dessus des champs verdoyants de Syrie ?
Elle retint son souffle en voyant le Gull pour la première fois, le jour de son anniversaire, en septembre, sa carlingue argent luisant sous les puissants projecteurs du hangar. Comme, écrivit-elle dans son journal, un merveilleux pur-sang toiletté et lustré, prêt pour une grande course, et pressé de prendre le départ.
J'étais danseuse.- Vraiment ? Cela explique beaucoup de choses. Votre grâce, votre maintien quand vous entrez dans une pièce. Vous êtes une dame de petit format, si j'ose m'exprimer ainsi, mais votre présence est immédiate, très forte. Vous êtes le genre de personne qui inspire du rêve aux autres.- Comme vous, monsieur. (conversation avec Louis Blériot)
... Comment supportent-ils cela, les gens qui vous aiment, quand vous disparaissez au-dessus d'océans vastes comme l'Atlantique ?- Je crois que ma mère s'inquiète peu.- Votre mère s'inquiète ? Ma chère enfant vous avez un don pour la litote. Ça doit être terrifiant pour elle. »


Quatrième de couverture

Surnommée la « Garbo des airs », Jean Batten était une aviatrice mondialement célèbre dans les années 1930. Née en 1909, l’enfant de Rotorua – petite ville au nord de la Nouvelle-Zélande – battit plusieurs records, notamment entre l’Angleterre et l’Australie, qu’elle rejoignit en quatorze jours et vingt-deux heures dans son petit avion de tourisme, un Gipsy Moth.
Dans ce nouveau roman, Fiona Kidman se penche sur le destin de cette « fille de l’air » à qui tout sourit, mais qui pourtant cessa de voler dès 1939 et mourut solitaire en 1982. Douée et gracieuse, la gamine que les cartes passionnent, qui apprend à communiquer en morse en observant son frère et qui, sur sa balançoire, veut encore s’envoler plus haut, part bientôt en Angleterre sous le prétexte d’étudier… la musique et de devenir pianiste de concert. Elle y suit en réalité, avec la complicité de sa mère, des leçons de pilotage. Son talent, sa détermination, font le reste : plusieurs pilotes de renom, fascinés, financent ses premiers vols. La gloire, pourtant, est de courte durée : quatre années haletantes, que l’écrivain met en scène sans rien cacher des péripéties – une succession de records, mais également deux crashs, dont un dans le désert irakien –, des déboires sentimentaux et des doutes de son héroïne.
Toute la force de ce portrait tient dans la perspicacité avec laquelle Fiona Kidman lève le voile sur la personnalité complexe de cette femme téméraire, qui ne semblait exister pleinement que dans les airs.

FIONA KIDMAN, née en 1940, vit à Wellington. Écrivain de tout premier plan, elle est l'auteur de plus d'une vingtaine d'ouvrages, dont plusieurs déjà parus en français chez Sabine Wespieser éditeur : Rescapée (roman, 2006), Gare au feu (nouvelles, 2012) et Le Livre des secrets (roman, 2014).

Éditions Sabine Wespieser Éditeur, avril 2017
670 pages
Roman traduit de l'anglais (Nouvelle-Zélande) par Dominique Goy-Blanquet
Parution originale "The Infinite Air", 2013

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