lundi 8 octobre 2018

Ici ça va ★★★★★♥ de Thomas Vinau

« La joie est belle. La joie est simple. [...] Une discipline. 
Une acuité du coeur et de l'oeil. 
Il y a des ressources considérables à puiser là-dedans. 
De la force. De la beauté. De la vérité. [...] 
Aujourd'hui je veux faire attention à ce que je vois. 
À ce que je touche. À ce que je goûte. 
Aux variations de la lumière. Aux odeurs. Aux mots. »


Superbe ! 

Prenez le temps de savourer ce petit bijou de poésie et d'amour. À petits pas. À tout petits pas.  

[...] pour choisir quelque chose d'humain et de décent. 
Agrandir la fenêtre ... apprendre chaque saison, chaque moment, par le bout abîmé de mes doigts. [...] Les cycles de la terre et du ciel. Les mouvements du corps, simples, entiers, qui accompagnent chaque étape. Les odeurs. La bonne fatigue. La vraie. Pas celle des nerfs.

Un retour aux sources.
Un trou dans l'espace temps. 
Une reconnexion à la nature, à l'essentiel, à la vie simplement.
Un bon bol d'air dans lequel il fait bon s'y ressourcer.
Des lignes entre lesquelles se reposer.
Une belle leçon de vie. 
Une sorte de dérogation exceptionnelle aux piétinements du temps. 

MERCI. 
Parfaitement émerveillée ! 
« Il lui arrive si souvent de donner la becquée à mes rêves. »
« Il y a toute une vie à construire.

Tous ses jalons à y entreposer.

Tout ce que l'on ne finira pas mais dont on a gardé le goût en bouche. »

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« Je déteste les supermarchés. C'est un labyrinthe plein de sauvagerie et polyuréthane coloré.
Elle m'a dit qu'elle était heureuse d'être ici. Qu'elle était pleine d'espoir pour l'avenir. Je lui ai répondu que moi aussi. Nous nous sommes endormis comme ça. Bien au chaud dans nos projets. Avec demain comme couverture.
J'ai pensé que c'était parfois tout ce qu'il restait d'une vie d'amour et de sueur. D'une histoire entière d'homme. Une date gravée dans le ciment. Comme dans les cimetières.
Nous sommes particulièrement complices en ce moment. Nous en étions réduits à devenir des voisins avec ses horaires compliquées, ses cours de peinture le soir. Mon travail de la journée. [...] Quand elle arrivait, j'étais déjà fermé, vide. Je n'avais rien à partager. Ici nous pouvons ne pas échanger un seul mot de l'après-midi, et pourtant nous partageons. Nous sommes reliés par un regard, un bruit, un sourire. Nous sommes ensemble. Nous pouvons dès lors savourer nos silences.
Il fallait cesser de croire que c'était suffisant. Que j'étais heureux. Que je m'en contenterais. C'est arrivé au moment où tout allait bien. Ça a sûrement tué des choses en moi. En nous deux. Ça en a sauvé aussi. Ça en a fait naître. 
Les radis ont besoin de beaucoup d'eau. Les tomates aussi. Sans parler des salades. Les choses poussent, germent, grandissent. Il faut suivre leur rythme. C'est comme une danse. On ne mène pas. On suit, on se laisse porter. 
Mon frère est un morceau de mon coeur. Il le sait. Nous sommes le même air joué par deux instruments différents.
C'est comme s'enfoncer dans une forêt ébouriffée. Ou marcher au bord de la rivière. On arpente sa vie. On choisit un chemin. On s'y habitue. On tente de retenir la route. L'itinéraire. C'est normal, il faut un biais pour découvrir. Un plan. Le chemin devient familier. Rassurant. On élabore nos propres repères. À partir de ce que l'on connaît. Mais on ne connaît rien. Les vrais ignorants ignorent leur ignorance. C'est un peu comme voir le paysage par une petite, petite, toute petite fenêtre. Au lieu d'essayer d'élargir la fenêtre. De casser les murs. On préfère réduire ce paysage. Penser qu'il n'est que ce que l'on voit. S'en contenter. C'est plus confortable. Et puis un jour on se rend compte que le monde est plus grand que nos yeux. Et on reste là, perdus. Au bord du vertige.  
La confiance ne se déclame pas. Il faut l'apprendre. Tout doucement. Il faut que quelqu'un d'autre vous l'apprenne. À grands coups de demains et de câlins. 
Tous les enfants ont droit à une certaine dose de merveilleux. C'est la moindre des choses dans cette crevasse éternelle.
Savez-vous à quel point il est dur de sauver quoique ce soit ? Ema s'y applique avec dévotion. Elle fait ça très bien. Dans une vraie harmonie entre ce qu'elle est au fond d'elle-même et ce qu'elle construit. Certains humains sont plus doués que d'autres dans ce domaine. Certains sont faits pour accomplir. D'autres pour détruire. D'autres pour sauver. Mais la plupart des hommes ne sont pas faits pour quoi que ce soit. Ils sont là, beaux et inutiles comme des anachronismes. Comme des cheveux sur la tête d'un caillou. Heureusement, certains d'entre nous sont des anomalies capables de tendresse et de curiosité. C'est ce qui fait que rien n'est écrit. Et qu'un rongeur rose et aveugle peut prétendre à la vie. Malgré les chiens. Malgré l'hiver.
Nous tissons des liens secrets et minuscules avec ce qui est vivant et sauvage. Nous essayons de tout coeur. Avec cette petite tendance, légèrement grotesque, à forcer le mouvement. Comme ces orphelins qui tiennent absolument à faire partie d'une famille. »
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Quatrième de couverture

Un jeune couple s’installe dans une maison apparemment abandonnée. L’idée ? Se reconstruire en la rénovant. Tandis qu’elle chantonne et jardine, lui – à pas prudents – essaie de retrouver ses souvenirs dans ce lieu qu’il habita enfant. Ses parents y vécurent heureux, avant que la mort soudaine du père coupe le temps en deux. Dans ce paysage d’herbes folles et d’eau qui ruisselle, ce sont les gestes les plus simples, les événements les plus ordinaires qui vont réenchanter la vie : la canne à pêche, la petite voisine, les ragondins, la tarte aux fruits, l’harmonica. Petit à petit, il reprend des forces et se souvient tandis qu’elle lui fait le plus beau des cadeaux en ne lui demandant rien : « Elle n’a pas besoin d’être confortée sur ma virilité. Ma capacité à être un bonhomme. À construire. À la protéger. Elle n’aime pas ma perfection. Ça tombe bien. J’apprends à ne plus écouter la chanson lancinante de mes plaintes. J’apprends à rire plus fort. J’apprends à recommencer. »

Éditions Alma éditeur, août 2012
136 pages

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