jeudi 7 mai 2020

Le coeur battant du monde ★★★★☆ de Sébastien Spitzer

Si Ces rêves qu'on piétine, dont le personnage centrale était Magda Goebbels, un roman poignant, m'avait particulièrement séduite, Le coeur battant du monde m'a littéralement embarquée. Je me suis laissée transporter dans le Londres vibrant du milieu du XIXème siècle, le coeur de l'empire le plus puissant du monde, à l'heure des prémices de la révolution industrielle, un monde où « l'argent est un vampire sans maître, jamais rassasié », un Londres en plein changement, en pleine Cotton Panic, un Londres socialement en plein déclin. C'est le Londres des taudis précaires et insalubres de Londres rendus célèbres par Charles Dickens.
« Londres est la ville-monde immonde. Ses rues sentent l'exil et la suie, le curry, le safran, le houblon, le vinaigre et l'opium. La plus grande ville du monde est une Babylone à bout, traversée de mille langues, repue de tout ce que l’Empire ne peut plus absorber. Elle a le cœur des Tudors et se gave en avalant les faibles. Et quand elle n’en peut plus, elle les vomit plus loin et les laisse s’entasser dans ses faubourgs sinistres. »
Nous sommes au milieu du XIXème siècle et un certain Karl Marx, dit Le Maure a fauté. Un certain Engels, corollaire de Marx, doit s'occuper de cette "bourde" et faire disparaître l'enfant illégitime, prénommé Freddy. L'histoire en décidera autrement, et des personnages au grand coeur, comme le docteur Malte, Charlotte, sa presque Bonne-Maman, Lydia, Tussy l'accompagneront, et l'aideront du mieux qu'ils le peuvent. 
Sébastien Spitzer mêle habilement la grande histoire à la fiction, son histoire du fils illégitime de Karl Marx est captivante dans un contexte historique qui l'est tout autant. 

« Londres est la ville-monde immonde. Ses rues sentent l'exil et la suie, le curry, le safran, le houblon, le vinaigre et l'opium. La plus grande ville du monde est une Babylone à bout, traversée de mille langues, repue de tout ce que l'Empire ne peut plus absorber. Elle a le cœur des Tudors et se gave en avalant les faibles. Et quand elle n'en peut plus, elle les vomit plus loin et les laisse s'entasser dans ses faubourgs sinistres. »
« La technique est un tyran glacial plus vicieux que les tyrans de chair. La technique n'a pas d'âme. Elle n'a qu'un rendement, coûte que coûte. »
« L'argent est un vampire sans maître, jamais rassasié. »
« C'est d'un banal achevé. Un homme. Une femme. Une envie qui viendrait combler l'ennui. Et les regrets qui suivent, comme un charivari de casseroles et de couverts. Ces choses-là arrivent. Elles se traitent dans le secret. »
« En affaires, la confiance est une faiblesse. »
« Nous pratiquons les langues, chère madame, cher monsieur, les mortes et les vivantes, et la grammaire des corps. Comme deux négations forment une affirmation, deux vices font une vertu, n'est-ce pas ? »
« Le soleil a pris de court la lune, et c'est un beau spectacle de les voir tous les deux valser à contretemps. Du bleu tapisse le ciel. Du roux couvre les arbres. Du beige enduit les murs. L'air frais nettoie tout. »
« On ne soigne pas une douleur avec des proverbes. »

Quatrième de couverture

Derrière cet enfant né comme l'aube,
sans avant, sans hier,
se cache le « bâtard » de Karl Marx

Dans les années 1860, Londres, le cœur de l’empire le plus puissant du monde, se gave en avalant les faibles. Ses rues entent la misère, l’insurrection et l’opium. Dans les faubourgs de la ville, un bâtard est recueilli par Charlotte, une Irlandaise qui a fui la famine. Par amour pour lui, elle va voler, mentir, se prostituer sans jamais révéler le mystère de sa naissance.

   L’enfant illégitime est le fils caché d’un homme célèbre que poursuivent toutes les polices d’Europe. Il s’appelle Freddy et son père est Karl Marx. Alors que Marx se contente de théoriser la Révolution dans les livres, Freddy prend les armes avec les opprimés d’Irlande.

   Après Ces rêve qu’on piétine, un premier roman très remarqué et traduit dans plusieurs pays, qui dévoilait l’étonnante histoire de Magda Goebbels, Sébastien Spitzer prend le pouls d’une époque où la toute-puissance de l’argent brise les hommes, l’amitié et l’espoir de jours meilleurs.

Éditions Albin Michel, août 2019 
445 pages

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire