samedi 9 mai 2020

Le cerbère blanc ★★★★☆ de Pierre Raufast

Le cerbère blanc, une tête qui observe, une tête qui écoute, une tête qui parle.

Pierre Raufast sait raconter les histoires. Je l'ai certainement déjà écrit au sujet de ses précédents romans (tous lus), alors je me répète, mais j'aime les histoires contées par Pierre Raufast.
Originales, aux petites touches cocasses, surprenantes, captivantes, elles m'embarquent à chaque fois, et Le cerbère blanc n'a pas dérogé à la règle !
Un roman à deux voix. Prennent tour à tour la parole, Amandine et Mathieu, deux êtres fusionnels depuis la naissance jusqu'à leur adolescence. Une idylle que l'ambition, la veulerie, l'orgueil interrompront brutalement... 
Deux tableaux faits de sombres réalités, d'aventures, de vengeances, de culpabilités, de solitude, de remords, de regrets, de haine, de mélancolie, deux tableaux reliés par les douces étreintes de l'amour. Deux personnages bouleversants, tiraillés par la vie et percés jusqu'au plus profond de leur âme. 
Même si les digressions, marque de fabrique de Pierre Raufast, sont absentes ici, et que les petites touches rappelant ses précédents opus sont moins diffuses, le charme a opéré.

Une écriture toujours aussi vive, intelligente, une intrigue bien ficelée et d'une efficacité redoutable !
Adopté et recommandé !

« J'ai encore jusqu'aux hêtres pour me décider. Parfois, quand les choix sont très importants, ils se mesurent en mètres. »
« Nous étions deux vignes vierges dont les lianes s'entrelacent et s'entrelacent progressivement jusqu'à constituer un ensemble inextricable. »
« Le mensonge entre deux amoureux est le pire de tous. C'est une fissure tapie au fond de nous qui ne demande qu'à s'allonger, s'étendre jusqu'à gangréner l'édifice amoureux. Les non-dits sont de la même engeance, du terreau à fêlure. »
« Les choses ne sont que des condensés d'histoires. De la matière brute avec laquelle on façonné les souvenirs, véritables piliers soutenant nos misérables vies. »
« Quand les mystères sont très malins, ils se cachent dans la lumière. JEAN GIONO »
« ...le silence est encore plus délicieux à deux. »
« L'amour est un feu qui s'alimente par des activités communes : des voyages, des enfants, des projets. Poussent alors des stalactites, de véritables fossiles-souvenirs, condensés de passions amoureuses que le couple contemplera au temps futur de la tendresse.
Le sexe, lui, est une passion qui s'évapore, des stalagmites de fumées évanescentes à la lumière du petit matin. C'est du plaisir instantané qui n'imprime rien sur la pellicule de la vie. C'est comme rouler à vive allure sur l'autoroute : une fois arrivé à bon port, que nous reste-t-il du voyage.»
« L'enfance est un radeau sur lequel bien des naufragés de la vie s'accrochent.»
« [...] mélange aigre-doux de sentiments. Nous étions malheureuses de le voir partir, mais contentes pour lui. Ce genre de montagnes russes qui font le sel de notre condition de mère.»
« L'être humain est une poupée pétrie de passion et de raison. Quand l'une flanche, l'autre vole à son secours.»
« Et si ?[...]
Les questions ne sont là que pour s'illusionner.
Dans la vraie vie, il n'y a pas de si. Il n'y a pas que des faits qui avancent inexorablement. Les si ne sont que des pansements de l'âme. »

Quatrième de couverture

Choyé par les siens, Mathieu vit une enfance idyllique dans la vallée de Chantebrie. Mais tout bascule le jour où il perd ses parents dans un accident tragique. C’est décidé, il consacrera sa vie à défier la mort. Il quitte sa vallée et Amandine, sa fiancée, pour suivre des études de médecine à Paris. Là, il travaillera pour un taxidermiste dont la plus belle pièce est un mystérieux cerbère blanc…
Mais peut-on vraiment oublier son passé ?
Tiraillé par ses démons, ses regrets et son ambition, Mathieu ira d’aventure en aventure jusqu’à ce lieu ultime, interdit, duquel il reviendra transformé.

Dans ce roman, Pierre Raufast joue avec l'imaginaire et la fantaisie pour aborder des sujets graves : le culte de la jeunesse, la peur du déclin, la folie d’une société qui croit pouvoir nier la mort. Il est aussi question de métamorphoses ; de l'amour, de nos choix et de nos âmes.

Éditions Stock Collection Arpège, mars 2020
283 pages

1 commentaire:

  1. Rebonsoir Sandrine, un roman que j'avais hâte de lire et j'avoue avoir été déçue par rapport à ses romans précédents qui se dégustent. Bonne soirée.

    RépondreSupprimer