mercredi 28 avril 2021

Lumière d'été, puis vient la nuit ★★★★★ de Jón Kalman Stefánsson

Jón Kalman Stefánsson saisit pour nous des instants de vies dans un petit village islandais qui n'abrite ni cimetière ni église et dans lequel il ne s'y passe, en apparence, pas grand chose. Le temps s'y écoule comme il doit s'écouler, il impose sa marque sur ses paysages, sur son économie, il trace sa route. L'auteur s'interroge sur le sens de la vie et en se faisant le chroniqueur de ce petit village islandais, en nous racontant les histoires de ses habitants, il nous offre un semblant de réponses. Pourquoi vivons-nous ?
« Il y a tellement de choses que nous ne comprenons pas, et nous redoutons parfois de poser les questions qui nous dévoilent et nous exposent, entièrement nus, aux yeux du monde. »
À travers les portraits des habitants de ce village, c'est une description universelle de l'humain que nous lisons, avec ses mystères, ses chimères, ses fantômes, ses joies, ses peines, ses doutes, ses angoisses, ses rêves, ses pertes, ses jalousies, ses vengeances … parfois à la limite de la raison. Parmi ces habitants, il y en a un « qui porte la voûte céleste dans sa tête », un hurluberlu Astronome qui rêve en latin, il y a Ágústa, une postière bien fouineuse, Elísabet, une jeune femme séduisante qui suscite jalousie dans bien des chaumières, il y a Davíð, un jeune homme doux et rêveur qui se prend dans les filets d'un premier amour, Jonas, capable de transformer le monde grâce à ses pinceaux … et tant d'autres qui ont su m'émouvoir, me bouleverser. Connaît-on vraiment quelqu'un ? Nous « ne percevons la plupart du temps que la surface sous laquelle se déploient des mondes dont nous ne soupçonnons même pas l'existence. » 

Jón Kalman Stefánsson raconte la vie, la mort, l'amour, la passion, il raconte aussi notre monde d'aujourd'hui, celui où tout va plus vite, où l'on ne prend pas ou plus le temps de prendre le temps, où nous devenons impatients, un monde qui se dérobe sous nos pieds
« Le temps passe, nous vivons, puis nous mourons. Mais qu'est-ce que la vie ? La vie, c'est quand Jónas pense à la courbe de l'aile d'un oiseau, c'est quand il s'endort, bercé par la respiration profonde de Pórgrimur, oui, c'est tout à fait ça, mais pas uniquement. Et quelle est la largeur de l'espace qui sépare cette vie de la mort, d'ailleurs cette espace existe-t-il, et si oui, quel nom lui donner ? Doit-on le mesurer en kilomètres ou en pensées, certains peuvent-ils se glisser dans cet interstice - où ils avanceraient et reculeraient à leur guise ? »
Il y a de la lumière dans les écrits de Jón Kalman Stefánsson, une lumière intérieure douce et tamisée, scintillant de poésie. 

INCIPIT
« [Nous nous apprêtions à écrire que la particularité du village consistait précisément à n'en avoir aucune, or cette affirmation n'est pas tout à fait juste. Certes, il existe d'autres lieux où la plupart des bâtiments ont moins de quatre-vingt-dix ans, des ports de pêche qui ne peuvent s'enorgueillir d'être le berceau de quelque célébrité, d'aucun individu qui se serait illustré en sport, en politique, en littérature ou dans le domaine du crime. Il semble cependant qu'il y ait un point par lequel notre village se distingue des autres - nous n'avons pas d'église. Non plus que de cimetière. On a pourtant maintes fois tenté de remédier à ce manque, une église donnerait indéniablement de l'allure à notre environnement, le doux tintement des cloches réjouit les âmes en peine ; le glas porte avec lui des nouvelles de l'éternité. Les cimetières sont peuplés d'arbres qui se peuplent à leur tour d'oiseaux qui gazouillent. Sólrún, la directrice de l'école primaire, a tenté par deux fois de lancer une pétition demandant une église, un cimetière et un pasteur. Elle a tout au plus rassemblé treize signatures, ce qui ne suffit pas à obtenir un pasteur, et moins encore une église ou un cimetière. Nous mourons évidemment comme tout le monde, mais beaucoup d'entre nous atteignent un âge plus que respectable. La proportion d'octogénaires est plus élevée que nulle part ailleurs en Islande, ce qui est sans doute la seconde particularité de notre village. Une dizaine d'habitants sont presque centenaires, on dirait que la mort les a oubliés et nous les entendons rire le soir quand ils jouent au mini-golf sur la pelouse derrière la maison de retraite. Personne n'a jamais réussi à découvrir le secret de cette longévité, mais peu importe, qu'il tienne au régime alimentaire, à la conception de la vie ou à l'orientation des montagnes, nous soupçonnons qu'elle s'explique justement par la distance qui nous sépare du cimetière le plus proche. Voilà pourquoi nous rechignons à signer la pétition de Sólrún, intimement convaincus que celui qui y apposerait son paraphe signerait son arrêt de mort et que, tout simplement, il appellerait sur lui la camarde. Ce sont sans doute là des divagations, mais les élucubrations semblent parfois convaincantes dès qu'il s'agit de la mort.
À part ça, il n'y a rien d'extraordinaire à dire de nous. … ]»

« Le village est plus ou moins au centre de la province. Au nord, au sud et à l'est, il y a la campagne, et à l'ouest, l'océan. C'est agréable de promener son regard sur le fjord bien qu'il n'ait jamais été poissonneux. Au printemps, il attire des oiseaux des tourbières joyeux et optimistes, ses rives regorgent de toutes sortes de coquillages, au loin, des milliers d'îles et d'écueils surgissent de l'eau comme une denture aléatoire - et le soir, le soleil répand son sang à la surface de l'océan, alors, nous méditons sur la mort. Vous faites peut-être partie de ceux qui trouvent ça malsain, qui se disent que ces pensées alourdissent l'être humain, qu'elles l'emplissent de désespoir, qu'elles endommagent ses veines et ses artères, mais nous affirmons qu'il faut littéralement être défunt pour ne pas penser à la mort. Avez-vous jamais réfléchi au nombre de choses qui tiennent au hasard, toute la vie peut-être ? C'est une pensée rudement déplaisante, le hasard est souvent aveugle, ce qui réduit notre existence à un ensemble de tâtonnements, cette vie qui semble aller dans toutes les directions et s'achève le plus souvent au beau milieu d'une phrase - peut-être est-ce justement pour cette raison que nous allons vous raconter les histoires de notre village et des campagnes environnantes. »

« Celui qui rêve en latin est fait d'un bois fort peu banal. »

« Il est fort probable qu'une chose se brise en vous, peut-être même la corde du coeur, lorsque celui que vous pensez connaître de fond en comble, qui vous a séduite, que vous avez épousé et avec qui vous avez des enfants, une maison et des souvenirs, devient un beau jour un parfait inconnu. Certes, il est stupide d'imaginer connaître quelqu'un de fond en comble, chacun abrite toujours en lui des recoins sombres parfois aussi vastes que des palais, mais tout de même, elle avait épousé un homme plutôt jeune en prise avec la société, un des piliers du village, un homme qui influait sur notre existence, une entreprise en sommeil avait prospéré sous sa direction et engrangé des bénéfices, il avait été un exemple, une espérance, un ancrage, puis une nuit, il avait rêvé en latin, langue qu'il était parti apprendre à la capitale et il était rentré au village avec ses nouveaux yeux. »

« Vient l'été, vient l'hiver, lumière incandescente et nuits de goudron. »

« Tout a débuté au milieu des années 70, le monde était différent, tous les Beatles étaient vivants, on prenait l'avion sans redouter les terroristes, les routes étaient moins rapides, plus tortueuses, les distances plus longues, le monde semblait plus vaste et le bureau de postes était un carrefour d'échanges. »

« C'est dans le silence que se conserve l'or ; celui qui se tait, plongé dans une parfaite solitude, découvre tant de choses, le silence s'infiltre dans les chairs, apaise le coeur, calme l'angoisse et emplit la pièce où vous êtes, il résonne dans votre maison tandis qu'au-dehors, le présent se déchaîne, c'est un sprinter, c'est une Formule 1, un chien qui court derrière sa queue sans jamais l'attraper. Hélas, le silence fuit les foules, il ne survit pas longtemps au sein des multitudes et ne tarde pas à s'éclipser. »

« La mer est profonde, elle change de couleur, on dirait qu'elle respire. Heureusement qu'elle est là, parfois, les journées s'écoulent sans que rien ne se passe, alors, nous observons le fjord qui bleuit, qui verdit puis s'assombrit comme une apocalypse. Mais s'il est vrai que l'immobilité est le rêve secret de la vitesse, nous devrions peut-être créé ici une maison de repos qui accueillerait les citadins souffrant de stress, non seulement ceux de Reykjavik, mais aussi de Londres, de Copenhague, de New York ou de Berlin. Venez donc vous ressourcer dans un lieu où il n'arrive jamais rien, où rien ne bouge en dehors de la mer, des nuages et de quelques chats domestiques. Certes, cette publicité serait quelque peu mensongère, mais quelles réclames ne le sont pas ? Celui qui travaille dans ce domaine doit être capable de nous persuader que l'inutile est nécessaire, et cela fonctionne à merveille puisque nos vies s'emplissent peu à peu d'objets futiles et de moments dénués de valeur, nous croulons tant sous les gadgets que nous peinons à garder la tête hors de l'eau. »

« Vous savez comment ça se passe aujourd'hui, nous avons tout ce dont rêvaient nos ancêtres, nous vivons beaucoup plus longtemps, nous sommes en meilleure santé, nous ne connaissons pas la faim, nous ne la ressentons que lorsque nous faisons un régime ou quand nous restons bloqués un peu trop longtemps dans un interminable bouchon, nous nous soucions de notre ligne, nous subissons des interventions de chirurgie mammaire, nous combattons la calvitie, nous rêvons de dents parfaitement alignées et nous aimerions connaître un plus grand nombre de recettes de cuisine, beaucoup d'entre nous travaillent trop et chez les hommes, la taille du membre est proportionnelle au temps passé au boulot. Nous nageons dans l'opulence, pourtant, nous ne sommes pas heureux, à quoi allons-nous occuper toutes ces journées, cette vie, c'est un véritable casse-tête, pourquoi donc vivons-nous ? Cela dit, la plage de notre village est belle, elle forme un arc de cercle, mesure à peine un kilomètre, c'est apaisant de rester là à regarder une chose plus vaste que nous. La mer est éternelle, lit-on quelque part, c'est hélas n'importe quoi, tout change, le soleil mourra, les mers s'assècheront, les grands hommes sombreront dans l'oubli, mais comparée à la vie d'un être humain, la mer est en effet éternelle. »

« On ne perçoit le poids des chaînes que lorsqu'elles se brisent. »

« Les larmes ont la forme d'une barque à rames, la douleur et la peine sont tapies sous le banc de nage. Celui qui pleure à un enterrement, pleure également sa propre mort et en même temps celle du monde, parce qu'à la fin tout meurt et il ne reste rien. »

« La nuit longue et sombre nous prive de tout bon sens - et parfois, le monde n'a pas une once de bonté. »

« Votre livre doit compter, il doit toucher les gens. Vous devez aborder les conflits dans le travail, parler des batailles engagées pour régler les problèmes de la nation, de vos alliés et adversaires politiques, mais vous ne devez pas pour autant éviter de mentionner vos difficultés personnelles, et même si ce n'est pas notre objectif, rien n'est aussi vendeur qu'un livre pimenté d'une petite dose de malheur, ce serait hypocrite de dire le contraire. Nous avons tous été confrontés à des tragédies, pourquoi refuser d'en parler ? Et Finnur, n'oubliez pas que vous devez aussi emmener vos lecteurs dans le lit conjugal, vous devez pleurer et vous devez haïr pendant le processus d'écriture. Soyez sans pitié, soyez chaleureux, soyez sincère. C'est la sainte trinité à l'origine de tous les bons livres. »

« D'aucuns claironnent que les héros de chaque époque sont à l'image de leur temps et de leur environnement. Il y a un demi-siècle, nos modèles étaient peut-être les astronautes en qui nous voyions la grandeur de l'esprit humain, ils représentent le triomphe de la science, l'accès à de nouveaux univers, une forme de témérité, nous n'affirmons pas que tout cela était caractéristique de cette période, loin de là, les symboles procèdent toujours par excès de simplification, mais tout de même - les héros de chaque époque sont un miroir de l'air du temps, de nos préoccupations, de nos rêves et de nos espoirs, un héros est un objectif, un phare qui nous guide, une consolation quand les vents sont contraires, l'homme en a besoin, c'est dans sa nature. Les grandes figures d'aujourd'hui ne sont-elles pas les journalistes, les architectes d'intérieur et les cuisiniers ? »

« Le temps passe, nous vivons, puis nous mourons. Mais qu'est-ce que la vie ? La vie, c'est quand Jónas pense à la courbe de l'aile d'un oiseau, c'est quand il s'endort, bercé par la respiration profonde de Pórgrimur, oui, c'est tout à fait ça, mais pas uniquement. Et quelle est la largeur de l'espace qui sépare cette vie de la mort, d'ailleurs cette espace existe-t-il, et si oui, quel nom lui donner ? Doit-on le mesurer en kilomètres ou en pensées, certains peuvent-ils se glisser dans cet interstice - où ils avanceraient et reculeraient à leur guise ? »

« On peut dire toutes sortes de choses concernant les gens. La plupart d'entre nous abritons à la fois beauté et abjection. L'homme est un être complexe, un labyrinthe où l'on se perd quand on cherche des explications. »

« C'est étrange, ce pouvoir qu'a le silence de distordre le temps, les minutes ne sont plus elles-mêmes, elles semblent ne jamais devoir passer, elles deviennent un ciel immobile. »

« Pourquoi ai-je vécu, s'est interrogée notre tante sur son lit de mort, nous avons ouvert la bouche pour lui donner une réponse bien que n'en ayant aucune, puis elle a rendu l'âme, parce que la mort nous devance toujours d'une bonne distance.
Nous avons vu la nuit venir sur les montagnes, nous étions dehors, l'air a vibré d'un léger frémissement puis une boule de feu s'est levée à l'est. Pourquoi vivons-nous, existe-t-il un réponse à cette question ? Certains soirs, avant que le sommeil nous gagne, quand le jour et son agitation ont pris fin, allongés dans nos lits, nous écoutons les battements de notre sang, la nuit entre par les fenêtres, et tout à coup s'éveille le soupçon insistant et désagréable que nous n'avons pas mis la journée à profit comme il se doit, qu'il y a une chose que nous aurions dû faire, mais dont nous avons oublié jusqu'à la nature. Ne vous est-il jamais arrivé de vous dire que jamais dans l'Histoire nous n'avons vécu dans un tel confort, que l'individu n'a jamais eu à ce point la possibilité d'influer sur son environnement, qu'il n'a jamais été aussi simple de s'engager, mais que la volonté de le faire n'a jamais été aussi rare - comment se fait-il ? Se pourrait-il que la réponse se trouve dans une autre question : quels sont ceux qui tirent profit d'une telle situation ? »

« […]pourquoi ai-je vécu ? Faut-il voir en ces récits sur nos vies et nos morts au village et dans les campagnes voisines une tentative de réponse à cette question, ainsi qu'aux doutes et incertitudes qu'elle engendre ? 
Nous parlons, nous écrivons, nous relatons une foule de menus et grands événements pour essayer de comprendre, pour tenter de mettre la main sur les mystères, voire d'en saisir le coeur, lequel se dérobe avec la constance de l'arc-en-ciel. D'antiques récits affirment que l'Homme ne saurait contempler Dieu sans mourir, il en va sans doute ainsi de ce que nous cherchons - c'est la quête elle-même qui est notre but, et si nous parvenons à une réponse, elle nous privera de notre objectif. Or, évidemment, c'est la quête qui nous enseigne les mots pour décrire le scintillement des étoiles, le silence des poissons, les sourires et les tristesses, les apocalypses et la lumière d'été. Avons-nous un rôle, autre que celui d'embrasser des lèvres ; savez-vous comment on dit Je te désire, en latin? Et à propos, savez-vous comment le dire en islandais ? »

« […] il en va souvent ainsi, le monde déborde de rêves qui jamais n'adviennent, ils s'évaporent et vont se poser telles des gouttes de rosée sur la voûte céleste et la nuit les change en étoiles. »

« Matthías a su s'y prendre pour nous amener à envisager ce en quoi nous voyons des évidences du quotidien comme de ridicules chimères. Des fantômes, dit-il, pourquoi pas, il y a bien des choses plus absurdes que ça, permettez-moi de vous en offrir un exemple frappant : des millions, et même des dizaines de millions de gens sont persuadés que les quinquagénaires américains blancs sont une bénédiction pour les nations de ce monde - des hommes conservateurs, bornés et belliqueux, aveugles à la fibre délicate qui constitue la vie, dangereux pour l'équilibre fragile de notre planète. Or, au lieu de les combattre, nous les encensons. »

« C'est surprenant de constater à quel point, autrefois, le temps passait plus lentement, quand nous regardons un film de Bogart tourné il y a soixante ans, on a l'impression que les minutes s'étirent, que les événements sont plus espacés et qu'il est par conséquent plus aisé de se frayer un chemin à travers l'existence, mêmes les balles de fusil sont plus lentes. Aujourd'hui, tout va plus vite. Le montage des films et des feuilletons est conçu pour accentuer la rapidité de l'action, on change constamment d'angle de prise de vues, nous avons presque cessé de cligner des yeux tant nous craignons de manquer une scène, un détail important, dans ce cas, que ferions-nous du journal de la veille ? »

« […] la vie semble parfois d'autant plus vaste que le lieu qui l'abrite est petit. »

« […] l'être humain est très doué pour laisser ses propres chimères l'abuser. »

« […] ceux qui ont le même âge se ressemble de plus en plus au fil des ans, le passé envahit toujours plus nos vies lorsqu'on atteint les quarante ans. »

« Nous avons tous besoin d'aller chez le médecin, à la pharmacie, sinon pour nous-mêmes, du moins pour accompagner nos enfants, à la consultation des nourrissons, ils sont pesés, ils sont mesurés, on entreprend immédiatement de nous classer, de nous situer, de nous transformer en points sur des graphiques, nous sommes évalués par rapport à la moyenne, vaccinés contre presque tout sauf la tristesse, les déceptions, la mort. »

Quatrième de couverture

Dans un petit village des fjords de l’ouest, les étés sont courts. Les habitants se croisent au bureau de poste, à la coopérative agricole, lors des bals. Chacun essaie de bien vivre, certains essaient même de bien mourir. Même s’il n’y a ni église ni cimetière dans la commune, la vie avance, le temps réclame son dû.
Pourtant, ce quotidien si ordonné se dérègle parfois : le retour d’un ancien amant qu’on croyait parti pour toujours, l’attraction des astres ou des oiseaux, une petite robe en velours sombre, ou un chignon de cheveux roux. Pour certains, c’est une rencontre fortuite sur la lande, pour d’autres le sentiment que les ombres ont vaincu - il suffit de peu pour faire basculer un destin. Et parfois même, ce sont les fantômes qui s’en mêlent…

En huit chapitres, Jón Kalman Stefánsson se fait le chroniqueur de cette communauté dont les héros se nomment Davíð, Sólrún, Jónas, Ágústa, Elísabet ou Kristín, et plonge dans le secret de leurs âmes. Une ronde de désirs et de rêves, une comédie humaine à l’islandaise, et si universelle en même temps. Lumière d’été, puis vient la nuit charme, émeut, bouleverse.

Éditions Grasset, août 2020
316 pages
Traduit de l'islandais par Éric Boury
Deuxième sélection du Prix Médicis 2020

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