dimanche 25 avril 2021

L'Antarctique ★★★★☆ de Claire Keegan

Une plume découverte avec Ce genre de petites choses, le dernier opus en date de Claire Keegan, j'ai poursuivi ma découverte avec son deuxième roman Les trois lumières. Deux romans que j'ai beaucoup appréciés. J'en ai aimé la poésie et les silences.
Alors, je continue d'explorer l'univers de l'auteure, et avec L'Antarctique, son premier recueil de nouvelles, je suis une nouvelle fois admirative devant son travail d'écriture, cette façon qu'elle a de nous abreuver d'images, nous laissant libres de voguer et de composer avec elles. De nous en imprégner, de sentir la tension qui s'installe malgré les mots calmes et délicats distillés, de nous laisser happer par ces intrigues, ces tranches de vies plus ou moins complexes, ces expériences de vie plus ou moins secouées et les sentiments qui les accompagnent. Il y a de la douleur, de l'amertume, de la folie, des traumatismes, de l'adversité dans ces nouvelles. De la souffrance, de la culpabilité, de la vengeance, de l'amour aussi. La vie, quoi ?
J'aime définitivement l'univers singulier de l'auteure. J'aime sa vision des relations humaines, sans fioriture, si juste, et son écriture si précise. 
Pas de doute, je guetterai avec plaisir les prochaines sorties de l'auteure.

« Il y a de la tristesse chez maman ce soir ; tout en elle l'exprime comme quand une vache meurt et que le camion vient l'emporter. Il se passe quelque chose qui m'échappe en partie, j'ai l'impression qu'un nuage noir est arrivé, qu'il peut crever et causer des dégâts. » LES HOMMES ET LES FEMMES

« Je suppose que j'ai mes raisons personnelles pour venir ici. Peut-être que j'ai besoin d'un peu de ce qu'a ma mère. Juste un peu. J'en prends une petite dose afin de m'immuniser. C'est comme une vaccination. Les gens ne comprennent pas, mais il faut regarder le pire en face pour être paré contre tout. » ORAGES

« C’est toujours les gens mariés qui pleurent aux noces. Ils connaissent la différence entre les serments et la vie. » L'AMOUR SOUS L'HERBE HAUTE

« Les filles irlandaises devraient rester dans leur pays et élever correctement leurs fils, nourrir les poulets, couper le persil, tolérer le vacarme du match du dimanche. » DRÔLE DE PRÉNOM POUR UN GARÇON 

Quatrième de couverture

« Chaque fois que la femme heureuse en ménage partait, elle se demandait comment ce serait de coucher avec un autre homme. » Dès la première phrase de la nouvelle titre de son recueil, Claire Keegan ferre l’attention de son lecteur. La suite ne le décevra pas.

Qu’elle évoque des amours malheureuses (dans L’Amour dans l’herbe haute, l’héroïne vient attendre, neuf ans après qu’ils se sont quittés, son amant sur la lande), les ravages sur ses enfants de la folie d’une mère (Brûlures dit le traumatisme de toute une famille), les rivalités familiales (Les Sœurs) ou la passion naissante entre un homme et une femme réunis par une petite annonce (Osez le grand frisson), l’auteur fait preuve d’une impressionnante maîtrise.

Ses intrigues sont denses, ses personnages, souvent des femmes de la classe moyenne, criants de vérité, son style est net et tranchant, sa perception du monde et des rapports humains terriblement juste.

Le tour de force de la nouvelliste tient certainement dans la paradoxale tranquillité avec laquelle elle laisse entrevoir les situations les plus extrêmes : ses créatures peuvent se débattre dans un monde indifférent et hostile, lutter contre l’absurdité de la vie, elles garderont toujours la maîtrise de leur destin.

Éditions Sabine Wespieser, mai 2010
251 pages
Nouvelles traduites de l'anglais (Irlande) par Jacqueline Odin

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