lundi 15 août 2016

Twisted Tree de Kent Meyers*****


Editions Gallmeister, février 2012
Traduit de l’américain par Laura Derajinski
317 pages
Nature Writing

Quatrième de couverture


Twisted Tree, dans le Dakota du Sud, a tout de la petite ville silencieuse, au cœur de la nature sauvage qui s'étend à perte de vue. Mais l'infinie solitude des grands espaces rend chacun prisonnier de ses obsessions : sur l'autoroute 91, un tueur en série assassine la jeune Hayley Jo. Dans un troublant jeu d'écho, les âmes tourmentées des habitants se racontent alors tour à tour, dévoilant les minuscules tragédies de cette communauté du Midwest. De Sophie Lawrence, qui fait mine de s'occuper de son beau-père invalide pour mieux se venger de lui, à Shane, qui se recrée une vie au fil des lettres adressées à sa mère, douze voix se font entendre, comme autant de pièces décisives pour reconstituer le puzzle complexe des relations humaines.

Avec Twisted Tree, Kent Meyers, dont l'écriture a été comparée à celle de Raymond Carver et d'Annie Proulx, signe un roman polyphonique sensible et singulier.
Magnifiquement lyrique ... Une fois que vous aurez pénétré dans Twisted Tree, vous serez envoûté. PEOPLE
Kent Meyers a grandi durant les années 1960 dans une petite ferme du sud du Minnesota. Il est l'auteur d'un recueil de nouvelles et de trois romans, dont Twisted Tree paru en 2009. Kent Meyers enseigne la littérature et l'écriture à l'université, et vit avec sa famille à Spearfish, dans le Dakota du Sud.

Mon avis ★★★★★


Un entrecroisement de destins s'imbriquant brillamment les uns dans les autres, avec en toile de fond, l'assassinat de Haley Jo, jeune fille de Twisted Tree, orchestré par un tueur en série, le tueur de l'Autoroute I-91. 
Des destins magnifiquement contés; l'auteur tisse une toile complexe, tortueuse des relations humaines, chacun des protagonistes se racontant, donnant des détails sur leurs vies à Twisted Tree et nous éclairant sur ce qu'a été celle de Hayley Jo. Culpabilité, désillusion, nostalgie, vengeance, mensonge, folie meurtrière, phobie (la scène du crotale sur les genoux d'une conductrice est glaçante!), réconciliation ... autant de sentiments distillés au fil des pages.
Je me concentre sur les faits. Mais les atomes sont davantage une force qu'une matière, ils sont un vide, un effondrement. Et pourtant, ils s'accrochent pour former les corps vivants que l'on appelle des amis et des amants. L'univers lui-même est un néant si vaste que les étoiles y sont de minuscules éléments, les planètes n'y sont devinées que par les fluctuations qu'elles créent dans leur sillage, dans les anomalies de leur orbite. Et peut-être sommes-nous tous une anomalie dans la vie des autres, des étoiles tournoyantes aux trajectoires que nous ne choisissons pas, qui envoient des codes à travers l'immensité dans l'espoir que quelqu'un les déchiffre, nous sauve du hasard.
Le premier chapitre est vertigineux, dérangeant, éprouvant; il représente notre unique rencontre avec le tueur, décrivant le stratagème insensé de celui-ci, sa démarche machiavélique, son obsession maladive et le cheminement logiquement cruel qui le pousse à tuer. Mais ne vous y trompez pas, vous ne rentrerez pas dans un roman policier classique, un thriller traquant le tueur. Twisted Tree en est bien loin. Ce roman est bien plus complexe, bien plus dense, explorant les âmes en profondeur, des âmes mises à nu subtilement, construit sur de multiples registres.

Un vrai régal, un roman polyphonique brillant, construit avec brio, une écriture précise et admirable. Merveilleux ! Hypnotique !
Un grand livre.

Extraits


Ce que j'en dis, moi, c'est qu'elle en a eu marre de lui. Ils n'avaient pas peut-être pas le même handicap au lit. Il n'a jamais été doué pour fignoler ses approches avant d'atteindre le trou. Ça non, alors. A lors, il se dit qu'il peut revenir. Un mensonge facile. Un trou en un. Mais qui a bien pu inventer les termes du golf ? p.214
Un truc de fou. On pense connaître le moindre boulon qui compose la structure d'un homme, on pense connaître ses secrets, mais on se rend compte qu'il a des secrets sous ses secrets, et ceux qu'on connaît servent juste à vous empêcher de penser qu'il puisse y en avoir d'autres. Comme un trou noir. Si sacrément invisible qu'il devient visible presque instantanément. Tout semble pointer dans sa direction, les choses s'enroulent autour, se déforment. p.228

2 commentaires: