mardi 25 octobre 2016

Robe de marié de Pierre Lemaitre *****


Editions Calmann-Lévy, janvier 2009
271 pages
Prix du polar lycéen d'Aubusson - 2012
Prix Sang d'encre
Prix des lecteurs Goutte de Sang d'encre, Vienne, 2009
Meilleur polar francophone 2009 au Salon de Montigny

Quatrième de couverture


Il n’y a qu’une seule maladie mentale : la famille.

Évidemment, je m’y attendais puisque j’en suis l’auteur mais… à ce point-là ! Quelle vision, c’est à peine croyable…

Son mari n’est plus que l’ombre de lui-même. Les vertèbres ont dû être salement touchées. Il doit maintenant peser dans les quarante-cinq kilos. Il est tassé dans son fauteuil, sa tête est maintenue à peu près droite par une minerve. Son regard est vitreux, son teint jaune comme un coing. Et il est tout à fait conscient. Pour un intellectuel, ça doit être terrible.

Quand on pense que ce type n’a pas trente ans, on est effaré… Quant à elle, elle pousse le fauteuil avec une abnégation admirable. Elle est calme, son regard est droit. Je trouve bien sa démarche un peu mécanique mais il faut comprendre : cette fille a de gros soucis…

En tout cas, elle ne tombe pas dans la vulgarité : pas d’attitude de bonne sœur ou d’infirmière martyre. Elle serre les dents et pousse le fauteuil, voilà tout. Elle doit pourtant réfléchir et se demander ce qu’elle va faire de ce légume. 
Moi aussi d’ailleurs.

Mon avis  ★★★★★


En admiration, je suis ! Mr Lemaitre, je vous ai dévoré ...euh, votre livre, et d'ailleurs quasiment tous vos livres. Robe de marié est l'un des meilleurs à mon avis. Vous nous emmenez une fois de plus dans des sentiers psychologiques bien tortueux et surprenants empreints d'une bonne dose de machiavélisme et d'une effroyable touche démoniaque. Comment peut-on perdre aussi rapidement le contrôle de sa  propre vie ? C'est absolument dément, à peine croyable. Vous êtes impitoyable !
Un excellent thriller psychologique, sous haute tension, à la structure redoutablement efficace, et au scénario astucieux, où la manipulation et ses ravages règnent en maîtres. Pierre Lemaitre a l'art de bluffer son lecteur, et ce bouquin, un putain de bon bouquin, est absolument addictif. 
Mention spéciale pour la structure déstabilisante ! C'est un coup de coeur pour moi assurément !

«Je surveille particulièrement leurs habitudes. Les habitudes, c'est ce qui vrille le moins, ce sur quoi on se repose, ce qui est solide. Ce dont on ne doute pas facilement. C'est sur cela que je dois travailler.

Le net est un immense supermarché tenu par des assassins. On y trouve tout, armes, drogues, filles, enfants, absolument tout. Ce n'est qu'une question de patience et de moyens. J'ai les deux. J'ai donc fini par trouver. Ça m'a coûté une petite fortune, rien de grave donc, mais plus de deux mois de délai, ce qui me rendait dingue. Peu importe, le paquet est arrivé des Etats-Unis, une centaine de petites gélules roses. J'ai goûté le produit, c'est totalement sans saveur, parfait. À l'origine un médicament antiobésité réputé révolutionnaire. Au début des années 2000, le laboratoire en a vendu plusieurs milliers, à des femmes principalement. Il avait de quoi séduire : côté obésité, on n'avait jamais vu un truc pareil. Mais le produit s'est révélé un excitateur de monoamine oxydase. Il booste une enzyme qui détruit les neurotransmetteurs : la molécule antiobésité était par ailleurs une sorte de «prodépresseur». On s'en est rendu compte au nombre de suicides. Dans la plus grande démocratie du monde, le laboratoire n'a eu aucun mal à étouffer l'affaire. On a évité les procès à l'aide du plus puissant inhibiteur du sentiment de justice : le carnet de chèques. La recette est simple : devant une résistance résolue, on ajoute un zéro. Rien ne résiste à ça. Le produit a été retiré du marché, mais personne évidemment n'a été capable de récupérer les milliers de gélules vendues, qui sont aussitôt devenues l'objet d'un trafic que le net a ouvert à l'ensemble de la planète. Ce truc est une véritable bombe antipersonnel, et pourtant on se l'arrache, c'est à peine croyable. Il y a des milliers de filles qui préfèrent mourir qu'être grosses.

Chaque page est un viol, chaque phrase une humiliation, chaque mot une cruauté.

Elle voudrait bouger mais elle ne peut pas. Mon Dieu, Sophie, dans quel merdier tu t'es mise ? Comme si ça ne suffisait pas déjà...Tu devrais partir tout de suite, là maintenant, avant que le téléphone sonne à nouveau, avant que la mère inquiète, d'un coup de taxi ne débarque ici avec ses cris, ses larmes, la police, les questions, les interrogatoires.Sophie ne sait plus quoi faire. Appeler ? Partir ? Elle a le choix entre deux mauvaises solutions. C'est toute sa vie ça.»

2 commentaires:

  1. pour un coup
    un coup d'angoisse, j'avais peur d'être suivi,
    un livre qui donne la frousse faut le faire!
    joli blog
    alain

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    Réponses
    1. Merci Alain.
      En effet, ce thriller donne vraiment la frousse. On en deviendrait paranoïaque, que ça ne m'étonnerait pas ;-)

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