Traduit de l'anglais par Fabienne Gondrand
Quatrième de couverture
A 16 ans, elle a fui la Syrie ravagée par la guerre en fauteuil roulant. Le témoignage exceptionnel et poignant d’une jeune fille qui a choisi la voie de l’espoir.
Recommandé par l'UNICEF
"Nujeen m’incite à rêver sans limites. Elle est notre héroïne. Tout le monde doit lire son histoire. Elle est une source d’inspiration." Malala Yousafzaï, prix Nobel de la paix
En 2015, Fergal Keane, journaliste à la BBC, repère dans la foule des migrants une adolescente en fauteuil roulant. Emu et admiratif devant tant de cran, il recueille son témoignage. Aussitôt, les medias et les réseaux sociaux s’enflamment…
Avec la collaboration de Christian Lamb, Nujeen raconte comment elle a trouvé le courage de s’engager dans ce dangereux périple de 6 000 kilomètres, depuis la Syrie jusqu’à l’Allemagne en passant par la Grèce et la Hongrie…
Un récit porté par l’incroyable détermination de Nujeen et le principe auquel elle n’a pas dérogé : ne jamais être une victime.
Nujeen Mustafa Cette jeune fille kurde a passé sa vie en fauteuil roulant et reçu très peu d’instruction en Syrie. Elle a appris seule l’anglais en regardant les séries américaines à la télévision, dans l’appartement familial, à Alep où la guerre faisait rage. Avant de s’engager avec sa soeur dans un éprouvant périple de près de 6 000 kilomètres, Nujeen s’était d’abord enfuie en Turquie depuis Kobané, sa ville natale, alors théâtre de violents combats entre le groupe Etat islamique et les forces kurdes soutenues par les Etats-Unis. Son récit témoigne de l’une des plus grandes crises humanitaires actuelles.
Christina Lamb Co-auteur de Moi, Malala,diplômée de Harvard et d’Oxford, elle a publié sept livres et reçu de nombreux prix pour son travail de grand reporter, dont celui de meilleur correspondant étranger à cinq reprises, ainsi que le prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre. Elle a su restituer dans ce récit la voix si attachante de Nujeen – vive, curieuse des autres, empreinte de compassion et d’optimisme.
Mon avis ★★★★★
Nous sommes cernés d'ennemis. C'est pourquoi nous devons rester forts. Au XVIIème siècle, notre grand Shakespeare kurde, Ahmedê Khanî, a écrit que nous sommes «[...] comme une citadelle/Ces turcs, ces Persans les assiègent des quatre côtés à la fois. / Et les deux camps font du peuple kurde / Une cible pour la flèche du destin.» Yaba pense qu'un jour il y aura un Kurdistan, peut-être de mon vivant. « Celui qui a une histoire a un avenir», dit-il toujours.
Christina Lamb nous parle de Nujeen, une jeune syrienne kurde; elle a fui son pays, l'année dernière, à seize ans et a effectué plus de cinq mille kilomètres utilisant différents moyens de transport, dont son fauteuil roulant. Nujeen est une jeune fille pleine de vie, curieuse et très intelligente, une jeune fille comme tout le monde, qui aspire, tout comme sa famille, tout comme des milliers de Syriens, tout comme des milliers de citoyens d'un état en guerre ... à une vie libre et sereine, hors des bombardements devenus incessants, hors de la peur qui tiraille, et qui souhaite mettre le cap sur le berceau de la démocratie. Christina Lamb donne la parole à Nujeen Mustafa, qui nous raconte son enfance, sa famille, ses caprices, ses joies, ses peines, ses colères, son handicap qui ne lui permet pas de se tenir sur ses jambes, son mode de vie à Alep, détaille ses journées passées dans son appartement à regarder la télévision et notamment, le soap américain Days of Our Lives, qui lui permettra d'apprendre l'anglais et lui sauvera en quelque sorte la vie.
Pour réussir en tant que migrant, il faut connaître la loi. Il faut être débrouillard. Il faut un smartphone, avoir un compte Facebook et WhatsApp. Il faut de l'argent. Idéalement, il faut connaître quelques mots d'anglais. Et, dans mon cas précis, il faut une soeur pour pousser le fauteuil roulant. NUJEEN
Mais au-delà de ce récit, de ce périple, de ce bouleversant témoignage, Christina Lamb raconte aussi l'escalade de la violence en Syrie, et pose le contexte historique pour expliquer les événements. Elle dénonce la cupidité des passeurs «Pour une personne normale, le trajet en ferry entre l'ouest de la Turquie et Mytilène, la capitale de Lesbos, coûte 10 euros et dure quatre-vingt dix minutes. La même traversée en tant que réfugiés nous avait demandé douze jours de préparation et s'élevait à 1500 dollars par personne.», montre du doigt la passivité de l'Europe et soulève l'incompréhension face à l'accueil des migrants syriens qui n'auraient pas dû être si compliqué.
Alors que j'entamais ce livre, j'avais compris que cette lecture ne serait pas facile, que l'histoire de Nujeen allait me bouleverser, me choquer, que j'allais prendre une grosse claque, que je me sentirais certainement impuissante et que je ne serais peut-être pas certaine de pouvoir tout lire ...
In fine, j'ai tout lu, ce livre est d'une richesse incroyable; le ton, quasi journalistique, procure malgré tout des émotions, et sur quelques passages, je n'ai pu retenir mes larmes ... un livre fondamental, à mettre entre toutes les mains, assurément, pour que l'humanité porte un regard apaisé et serviable sur la cause des migrants, pour que les peuples persécutés ne soient plus considérés comme des membres surnuméraires de la population mondiale, ou assimilé à «un [simple] raz-de-marée d'être humains», pour que les portes ne se ferment plus, pour que l'entraide existe, pour que la migration cesse d'être illégale, pour qu'elle soit encadrée, discutée avec les populations des pays accueillants ... La cause des réfugiés nous concerne TOUS. Soyons ouverts ! Qui peut se croire à l'abri aujourd'hui ?
"Riez tant que vous respirez et aimez tant que vous vivez."
Nujee, une voix unique et sincère, une voix touchante, souriante, une voix optimiste...qui fait du bien.
Merci Nujee Mustafa, merci Christina Lamb, merci Fabienne Gondrand ... merci pour ce très beau message, cette magnifique leçon de vie, ce témoignage fascinant, merci d'avoir donné un visage aux réfugiés, le Monde en a vraiment besoin aujourd'hui.
Je peux vous parler de Staline et d'Hitler, mais d'aucune de leurs victimes. Est-ce que ce sera la même chose avec Assad dans cinquante ans ? Sans doute. Les gens sauront tout de lui mais rien des bonnes gens de la Syrie. Nous ne serons que des nombres, Nasrine, Bland, moi et tous les autres, tandis que le tyran entrera dans l'Histoire. Cette pensée est effrayante.
Je remercie Babelio et les éditions Harper Collins pour m'avoir permis de découvrir cette histoire en avant-première.
«Voici un autre fait sur les Kurdes. Nous avons notre propre alphabet, que la Turquie ne reconnaît pas et, jusqu'à très récemment, l'utilisation des lettres q, w et x, qui n'existent pas dans la langue turque, était passible d'arrestation. Imaginez un peu aller en prison pour une consonne !
Nous ne voulons pas du pain, nous voulons notre dignité !
Je n'aime pas juger, mais quelle sorte d'homme envoie son prochain à une mort certaine en se faisant de l'argent sur son dos?
[...] notre opposition était divisée, et l'Occident ne semblait pas savoir comment réagir. Les étrangers ont commencé à quitter le pays et les ambassades à fermer. À la fin de l'année 2011, la majeure partie du pays n'était qu'un champ de bataille à ciel ouvert entre la résistance et l'armée.
C'est là, encerclée par la police et dans l'incapacité de sortir, que j'ai mesuré à quel point la liberté était précieuse. Ce jour-là, j'ai compris pourquoi nous avions entamé toute cette révolution, malgré la réaction d'Assad qui avait conduit le pays à sa destruction. Je ne pouvais plus faire semblant de faire une espèce de voyage d'agrément à travers l'Europe - je savais à présent que j'étais véritablement une réfugiée.»
Les quartiers rebelles à l’est d’Alep sont frappés
par des bombardements très violents
du régime de Damas et de son allié russe.
KARAM AL-MASRI / AFP
(Source : Le monde International)
© Concierto de Aranjuez (1939) - Joaquín Rodrigo
en fond sonore, pendant la rédaction de cette chronique.
Rencontre avec Christina Lamb,
le lundi 07 novembre dernier
dans les locaux de Babelio
Séance de dédicaces
avec Christina Lamb
et Fabienne Gondrand, traductrice
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