mardi 13 décembre 2016

Le rouge vif de la rhubarbe **** de Audur Ava Olafsdottir


Éditions Zulma, septembre 2016
156 pages
Traduit de l’islandais par Catherine Eyjólfsson

Résumé éditeur


Souvent aux beaux jours, Ágústína grimpe sur les hauteurs du village pour s’allonger dans le carré de rhubarbe sauvage, à méditer sur Dieu, la beauté des nombres, le chaos du monde et ses jambes de coton. C’est là, dit-on, qu’elle fut conçue, avant d’être confiée aux bons soins de la chère Nína, experte en confiture de rhubarbe, boudin de mouton et autres délices.
Singulière, arrogante et tendre, Ágústína ignore avec une dignité de chat les contingences de la vie, collectionne les lettres de sa mère partie aux antipodes à la poursuite des oiseaux migrateurs, chante en solo dans un groupe de rock et se découvre ange ou sirène sous le regard amoureux de Salómon. Mais Ágústína fomente elle aussi un grand voyage : l’ascension de la « Montagne », huit cent quarante-quatre mètres dont elle compte bien venir à bout, armée de ses béquilles, pour enfin contempler le monde, vu d’en haut…

Mon avis  ★★★★☆


Un roman petit par la taille, immense par le contenu, tendre et empli de charme. J'ai eu l'impression de lire un conte, d'être partie dans un monde irréel, un monde lumineux (même s'il y fait nuit six mois de l'année), délicieux, où le temps s'égrène tranquillement, où le regard capte les moindres merveilles de la nature, où il fait bon de s'allonger dans le jardin de rhubarbes et de laisser les images et les rêves vous envahir.
«La plupart du gens oublient de regarder ce qui relie les choses entre elles. La lacune ou l'intervalle, ça compte aussi. [...] ce n'est pas seulement ce qui se passe qui a de l'importance, mais aussi ce qui ne se passe pas.»
La naïveté de Nina est touchante : «Ce n'est pas rien, le nombre de gens qui meurent sur la planète. Dans dix ans, à partir de 1980, je pense que le problèmes de la Palestine et du Congo seront résolus et que tout le monde aura son petit jardin pour y cultiver plein de fruits multicolores.»
Si seulement ...
La force et la ténacité d'Ágústína, jeune fille pleine de vie en dépit de ses béquilles et de ses jambes invalides, la «tête [...] pleine de ruisseaux dorés dévalant des montagnes vers la mer», sont incroyables. Sa mère, photographe, est absente, sans cesse en déplacement à l'autre bout du monde, elle envoie à sa fille de courtes lettres et lui transmet ainsi son amour par de petits mots doux. Elle n'a jamais connu son père, parti avant sa naissance. Elle vit avec Nina, une vieille amie de sa grand-mère et côtoie Vermundur, un père de remplacement, un homme attachant qui aide toutes les femmes de ce village de marins.
L'auteur décrit des moments simples de la vie et nous partageons ces moments avec délice, tant la poésie y est indéniablement présente.
Ce roman est un poignant message d'espoir ... une petite friandise à savourer doucement, d'un optimisme certain dans ce petit monde rude.
«C'est incroyable de penser que la montagne couverte de neige se dresse en plein sur l'équateur même. J'ai l'impression d'avoir connu l'éternité. Pourtant je ne suis pas sûre d'être plus avancée. La maturité marque une certaine stagnation. Peut-être doit-on laisser le champ libre à ses aspirations les plus folles.
Il faut admettre qu’ Ágústína aborde souvent les devoirs que l’école lui soumet de manière bien étrange. Elle commence par les bords, si j’ose dire et, de là, se perd dans des digressions et des détails sans aucun rapport. Sa pensée semble s’orienter dans plusieurs directions en même temps. Il lui manque une vue d’ensemble.
Voilà pourquoi tes jambes sont comme ça. Je sais bien que tu as envie de courir, de faire du vélo et plein de choses qui te sont interdites, mais il y a une foule de gens qui passent leur vie à courir et n’en sont pas plus avancés.
Pinocchio lui était surtout proche au début de ses aventures. La phrase clé attendue, le point culminant, le pivot de l'histoire , c'est quand le vieil homme déclarait : Ne t'en fais pas si tu n'es pas comme les autres enfants.»

Kinks - I'm Not Like Everybody Else

2 commentaires:

  1. J'adore Audur Ava Olafsdottir et il me tarde encore plus de lire ce livre après t'avoir lu !

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    1. J'espère qu'il te plaira autant qu'il m'a plu. Je la découvre avec ce roman, j'ai été attirée par la couverture ...

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