dimanche 30 avril 2017

Samira des Quatre-Routes ★★★★☆ de Jeanne Benameur


Flammarion-Père Castor, coll. Castor Poche junior, 1992 
137 pages

Quatrième de couverture


Samira des quatre-routes Samira, treize ans, habite dans la banlieue parisienne. Chez elle, tout le monde ne pense qu'au mariage de sa soeur. Samira se sent bien loin de ce choix et des traditions de sa famille, elle a envie de faire des études pour devenir journaliste. C'est le temps des grandes interrogations, des déchirements. Comment vivre sans trahir les siens ? 

«C'est haut, les tours de la Cité. Mais mon coeur est encore bien plus haut. Un jour, je n'habiterai plus ici. Et je jure, aujourd'hui et pour toujours, de m'en sortir.»

Mon avis ★★★★☆


Lecture commune avec ma fille de treize ans, que je ne regrette pas du tout. Une lecture jeunesse, accessible à partir de onze ans, voire un peu avant, et que je conseille aux moins jeunes aussi !
Jeanne Benameur aborde un thème toujours d'actualité, celui de l'intégration des jeunes issus de l'immigration, évoque la condition des femmes dans la société algérienne. L'écriture est fluide, et l'émotion n'a pas tardé à me gagner. Samira incarne la modernité, la liberté, armée d'une courageuse volonté de s'affranchir des traditions tout en faisant preuve de loyauté envers sa famille et les valeurs qu'elle représente pour elle. 
Un beau récit, une lecture douce et émouvante, une bonne entrée en la matière pour aborder le thème de l'immigration avec nos enfants, et leur inculquer certaines valeurs, comme celle de la tolérance.
«On peut toujours accueillir un ami dans son cœur. Le cœur aussi est un pays.»

Avis de ma doudou (13 ans)

=> devoir de français, sa réponse à la question :
Pourquoi conseillerez-vous ce livre ? Donnez deux arguments.

En premier lieu, c'est le personnage très attachant de Samira et toutes les valeurs qu'elle détient et nous transmet au travers de cette histoire, qui me pousserais à conseiller la lecture de ce livre.  Elle est une fille qui fait le bien autour d'elle, et ne comprend pas que la femme, sous prétexte qu'elle est une femme, ne puisse pas être libre ! Libre de penser, de travailler, de savoir. Elle incarne pour moi un bel exemple de vie, de solidarité, d'amitié, d'amour, de force. Elle se révolte, mais en douceur parce qu'elle ne veut pas trahir sa famille. Elle représente un espoir. «Et j'ai su, ce jour-là et pour toujours, que même avec Quatre-Routes, on peut découvrir un chemin.»
Deuxièmement, je conseillerais ce livre pour sa richesse et son écriture. On apprend beaucoup sur la vie dans les Cités  aujourd'hui, sur la violence qui y règne, sur le racisme, l'intolérance, la condition et la place des femmes dans la société algérienne et sur la difficulté aussi à s'intégrer dans une société qui n'est pas la sienne.  Samira est fière d'appartenir à ce peuple algérien, mais elle regrette que l'on parle aujourd'hui encore de race : «On dit encore des races. Un jour peut-être on ne le dira plus, peut-être seulement on parlera des gens et ce sera doux.»  L'histoire de Samira et de sa famille fait réfléchir, elle m'a beaucoup émue. «On peut toujours accueillir un ami dans son cœur. Le cœur aussi est un pays.»
L'auteure a une belle écriture, la lecture est prenante; une fois entamé, j'ai eu du mal à lâcher ce livre avant la fin.
«[...] Qu'est-ce que tu vas en faire de ta vie, toi ? Tu n'as même pas choisi de métier ! celui de ton mari te suffit. Cause donc, va ! et donne des leçons aux autres ! J'attendrai pas pour être libre, moi, quand je serai grande !
Il y a des pays
Où les filles sont heureuses
De vivre libres
De travailler
Et de savoir
Moi ma sœur choisit
L'étroite place
Où les femmes
Attendent
Que les hommes
Rentrent
Personne n'a le droit d'être le maître de quelqu'un d'autre.
On dit encore des races. Un jour peut-être on ne le dira plus, peut-être seulement on parlera des gens et ce sera doux.

Et j'ai su, ce jour-là et pour toujours, que même avec Quatre-Routes, on peut découvrir un chemin.»

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