mardi 18 août 2020

La tente rouge ★★★★☆ de Anita Diamant

« Mon nom ne vous dit rien. Mon souvenir est poussière. Ce n’est ni votre faute, ni la mienne. La chaîne reliant mères et filles s’étant rompue, la transmission de la saga familiale incomba alors aux seuls hommes. Comme ils ignoraient tout de moi, je suis devenue une note en bas de page. Ma vie n’est qu’une parenthèse entre l’histoire bien connue de Jacob, mon père, et la célèbre chronique de Joseph, mon frère. Les rares fois où l’on se souvient de moi, c’est en tant que victime. Presque au début de votre livre saint, on trouve un passage qui semble indiquer que j’ai été violée, la suite est le récit sanglant de la façon dont on a vengé mon honneur. »
Un livre, qui a connu un grand succès, mais dont je n'avais pas entendu parler, et que je n'aurais jamais lu, je pense, si on ne me l'avait pas prêté. 
Je ne connaissais pas le passage de l'Ancien Testament qui relate le viol de Dina, fille de Jacob, puis la vengeance des frères. Dina y est silencieuse, et son histoire, une parenthèse insignifiante. L'auteure a décidé de remédier à cet épurement et donne, dans La Tente rouge, la parole à Dina et aux femmes de sa tribu.  
Une histoire fascinante, belle, passionnante, tragique. 
Un roman bouleversant d'humanité, qui met en exergue la sororité, ces liens forts qui unissent les femmes entre elles, des liens sacrés, ineffables. 
C'est sous la tente rouge que les femmes se retrouvent et se reposent, toutes ensemble pendant leurs règles, à l'écart des hommes, où elles accouchent, où elles célèbrent la puberté des jeunes filles, un lieu de rituels qui symbolise leur union, leur sagesse, leur force, leur puissance, un lieu empreint de compassion et d'amour.
Une très belle découverte, merci Isa !

« Pour comprendre une femme, il faut d'abord l'interroger sur sa mère, puis écouter attentivement. Si elle vous parle de nourriture, cela indique de très bons rapports. De mélancoliques silences témoignent de problèmes non réglés. Plus une fille connait de détails sur la vie de sa mère et les décrit ouvertement, sans geindre, plus elle est forte. »

« Je me demande si mes premiers souvenirs sont vraiment les miens. Quand il remontent à la mémoire, je sens le souffle de ma mère sur chacun d'eux. »

« La grande mère que nous appelons Innana donne à la femme un cadeau inconnu de l'homme : le secret du sang. Le flot qui coule à la nouvelle lune, le sang curatif de la naissance de la lune. Pour les hommes, cela ne représente qu'excrétion, mauvaise humeur, gêne et douleur. Ils croient que nous souffrons et considèrent qu'ils ont de la chance de ne pas en être affligés. Ne les détrompons pas. Dans la tente rouge, on connaît la vérité. Dans la tente rouge où les jours s'écoulent telle une rivière tranquille tandis que le don d' Innana parcourt notre corps, le purifiant de la mort du mois précédent, le préparant à recevoir la vie du mois suivant. Les femmes lui rendent grâce : pour le repos, le rétablissement, l'assurance que la vie provient d'entre nos jambes et que la vie coûte du sang. »

« Dans la tente rouge, on connaît la vérité. Dans la tente rouge où les jours s'écoulent telle une rivière tranquille tandis que le don d'Innana parcourt notre corps, le purifiant de la mort du mois précédent, le préparant à recevoir la vie du mois suivant. »

« Ne crains rien, l'heure a sonné.
Ne crains rien, tes os sont solides.
Ne crains rien, l'aide arrive.
Ne crains rien, Gula est près de toi.
Ne crains rien, le bébé est à la porte.
Ne crains rien, il vivra pour t’honorer.
Ne crains rien, la sage-femme est habile.
Ne crains rien, la terre est au-dessous de toi.
Ne crains rien, nous avons de l'eau et du sel.
Ne crains rien, petite mère.
Ne crains rien, notre mère à tous. »

Quatrième de couverture

1 500 av. J.-C., aux confins du désert.

Dina, la seule fille de Jacob, un puissant patriarche, vit dans l'ombre de la tente rouge, cet endroit interdit aux hommes où les femmes de la tribu échangent secrets et rites ancestraux. Ainsi goûte-t-elle, très jeune, aux fruits défendus : une liberté et une indépendance inimaginables au temps de la Bible.

Devenue femme à son tour, Dina succombe aux délices de l'amour et se donne à Shalem, l'homme qu'elle aime, bravant ainsi les interdits de son clan. Cela, les fils de Jacob ne peuvent l'admettre. Par une nuit d'épouvante, le destin de Dina bascule.

Pour survivre, elle est contrainte de se réfugier en Égypte, et d'enfouir dans sa mémoire les secrets de sa jeunesse. Parviendra-t-elle un jour à vivre pleinement ?

« Ce livre célèbre les femmes et les filles, ainsi que les mystères de la vie. » 
Los Angeles Times

Éditions Charleston, janvier 2016
412 pages
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Lisa Rosenbaum 
Parution française originale sous le titre La Fille de Jacob, aux éditions Robert-Laffont, 1997  

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