Editeur : Le Livre de Poche (2012)
416 pages
416 pages
Editeur d'origine : Le Masque
Prix Cognac 2006
Résumé éditeur
Dès le premier meurtre, épouvantable et déroutant, Camille Verhoeven comprend que cette affaire ne ressemblera à aucune autre. Et il a raison. D’autres crimes se révèlent, horribles, gratuits… La presse, le juge, le préfet se déchaînent bientôt contre la « méthode Verhoeven ». Policier atypique, le commandant Verhoeven ne craint pas les affaires hors normes mais celle-ci va le placer totalement seul face à un assassin qui semble avoir tout prévu. Jusque dans le moindre détail. Jusqu’à la vie même de Camille qui n’échappera pas au spectacle terrible que le tueur a pris tant de soin à organiser, dans les règles de l’art.
Mon avis ★★★★☆
Waouh ! Quel final époustouflant !
Le personnage du commandant Camille Verhoeven est novateur et absolument pas banal, il ne mesure qu'un mètre quarante cinq ! Il est jeune commandant, gnome de la PJ, petit troll prétentieux et amoureux ...tiraillé entre son travail prenant, cette enquête absolument déroutante dans laquelle il va se retrouver impliqué (mais chut, je n'en dis pas plus) et sa vie privée, sa vie de jeune couple auprès d'une femme aimante et conciliante. J'ai beaucoup aimé son sens de la répartie, et son humour, dans la première partie du roman.
L'intrigue est excellente : un meurtrier, complètement dingue, un véritable pervers s'inspire de scènes de romans policiers pour accomplir ses assassinats, ce qui fait aussi de ce thriller un très bel hommage aux classiques de la littérature policière. L'auteur cite de nombreuses références dont les très grands "American Psycho", "Dahlia Noir", "De sang froid" ou encore "Nécropolis"( ce dernier écrit par Liebermann que je vous conseille au passage vivement, c'est un chef-d'oeuvre), et bien d'autres, que je vais m'empresser de rajouter à ma PAL comme par exemple : Le Crime d'Orcival d'Emile Gaboriau, Laidlaw de William McIlvanney, Le Meurtre de Roger Ackroyd ...
"Le roman policier a longtemps été considéré comme un genre mineur. Il aura fallu plus d'un siècle pour qu'il acquière droit de cité dans la "vraie" littérature.Sa longue relégation au rang de "paralittérature" répond à la conception que lecteurs, auteurs et éditeurs se firent longtemps de ce qui était censé être littéraire et donc à nos usages culturels, mais aussi, croit-on généralement, à sa manière même, à savoir le crime. Cette fausse évidence, aussi ancienne que le genre lui-même, semble ignorer que meurtre et enquête figurent en place privilégiée chez les auteurs les plus classiques, de Dostoïevski à Faulkner, de la littérature médiévale à Mauriac. En littérature, le crime est aussi ancien que l'amour".
Certaines scènes sont d'une extrême violence et d'une horreur sans limite, ce sont de véritables scènes de boucherie qui sont par moment décrites. On a du mal à réaliser que certaines ont été d'ailleurs bien réelles, puisque certains romans ont été inspirés de faits réels. Effroyable !
Et d'autres sont empreintes d'humour, comme la scène du constat accablant sur l'enquête qui piétine (p 141).
Je me suis doutée bien trop tôt de la chute, dès le moment où ...stop, je m'arrête là, je risquerai d'en dire un peu trop et de déflorer l'intrigue, ce serait très dommage!; mais finalement, le fait d'avoir deviné la fin, a rendu, très certainement pour moi, ce thriller davantage poignant.
Un petit bémol, la première longue, simple et "plate" (voilà, je l'ai écrit, autant être honnête) partie, mais une fois celle-ci franchie, alors, c'est un rythme haletant qui nous attend, une atmosphère empreinte de stress, d'horreur et d'angoisse. Impossible de lâcher le livre, in fine la nuit fût courte pour moi !
Bonne nouvelle, Pierre Lemaître a donné une suite à ce premier roman avec 2 autres tomes : "Alex" et "Sacrifices".
Hâte de les découvrir.
Citations & Extraits
"Camille passa en revue ces détails, sortit un calepin de sa poche mais l'y replaça aussitôt comme si la tâche était si monstrueuse que toute méthode était inutile, tout plan voué à l'échec. Il n'y a pas de stratégie face à la cruauté. Et pourtant, c'est pour ça qu'il était là; face à ce spectacle sans nom." p27"Ces filles étaient exactement comme cette femme, celle qu'il aimait aujourd'hui. Et elles étaient arrivées un beau jour, quoi, invitées ? Recrutées ? Forcées ? Enlevées ? Payées ? Toujours est-il qu'elles s'étaient fait découper, tronçonner par des types qui avaient seulement envie de découper en morceaux des filles aux fesses blanches et onctueuses, et qu'aucun d'eux n'avait été ému par un seul de leurs regards suppliants lorsqu'elles avaient compris qu'elles allaient mourir, que même ces regards les avaient peut-être excités t que ces filles faites pour l'amour, pour la vie, étaient venues mourir, on ne savait comment, dans cet appartement-là, dans cette ville-là, dans ce siècle où lui, Camille Verhoeven, flic tout ce qu'il y avait de plus ordinaire, gnome de la PJ, petit troll prétentieux et amoureux, où lui, Camille caressait le ventre sublime d'une femme qui était toujours la nouveauté absolue, le vrai miracle du monde." p 72
"Maleval avait dit : "Louis a toujours l'air d'un communiant mais c'est un cachottier. L'aristocratie quand ça se dévergonde, c'est tout de suite l'excès." p 83"Tout le monde connaissait Armand. Sa solidité n'avait aucun équivalent. Un point de suspension dans son discours pouvait être l'équivalent de deux cents heures de travail." p 85
"On jurerait le combat du Bien contre le Mal, disait sa mère. Vois David, ses yeux fous, et chez Goliath, le calme de la douleur. Où est le Bien, où est le mal ? En voilà une grande question..." p 105 (à propos du Goliath tenant la tête de David)"- Votre idée, c'et que le meurtrier de Tremblay a, en quelque sorte, mimé le livre.- Mimé ? demanda Camille. Tu as de ces mots ... Il coupe une fille en deux, la vide de ses entrailles, lave les deux morceaux de cadavre, lui shampouine la tête avant de balancer le tout dans une décharge publique ! Si c'est un mime, heureusement qu'il n'a pas la parole." p 123"L'escalier sentait l'encaustique. Son père avait passé sa vie dans son officine nappée d'odeurs de médicaments, sa mère sentait l'essence de térébenthine et l'huile de lin, Camille avait des parents à odeurs." p 130
"Les relations entre les gens ressemblent souvent à des lignes de chemin de fer. Lorsque les voies s'écartent et s'éloignent l'une de l'autre, il faut attendre un aiguillage pour avoir une chance de les voir reprendre un chemin parallèle." p 152
"- Sur le plan sexuel, quel genre d'homme était-il? demande abruptement Camille.- Un rapide, répondit Mme Cottet, bien décidée à répondre à son agacement. Fulgurant même, si je me souviens bien. Pas tordu. Imagination restreinte. Jusqu'à la simplisterie même. Plutôt buccal, raisonnablement sodomite, que vous dire d'autre...- Je pense que ça suffira...- Éjaculateur précoce.- Merci, madame Cottet...., Merci..."
J'adore Lemaître! Un génie! Il renouvelle le polar et pas seulement... Au revoir là haut est un roman extraordinaire!
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec toi ! J'ai découvert Pierre Lemaître avec "Au revoir là-haut" que j'ai trouvé excellent, et ai été surprise de savoir qu'il était auteur de polars. Prochaine lecture "Alex", j'ai franchement hâte.
Supprimer