jeudi 23 juin 2016

Le restaurant de l'amour retrouvé de Ogawa Ito****

Editions Philippe Picquier, septembre 2013
254 pages
Traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako
Titre original : Shokudô katatsumuri, 


4ème de couverture


Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d’un chagrin d’amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l’art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière. Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies.
Un livre lumineux sur le partage et le don, à savourer comme la cuisine de la jeune Rinco, dont l’épice secrète est l’amour.

Mon avis ★★★★☆


Un livre qui agace délicieusement le palais
Cuisiner avec amour, par amour, pour le plaisir de faire plaisir, de voir des sourires dans les yeux, c'est un peu naturellement ma nature, alors je ne pouvais qu'adhérer à ce joli conte gourmand et délicieux.
Il faut croire en ses rêves, toujours aller de l'avant. Il n'y a pas d'obstacles quand on a l'envie, la passion, la motivation. 
Bravo et merci pour ce beau moment de sérénité et de plaisirs gustatifs, un moment enchanteur, savoureux, épicé, exotique qui laisse une belle et agréable empreinte. Quel bonheur de vous avoir lu.
Une lecture simple, limpide, qui met de la joie au coeur ... elle a pourtant ravivé, chez moi, quelques souvenirs douloureux, mais cela a donné de la puissance à cette lecture. 
J'en retiens une reconstruction courageuse et réussie, une magnifique histoire sur les relations mère-fille, un moment de plaisir intense, magique, et c'est toujours un immense plaisir, presque une nécessité de renouer avec les traditions japonaises, les rituels japonais, être témoin de dialogues purs entre l'être humain et la nature, et réfléchir sur l'impermanence des choses (un des trois piliers de l'enseignement de Bouddha). Je suis prête pour une séance de méditation !

A savourer sans modération !

"Un repas, c'est parce que quelqu'un d'autre le prépare pour vous avec amour
qu'il nourrit l'âme et le corps."

Extraits


"Le kimpira de pétasite du Japon aux prunes séchées, la bardane mijotée avec une bonne dose de vinaigre, le barazushi de riz vinaigré aux petits légumes, le flan salé chawan-mushi au bouillon fondant et goûteux, le flan au lait aux blancs en neige, les gâteaux à la poudre de soja grillé cuits à la vapeur et bien d'autres recettes encore, héritées de ma grand-ère, étaient vivantes en moi." p.34/35

"Je voulais prêter l'oreille à la voix qui venait de mon coeur, celle que moi seule pouvais entendre. C'est ce qu'il fallait faire, j'en étais certaine." p.20

"Le jour où j'ai découvert qu'un simple bol de soupe miso recelait tout un tas de vies - celles des petites sardines et de la bonite séchée, des graines de soja et du levain de riz - j'ai été sidérée." p.23

"Un sentiment de grande sérénité m'a gagnée. Cette fois, j'ai délibérément fermé les yeux. Et c'est ainsi que cette longue journée, qui constituait en elle-même une fin et un commencement et qui, je le découvrirais plus tard, était à marquer d'une pierre blanche, s'est paisiblement achevée". p.53

"Mon restaurant, je voulais en faire un endroit à art, comme un lieu déjà croisé mais jamais exploré." p.59

"L'idée qui m'était venue, à force de me creuser la tête, c'était de traduire l'éventail des émotions avec des plats très sucrés ou très épicés, un menu aux saveurs contrastées, stimulantes. [...]
Je voulais préparer un repas qui, comme la sonnerie d'un réveil, ranimerait ses cellules plongées dans une profonde léthargie, les galvaniserait." p.89

"La magie est un spectacle impromptue" p.149

"Je faisais la cuisine, rien de plus, mais c'était assez pour faire entrer en transe chacune de mes cellules." p.150

"J'avais l'impression de manger non pas des grains de riz, mais l'amour d'une mère." p.160

"Dans la vie, nous sommes impuissants face à certaines réalités [...]. Très peu de choses dépendent de notre volonté, dans la plupart des cas, les événements nous entraînent comme le courant d'un fleuve, ils s'enchaînent sans rapport avec notre volonté sur l'immense paume de la main d'une instance supérieure." p.193

"[...] cuisine pour faire plaisir à ceux qui m'entourent.
De cuisiner pour apporter la joie.
De continuer à rendre les gens heureux, même un tout petit peu.
Ici, dans cette cuisine unique au monde, celle de l'Escargot." p.243



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